Tony Millionaire est de ces dessinateurs qui possèdent une patte inimitable. Un art book de toute beauté vient rendre hommage à son immense talent. Ce grand volume mêle dessins, photographies, et une tonne d’anecdotes plus dingues les unes que les autres sur la vie de cet habitant de Los Angeles. Un livre qui donne une envie irréfrénable de se plonger dans l’oeuvre de l’extravagant américain.
Né en 1956 dans une famille d’artistes de Boston, dans l’état du Massachussets, Scott Richardson se trouve rapidement un nom de plume farfelu. Le jeune homme a de la suite dans les idées, et pas froid aux yeux. A la sortie de l’adolescence, il s’installe au pied des demeures victoriennes des beaux quartiers pour en faire de magnifiques dessins qu’il s’empresse de vendre aux habitants. Bien vite, il rencontre un succès d’estime local, et met à profit ses évidentes prédispositions pour gagner sa croûte. Après quelques péripéties et une rupture amoureuse, il part pour Rome. Fasciné par les plus vieilles ruines de la ville, il croque le Forum antique. Malicieux, Tony invente un stratagème pour piéger les touristes. Il fait semblant d’achever un immense dessin à la plume qu’il vend pour une poignée de dollars (en fait, il se contente de rehausser à l’encre un de ses dessins sérigraphié !).
Des morceaux de vie de cet acabit racontés à la première personne, L’Art de Tony Millionaire en est rempli. Parfois, ces épisodes sont tellement énormes que l’on se demande si l’auteur ne se paie pas notre tête… Mais c’est justement ce qui rend la lecture si jubilatoire.
De retour aux Etats-Unis, il se fait peu à peu connaître comme cartoonist. Il imagine Drinky Crow, un corbeau alcoolique, qu’il voit comme son double. Résident régulier des pages du New York Press, les strips de Tony Millionaire séduisent par leur humour vache et leur dessin méticuleusement grotesque. Maakies, créée en 1994, devient sa série la plus célèbre outre-Atlantique. Dans un style beaucoup plus poétique, il dessine Sock Monkey à partir de ses souvenirs d’enfance dans la vieille maison victorienne de sa grand-mère. Avec pour héros : le singe Oncle Gabby et l’oiseau Mr. Crow, réminiscence en peluche de Drinky Crow.
Formidable portraitiste, il a illustré plusieurs pochettes de disques pour Elvis Costello (qui signe d’ailleurs la préface de l’ouvrage), They Might Be Giants, Heavy Trash,… On lui doit également le graphic novel Billy Hazelnuts, inédit en Europe.
Créateur d’un univers étrange et mélancolique, Millionaire est à la tête de la ménagerie la plus amusante du panorama des comics américains. L’Art de Tony Millionaire est certainement à la hauteur de sa folie douce.
(par Morgan Di Salvia)
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