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L’étonnant succès parisien des "Dessins du studio Ghibli"

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 27 octobre 2014                      Lien  
Inaugurée le 4 octobre dernier et visible jusqu'au 1er mars 2015, l'exposition "Dessins du studio Ghibli" au Musée d'Art Ludique de Paris qui propose au public 1300 dessins de layout d'animateurs du Studio Ghibli, le studio d'animation japonais d’Isao Takahata et Hayao Miyazaki, ne désemplit pas. Visite d'une exposition-phénomène.

N’ayant pu nous rendre à l’inauguration, nous nous faisions un devoir de visiter l’une des expositions majeures de la scène parisienne actuelle : "Dessins du studio Ghibli" au Musée d’Art Ludique. Ghibli est le studio mythique qui a produit Mon Voisin Totoro, Le Tombeau des lucioles, Le Château dans le ciel, Pompoko, Princesse Mononoké, Mes Voisins les Yamada, Le Voyage de Chihiro, Ponyo sur la falaise, Le Vent se lève ou Le Conte de la Princesse Kaguya, quelques-uns des films qui ont marqué l’histoire du dessin animé japonais et même mondial.

L'étonnant succès parisien des "Dessins du studio Ghibli"
"Princesse Mononoke" de Hayao Miyazaki
Princesse Mononoke © 1997 Nibariki – GND

Annonçant l’exposition de quelque 1300 layouts, c’est à dire ces dessins qui servent de base aux animateurs et aux intervallistes de ces dessins animés, reprenant les plans du film, déterminant l’ambiance des scènes, du décor, la position, l’attitude et l’expression des personnages, les organisateurs nous promettaient de nous faire découvrir "Les secrets du Layout pour comprendre l’animation".

Deux questions nous venaient à l’esprit : Une exposition de dessins de layouts n’est-elle pas horriblement technique, susceptible de n’intéresser que des "professionnels de la profession", des spécialistes de l’animation, écartant impitoyablement le curieux ou le néophyte ? Par ailleurs, 1300 dessins, quasiment au même format, dans le style normalisé de l’animation, ne promet-il pas une overdose au visiteur ?

Notre arrivée à l’entrée de l’exposition mercredi dernier, soit vingt jours après son ouverture, a immédiatement répondu à la première question : il était 14 heures, devant les caisses, une file de plus de 120 personnes attendait d’entrer... Dans le public, des jeunes gens surtout, parfois accompagnés de leurs parents, des passionnés d’animation japonaise, connaissant par cœur la plupart des films montrés. Ils sont donc si nombreux en France ? Apparemment.

Devant l’entrée, une longue file de plus de 120 visiteurs.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD).

Le parcours est un long dédale à la scénographie sobre, seulement ponctuée par des agrandissements de grand format, rarement par des objets, mais aussi par quelques écrans. Si les cartels semblent peu diserts, l’audioguide en deux langues (français et anglais), exerce avec talent un travail d’explication et de contextualisation pour chacune des près de 40 étapes proposées.

Et ceci répond à la deuxième question : le public visé, en particulier les adolescents et les jeunes adultes, pas connus pour être très patients, est-il conquis ? Là aussi, nous avons pu constater le feed-back positif : il ressort passionné par ce qu’il a vécu, par la découverte des secrets et des techniques d’une réalisation dont ils n’avaient goûté jusqu’ici que la magie finale. Mieux : l’envie leur prend de voir au plus tôt des films qu’ils avaient jusqu’ici ignorés, par exemple ceux d’Isao Takahata ou de Gorō Miyazaki, quand ils ne connaissaient que ceux d’Hayao Miyazaki...

"Le Château ambulant" de Hayao Miyazaki
Howl’s Moving Castle © 2004 Nibariki – G
"Le Voyage de Chihiro" de Hayao Miyazaki
Spirited Away © 2001 Nibariki – GNDDTM

Ce succès consacre la vision de Diane & Jean-Jacques Launier, les fondateurs du Musée d’Art ludique. Ces créateurs de la galerie Arludik à Paris ont misé sur une nouvelle façon d’appréhender les arts graphiques en s’intéressant aux dessins issus de l’Entertainment : la bande dessinée, le jeu vidéo, les mangas, le film d’animation et le cinéma.

