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LA CHRONIQUE NARQUOISE DE DIDIER PASAMONIK : Éditeurs au "sourire de squale"...

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 15 août 2012                      Lien  
S'il est une figure qui est très souvent étrillée dans nos forums, c'est bien l'éditeur. Les caricatures le représentent comme un capitaliste en haut de forme sans foi ni loi ou, à l'instar de Franquin ou de Maester, comme un énorme squale toutes dents dehors. Il serait peut-être un peu temps de complexifier cette image d'Épinal. Petit tour d'horizon.

Certes, un éditeur est avant tout un chef d’entreprise. Son talent -car souvent il en a- consiste à fabriquer le succès commercial de ses auteurs, ce qui est aussi mystérieux qu’une potion magique : si la recette en était si simple, tout le monde l’appliquerait. Esquissons une typologie (libre à nos lecteurs de commenter, de rajouter ou de réfuter ces catégories) :

L’accoucheur de talents

"L’attribution qui me plaît le plus est celle qui consiste à découvrir de nouveaux talents, dépister le futur Uderzo [...] qui se cache parmi les dizaines de débutants émus qui défilent dans mon bureau les bras chargés d’esquisses ou de projets. Par intuition, il faut déceler les promesses enfouies sous les traits malhabiles, les mises en pages mal campées, les fautes de perspective et d’anatomie. Et quand on a trouvé la perle rare, il faut l’aider, l’orienter, la forcer à travailler, à corriger ses défauts, ses erreurs après les lui avoir montrés. Il faut surtout soutenir un "jeune" dans ses moments de découragement, quand il compare ses créations à celles de ses glorieux aînés. Car le "don" n’est jamais suffisant. Un dessinateur "se fait" en trois ou quatre ans d’opiniâtreté et de travail décevant, déprimant. Je ne connais pas un seul "grand" de la bande dessinée qui ait échappé à ces années de "vaches enragées" et de coups de cafard."

Ces paroles marquées au coin du bon sens ont exactement 50 ans cette année, et elles méritaient qu’on leur rende hommage. Elles sont de Jean-Michel Charlier, écrites pour un article célébrant le cinquième anniversaire du Journal Pilote et datent d’avant le "Phénomène Astérix", alors que Georges Dargaud qui avait acheté l’hebdomadaire pour un franc symbolique (plus les dettes) s’apprêtait à jeter l’éponge et appelait René Goscinny et Jean-Michel Charlier à son secours, les nommant co-rédacteurs en chef de "L’Hebdomadaire de l’an 2000". [1]

On connaît la suite : la construction d’un vrai catalogue autour d’un noyau de jeunes auteurs (Cabu, Gotlib, Giraud, Mézières, Christin, Brétécher, Mandryka, Druillet...) qui mirent parfois plus de quatre ans à se révéler, et surtout autour du "phénomène Astérix" auquel Goscinny adjoint Le Petit Nicolas, Lucky Luke et Iznogoud...

Des Charlier, il y en a encore aujourd’hui, bien davantage que ce que certains intervenants des forums prétendent. Je connais bon nombre d’auteurs, parfois parmi les plus grands, qui tiennent beaucoup à cet interlocuteur privilégié, à ce "regard" qui souligne "les défauts et les erreurs" de leur travail et sans qui, sans doute, le livre n’existerait pas.

Le tamiseur

Il y a en revanche une autre catégorie d’éditeur que l’on peut comparer à des chercheurs d’or. Ils arrivent en masse dès qu’un Eldorado se déclare. Le tamiseur est un besogneux qui accepte ou rejette les projets, parfois même quand la série est en cours de publication, lorsque les chiffres de ventes ne suivent pas.

Car à la différence de Charlier dans les années 1960, les éditeurs ne se donnent plus "trois ou quatre ans" pour porter un talent à maturation. Comme il y a pléthore de talents, il suffit de les passer au tamis et de garder les plus grosses pépites. Ici, point de propédeutique. Le critère, c’est le succès, point barre. Une vraie source de malentendu car succès et talent ne riment pas forcément.

