Mexico en 1923, c’est un peu Montparnasse. Les artistes se perdent dans l’obsession des formes, les écrivains rêvent de textes définitifs, et autour d’eux gravitent de sculpturales créatures peu farouches.
Parmi ces personnages marquants, un jeune écrivain français, Théo, qui nous sert de guide. Tout en lui respire la solitude : sa nationalité, isolée entre les Américains du nord et du sud, son homosexualité fragile, sa plume timide.
Ses souvenirs, ses rencontres, le lecteur les vit à travers plusieurs longs flash-backs, alors que Théo raconte ses malheurs vingt ans plus tard à un chauffeur de taxi, dans un bar louche en pleine nuit.
Entre chronique historique et portrait de groupe, ce premier volume installe une ambiance prenante, profondément sensuelle. Seul un Catalan comme Pellejero semblait en mesure de capter ce type de climat.
Les peintres, photographes, modèles, qui se se croisent, s’aiment, se heurtent, ne se contentent pas de vivre avec un appétit gargantuesque. Ils fourmillent d’idées politiques, rêvent d’idéaux inspirés de l’Union soviétique ou de la république de Weimar.
Outre la finesse des dialogues de Lapière, le scénario dresse un portrait captivant d’artistes comme Diego Rivera, sans omettre les aspects négatifs.
La beauté de Mexico sous les traits de Pellejero, ses couleurs presque figées collent à l’impression onirique qui domine parfois. Et ses contrastes ombre/lumière quasi palpables ont quelque chose d’unique.
(par David TAUGIS)
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