Le Soir rapporte ses propos : « L’intégration dans un grand groupe ne doit pas être synonyme d’assimilation et de dilution. Les inquiétudes ont grandi devant une succession d’actes réduisant l’autonomie de Dupuis comme la création d’un comité éditorial visant à uniformiser la rémunération d’auteur, la dissolution du catalogue Dupuis dans l’ensemble de la production du groupe et la remise en cause du rôle laboratoire du journal Spirou ».
M. Van Cauwengerghe, ancien bourgmestre de Charleroi, ancien ministre-président de la Région Wallonne et ancien ministre fédéral des finances, reprend relativement fidèlement l’analyse de Dimitri Kennes, analyse que M. de Saint-Vincent récuse totalement. En outre, il intervient un peu tard. En effet, le ministre Jean-Claude Marcourt avait déjà rencontré le 16 mars dernier les représentants de Média-Participations, et Dimitri Kennes, de même. Les rencontrer une fois encore ne lui apportera rien de nouveau.
Il s’engage, nous dit-on, à provoquer une réunion avec la nouvelle directrice générale -ad interim- des éditions Dupuis, Huguette Marien, pour clarifier la situation. Le ministre belge a raison de s’intéresser au dossier de Dupuis et de son enracinement à Charleroi. Il obtiendra sans doute des garanties de la pérennité de la présence de l’entreprise dans la région.
Il souligne aussi que la Région Wallone n’est pas candidate à faire partie d’un nouvel actionnariat, et rajoute : « Média-Participations n’est pas disposée à vendre Dupuis à qui que ce soit ! ». Cela vient un peu contredire les propos de Dimitri Kennes qui avait affirmé, il y a quelques jours, que la SRIW (société régionale d’investissement wallon) pourrait soutenir sa proposision de MBO. On comprend mieux pourquoi maintenant, cette option semble avoir pris l’eau.
Le Ministre Marcourt rapporte à Daniel Couvreur et Didier Albin du Soir de Bruxelles, avoir reçu la promesse de la part de Média-Participations que l’activité de la maison d’édition sera maintenue et développée à Marcinelle, « tout en maintenant la ligne éditoriale actuelle [...] Mais il faut rester attentif au maintien de la diversité culturelle, y compris à l’intérieur du monde francophone ».
Dans les mêmes pages du Soir, Claude de Saint-Vincent s’insurge contre l’image caricaturale qui est faite d’un groupe Média-Participations qui serait associé à des « capitalistes sanglants ». Dans sa lettre de réponse aux auteurs, il soulignait que le groupe Média pesait 30 fois moins que celui d’Albert Frère, son ancien propriétaire, lequel s’était félicité en son temps auprès de ses actionnaires de la plus-value qu’il avait réalisée.
Le directeur général adjoint de Média-Participations confirme son refus de traiter directement avec Dimitri Kennes, comme le suggéraient les auteurs avec insistance. Dans sa lettre du 29 mars, il confirme sa position avec fermeté : « [Dimitri Kennes] a choisi de partir. De ne plus diriger Dupuis. Puis de s’engager dans une étrange tentative de rachat forcé. Cette opération devrait à tout le moins jeter un doute sur toutes les justifications apportées après coup à son départ. Mais elle rend clairement impossible toute discussion avec lui ».
Il rejette également toute idée de vente -même partielle- des éditions Dupuis. Au Soir, Claude de Saint-Vincent martèle sa conviction. Il faut, dit-il, « que les auteurs et la majorité du personnel commencent à se rendre compte qu’il n’y a rien de sérieux derrière l’agitation des derniers jours ».
Il n’empêche que la nomination de deux nouveaux membres du comité de direction de Dupuis fait du remous à Marcinelle, en particulier auprès du délégué syndical Setca, Alain Rebier, qui les trouverait « trop proches de Paris »... De même, les auteurs devraient commencer à comprendre que d’autres schémas se proposent à eux, dans lesquels aussi bien Dimitri Kennes que Claude Gendrot pourraient ne pas figurer.
L’heure est plus que jamais à l’information et à la concertation, quel que soit le camp dans lequel on se trouve !
(par Nicolas Anspach)
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Image en médaillon (c) Johan De Moor.
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