Intrigante, cette « inscription »... Mais dans quel monde Chantal Montellier nous entraîne-t-elle ? Celui d’une société, parfois très proche de la France des années 2000 (vous savez : « Travaillez plus »...), parfois semblable à une époque ancienne, pleine de convenances sclérosantes.
Soit Caroline Montbrasier (initiales CM, ça ne vous rappelle rien ?) et son questionnement lancinant : il faudrait travailler, trouver une place dans la société, montrer sa bonne volonté. Une solution : l’inscription. Une sorte d’entretien personnalisé visant à connaître ses qualités, puis un travail stable... Mais Caroline s’aperçoit qu’on l’a piégée, et que les propositions du rond de cuir de service n’ont rien de respectable. Animatrice de service de téléphone rose. Quelle réussite !
Pour arriver à ce cauchemar loufoque et haut en couleurs, Montellier, fidèle à son inspiration poétique et politisée (Mai 68 est toujours en filigrane), passe par de multiples étapes. L’héroïne navigue du rêve au réel, échange avec des personnages tantôt concrets, tantôt venant de classiques de la littérature. Plusieurs fois, Lewis Carroll fait irruption dans le récit avec ses légendaires personnages de l’univers d’Alice. Régulièrement, le spectre du président français Sarkozy émerge, l’occasion de séquences ironiques bien amenées.
Certes, suivre le fil d’un album aussi dense n’est pas toujours évident. Cependant, les couleurs finement distillées et une mise en page très dynamique et pleine de surprises donnent un joli tonus à L’Inscription.
Et il est assez roboratif de croiser une inspiration d’une telle liberté, joyeusement contestataire et qui proclame sans fausse pudeur son ancrage à gauche.
(par David TAUGIS)
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