Parfois, cet homme sans qualité (mais il arrive qu’il en ait, par hasard) peut gagner au Loto, découvrir un filon "qui marche" ou, dans les grandes maisons, viser un "fromage", c’est à dire une de ces bons vieux chantiers qui produisent encore, dont les découvreurs nous ont quitté depuis longtemps et dont il a hérité parce qu’il passait par là et qu’il fallait bien quelqu’un pour l’administrer. On l’a choisi parce qu’il ne fait pas de vague. Sa place est assurée, il va défendre ses "poulains" bec et ongles, non pas pour leur bien propre, car ces situations acquises appellent plutôt à la médiocrité, mais pour préserver son territoire.

Le tamiseur n’est pas forcément sympathique, il oublie parfois d’être modeste. Il a ses "recettes". On se souvient du reproche fait par Raymond Leblanc à Greg, alors tout-puissant rédacteur en chef de Tintin et véritable incubateur de talents, "vous êtes un état dans l’état !" C’est son cas souvent. Quand un éditeur "contrôle" des auteurs à succès, il est intouchable... Du moins jusqu’à ce que "ses" auteurs le lâchent ou lorsque ses actionnaires ont quelqu’un d’autre à placer ! La vie du tamiseur est parfois celle de la Curie romaine, gare aux coups de poignard !

Le maquettiste

On en connaît quelques-uns de ces éditeurs qui prennent la pose en défenseur d’une "certaine idée de la bande dessinée". En réalité, ils savent faire des jolis livres, et c’est déjà pas mal car chez certains "grands" éditeurs, le travail de "préparation de la copie à l’impression" est scandaleusement bâclé, improvisé sur un bout de table entre deux RTT.

Le catalogue de ces esthètes est souvent composé de réimpressions ou de traductions éditées avec plus ou moins de bonheur. Les créateurs y accèdent par copinage, parce que, magnanime, l’éditeur-esthète les aura, comme sur Facebook, acceptés comme "amis". Le bouquin sera proprement édité, c’est déjà ça, et constituera pour l’impétrant une bonne carte de visite.

Au bout de dix ans, parfois vingt ans, le maquettiste qui jusque là survivait chichement, souvent grâce aux subventions publiques, finit par décrocher le gros lot. Il voit ses caisses remplies pour la décennie suivante. Il ne reste plus qu’à gérer son "aura", à s’inscrire dans l’histoire avec force attitudes, pamphlets et expositions. Cela impressionne les nouveaux arrivants, mais ils ne restent pas longtemps dupes.

Le Fan Boy

Le Fan Boy est sincère, il aime la bande dessinée depuis toujours. Ancien fanzineux, il est maintenant "professionnel" mais il mène le train de vie d’un étudiant dans une chambre de bonne piétinant au seuil de la vie active.

L’édition n’est d’ailleurs pas son "vrai" métier, le fan boy est souvent un multicarte : il est prof, animateur social, maquettiste (cf. la catégorie précédente), journaliste, auteur même et constitue quelquefois une association de Loi 1901 qui organise avec plus ou moins de bonheur des festivals et des expositions. Aucune raison de le mépriser : disposant parfois d’un vrai talent -car il sait reconnaître un potentiel- le Fan Boy finit par être recruté par un grand éditeur, quand il ne meurt pas au champ d’honneur, rejoignant le grand cimetière des éditeurs indispensables.

