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L’extraordinaire Perroquet de Tardi, Boujut et Stanislas !

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 20 juin 2011                      Lien  
« Le Perroquet des Batignolles » est une des bonnes surprises de cette année dans un paysage éditorial marqué par un repackaging incessant des valeurs « sûres » qui en oublie néanmoins les bonnes vieilles recettes du passé. Heureusement, des artisans comme Stanislas, Tardi et Boujut n’ont rien oublié.

Que cette série porte la marque de Tardi, on ne peut le nier. Ou plutôt celle de la tradition dont il est issu : le feuilleton populaire auquel il rendait hommage dès les premières cases d’Adèle Blanc-Sec ou encore dans Le Démon des glaces, cette révérence à Jules Verne. Ici, c’est Rouletabille en quelque sorte le paradigme et la Maison de la Radio est, pour les auteurs, un autre Opéra habité de fantômes. Nos protagonistes cherchent des objets qui, mis ensemble, permettent de reconstituer un message, comme dans Les Enfants du Capitaine Grant, une idée soufflée plus tard par Jacques Van Melkebeke à Hergé pour Le Secret de la Licorne...

À l’origine, il y a un feuilleton radio écrit à quatre mains par le dessinateur Tardi que nos lecteurs connaissent bien et l’écrivain et homme de radio Michel Boujut, (récemment disparu) l’un et l’autre férus de romans populaires. Ils en ont écrit 110 épisodes ! Très vite l’idée vint d’en faire une BD car Boujut y avait goûté en scénarisant un Poulpe (Les Jarnaqueurs, avec Jeanne Puchol, Six Pied sous Terre, 2005) et Tardi la voyait bien mise en cases. Mais il a d’autres grosses machines sur le chantier et pas le temps pour dessiner. Il a donc pensé à Stanislas,, co-fondateur de l’Association que Tardi aime bien, et comme lui en sympathie avec l’école belge. Mais notre jeune dessinateur est embarqué dans d’autres projets dont il ne peut pas se dépêtrer. Il renonce la mort dans l’âme. Mais Tardi est fidèle et patient et lorsque, 11 ans plus tard, Stanislas lui redemande timidement si le projet est toujours d’actualité, c’est oui évidemment. Comme si on l’attendait...

L'extraordinaire Perroquet de Tardi, Boujut et Stanislas !
"Le Perroquet des Batignolles" de Stanislas, Boujut et Tardi : Une bande dessinée qui n’a pas peur du texte.
Ed. Dargaud

Cela donne un album passionnant qui n’a pas peur du verbe où les rebondissements et les personnages se multiplient à chaque détour de page. Dans les décors, on reconnait Paris et ses banlieues, en particulier celles de Neuilly et de Montreuil, mais aussi un petit port de pêche au fin fond de la Bretagne où le dessinateur a passé sa jeunesse. Tout est vrai, observé, sincère, évident.

Dans ce feuilleton conçu pour la radio, le son et les dialogues doivent faire mouche. Stanislas a su assez génialement en rendre la qualité péchue pour entraîner son héros, Oscar Moulinet, 35 ans, preneur de son à France Inter, dans des aventures palpitantes.

On croyait la Ligne claire et la bande dessinée classique vouée aux oubliettes (« La Ligne claire, beurk ! », osait Guy Delcourt, eh bien, il va falloir à nouveau compter avec elle, dans ce qui est une bande dessinée d’auteurs, classique et fière de l’être.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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