Une approche que Jean-Jacques Launier a même théorisée dans un ouvrage de référence : Art ludique (Sonatine éditions). "Nous appelons Art Ludique le courant artistique pictural qui traverse les disciplines de la bande dessinée, de l’animation, du jeu vidéo et de l’illustration. La bande dessinée y contribue donc tout à fait, les pionniers de la BD peuvent même en être considérés comme les pères fondateurs de l’Art ludique !" nous témoignait même Jean-Samuel Kriegk, coauteur de ce livre.[...] pour les grands artistes d’aujourd’hui, l’univers graphique est plus important que le support par lequel le dessin s’exprime, et le passage d’un média à un autre est complètement naturel. Les grandes créations contemporaines, de Matrix au Chat du Rabbin sont d’ailleurs racontées simultanément sur l’ensemble de ces supports.

Une vision novatrice qui lui a permis de monter au Musée d’Art ludique des expositions majeures comme « Pixar, 25 ans d’animation » et « L’Art des Super-Héros Marvel » et qui trouve aujourd’hui une nouvelle fois une forme de consécration.

"Le Vent se lève" de Hayao Miyazaki
The Wind Rises © 2013 Nibariki – GNDHDDTK
"Princesse Mononoke" de Hayao Miyazaki
© 1997 Nibariki – GND

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

"Dessins du studio Ghibli"

Jusqu’au 1er mars 2015.

ART LUDIQUE-Le Musée

34, quai d’Austerlitz 75013 Paris

Le site de l’événement

 
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3 Messages :
  • Si l’exposition est intéressante techniquement, elle est aussi très belle esthétiquement. L’animation est un art du temps. Ici, c’est un plaisir de pouvoir s’arrêter sur une expression de visage, l’atmosphère d’une forêt profonde, un détail d’architecture. Notons que quelques-uns de ces layout sont de la main de Miyazaki lui-même - une partie des dessins de Princesse Mononoke notamment (comme l’équipe avait pris du retard, Miyazaki a décidé de se passer de l’étape du story board et de passer directement au layout).

    J’en profite pour dire que les films du studio Ghibli, comme les anime japonais en général, sont encore mal perçus en Belgique. Pour voir Le vent se lève, le dernier Miyazaki, à Bruxelles, il fallait débloquer un mercredi après-midi, un samedi ou un dimanche en journée, des horaires adaptés aux... enfants. Dans le cinéma où je l’ai vu, il était d’ailleurs vendu "à partir de six ans". Dans la salle, nous étions quatre, moi, une mère et ses deux enfants. Autant dire que les gamins étaient très remuants ; difficile pour eux de se concentrer sur un mélodrame de deux heures ! Il faut rappeler qu’une grande partie des anime sont plutôt destinés à de grands adolescents ou à des adultes mais que chez nous, en Belgique, dessin animé reste associé à enfance. Beaucoup de chefs d’oeuvre n’arrivent donc pas à trouver leur public ici.

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    • Répondu le 29 octobre 2014 à  13:40 :

      Je confirme .Il est resté très peu de temps à l’affiche, à Bruxelles, 2 séances peut-être au festival Anima et c’est assez incompréhensible.Les vrais mordus d’animation japonaise (qui m’ont communiqué leur virus) je les ai rencontrés en France, dans le milieu cinéma art et essai. "Mon voisin Totoro" est resté pendant des années à l’affiche du cinéma studio des ursulines le mercredi après-midi pour les mordus,enfants et adultes.

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      • Répondu par RD le 29 octobre 2014 à  15:50 :

        Oui, du coup, ce n’est pas si étonnant de voir la foule se presser à cette expo parisienne. A noter que selon le catalogue (magnifique - il reprend l’intégralité des dessins exposés), cette exposition tourne au Japon depuis 2008, a fait une incursion en Corée et à Hong Kong il me semble. La France est le premier pays hors-Asie a l’accueillir.

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