Le commercial

Le commercial est un bon gestionnaire, un arbitragiste-né, mais ne lui demandez pas d’être romantique ou empathique. Son secret ? Il sait s’entourer. Le terrain, il le connaît, il l’arpente depuis des années, il en a évalué chaque point de vente. il est parfois lui-même un ancien libraire ou un ancien représentant. Son expérience, il l’a acquise le plus souvent en passant dans une grosse boîte. Ou alors il s’est adjoint un directeur commercial qui a des années de maison. Il repère les fans boys (voir la catégorie précédente) qui se sont plantés avec plus ou moins de splendeur, les évalue avec le savoir-faire d’un maquignon et repère surtout les auteurs qui, dans son catalogue, peuvent être facilement boostés jusqu’à un niveau rentable. Il a retenu la leçon de Georges Dargaud récupérant Charlier et Goscinny : il nomme souvent des auteurs directeurs de collection, voire éditeurs. Autour d’eux s’agglomèrent des tribus, des générations, des affinités, mais qu’on ne s’y trompe pas : c’est le commercial qui contrôle. Vendeur émérite, le commercial sait ménager la chèvre et le chou, gérer les égos, car il détient le vrai secret : celui de générer les bonnes ventes, ce qui pour les auteurs est l’essentiel. C’est pourquoi le commercial réussit souvent dans son entreprise et termine rarement sa carrière dans le besoin.

L’auteur-éditeur

C’est une catégorie qui a existé de tout temps. les plus grandes révolutions de la BD sont souvent le fait d’auteurs. Leur leadership s’appuie sur leur notoriété, sur un savoir-faire qui en impose à ses congénères, parfois même sur un vrai talent. Mais l’auteur-éditeur a intérêt à bien s’entourer, comme ce fut le cas dans le duo Gotlib-Diament, ou alors à faire preuve d’une bonne aptitude à reporter jour après jour la faillite, comme dans le cas de Métal Hurlant. Le plus souvent, c’est le sens de l’histoire, l’auteur-éditeur finit par rentrer dans le rang, afin d’éviter la marginalisation, son label étant repris par une autre boîte comme dans le cas d’Albert René, de Graton éditeur ou de Claire Brétécher.

Évidemment, aucune de ces catégories n’est intangible, un auteur-éditeur peut être un bon commercial, un fan-boy bon maquettiste et vrai découvreur, s’avérer le lendemain un bon gestionnaire de patrimoine pour un gros éditeur... Un requin éditorial peut aussi s’avérer un bon plan pour les poissons-pilotes qui l’accompagnent.

On constatera seulement que cette nomenclature correspond assez peu à l’image du capitaliste au sourire de squale, en général chauve et fumant cigare. En revanche, il existe une catégorie -souvent éphémère- d’escrocs au petit pied qui peuvent s’habiller des mêmes attributs. C’est que nous restons dans le domaine du commerce et, dans celui-là comme dans bien d’autres, il n’y a pas de place pour la naïveté.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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[1Pilote N°187, 25 octobre 1962.

 
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35 Messages :
  • Bien vu les catégories, j’ai reconnu du monde (en particulier le "maquettiste" ahaha !), mais surtout le fan-boy (en forme d’auto-portrait Didier, non ? Surtout quand tu le vois aussi "bon maquettiste et vrai découvreur, s’avérant le lendemain un bon gestionnaire de patrimoine pour un gros éditeur").

    La vraie question est : "comment reconnaitre à quelle catégorie d’éditeur on a à faire avant de signer avec lui ?" (personnellement je passe des coups de fil à des auteurs publiant chez lui, mais ce n’est pas forcément fiable).

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    • Répondu par Alex le 17 août 2012 à  01:49 :

      C’est plutôt la "Chronique Cynique De Mr Pasamonik". Le commentateur omet confortablement de se situer dans ces pochades à la va-vite. Il faut savoir se remettre en question pour atteindre la pleine qualité du "Causeur". Lui-même comme commentateur est pourtant inévitablement une "caricature", cad un catalysateur de tendances dans ce type de monologue. Cela ne ressort pas de ces écrits sous cette rubrique. Et c’est bien trop abscon pour une chronique, la polémique n’en est pas maîtrisée et se résume à qq inside-jokes. Sur un site aussi populaire que celui-ci 95% de vos observations vont pourtant tomber à l’eau car elle sont relayées à vos expériences personnelles, donc relatives. Or en rien vous n’approchez cet aspect. Manqueriez-vous de distance ?

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  • Il n’y a plus beaucoup de gens dans ce métier qui ont un sourire de squale. En imaginant en plus que le squale soit effectivement une espèce de prédateur salaud qui serait plus cruel qu’un lion, un loup ou même une chouette qui pour les mulots est un danger mortel. Ou alors j’ai pas bien regardé.

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    • Répondu le 22 août 2012 à  19:50 :

      Non, c’est vrai, les gens ( et pas seulement les auteurs ) qui vivent à peu près bien de la bd et pour qui ça va bien ne voient que rarement le problème...

      Les paiements qui n’arrivent qu’après x demandes, les questions sans réponses pendant des mois, les relevés inexistants, les albums pas mis en place, les suites promises et signées qui ne verront jamais le jour ou en divisant les avances par deux,etc... tout ça n’arrive jamais, on l’invente, et aucun éditeur ne serait capable de ça...ou alors j’ai pas bien regardé.

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      • Répondu par Sergio Salma le 22 août 2012 à  22:37 :

        Aïe , encore ce fameux malentendu. D’abord, la chronique est narquoise ma réponse aussi. Et puis faut pas croire, c’est pas parce qu’on est dans le métier depuis deux décennies ou plus que le souci est résolu. On est au taquet très souvent, tous. Exceptés quelques-uns.

        Non, c’est vrai, les gens ( et pas seulement les auteurs ) qui vivent à peu près bien de la bd et pour qui ça va bien ne voient que rarement le problème...

        Les auteurs qui se préoccupent du sort réservés aux plus fragiles sont souvent des personnes qui en vivent correctement. La question n’est pas là et je comprends que vous m’ayez mal lu.

        Les paiements qui n’arrivent qu’après x demandes,
        Etes-vous sûrs que ces situations insupportables soient le fait d’éditeurs au sourire de squale ? Je n’ai pas indiqué que tout était rose ; j’ai justement insisté sur le fait que l’économie de la bande dessinée est bousculée et que tout le monde serre les fesses. Il n’y a pas d’un côté les gros éditeurs cigare de requin et les pauvres auteurs dans la lose totale. Il y a pas mal de tensions, de malversations peut-être. Mais si le joint entre un auteur et un éditeur est de cet ordre, il faut se poser des questions autres . Etes-vous avec le bon partenaire ?

        les questions sans réponses pendant des mois,

        ça relève du même souci. Si vous êtes sur une liste d’auteurs qui sont pas "rentables" forcément vous passez au second plan dans une boîte qui a elle-même des soucis... j’imagine ( mais je me trompe peut-être) que tout le monde fait son maximum. Vous pensez sincèrement que le but d’un éditeur serait de pinailler si la machine tournait correctement ?

        les relevés inexistants
        toujours le même problème. Vous avez des recours légaux. Mais vous êtes sans doute en face d’un éditeur qui est lui-même mal embarqué. Editeur ou directeur éditorial dans une maison.

        les albums pas mis en place

        Vous n’avez pas encore étudié le processus complexe du monde de l’édition. J’espère que vous êtes nouveau dans le métier et donc ces subtilités vous échappent. On a tous à déplorer une mauvaise mise en place. mais vous êtes-vous demandé QUI s’occupait de cette machinerie ? Vous avez signé pour un bouquin, une série. A ce moment, l’éditeur se lance. Le livre fini, on a passé les pré-commandes puis les commandes. Il peut se passer 2 ans entre la signature et la mise en place. On peut se rendre compte que le travail fourni est autre, l’éditeur va lui aussi déplorer que les représentants, les libraires en fin de compte ont commandé 1000 ex là où il espérait en placer 5000. Les places sont chères et tous les éditeurs du monde voudraient bien placer ces 5000 ex et même plus. Mais vous aurez remarqué que la situation globale peut se détériorer ou du moins évoluer pendant ces fameux 2 ans. Donc il peut y avoir des catastrophes. Pas mis en place , faute de l’éditeur de n’avoir pas poussé ou faute de l’éditeur de vous avoir signé ?

        , les suites promises et signées qui ne verront jamais le jour

        si l’album que je viens de faire se vend à 467 exemplaires je ne veux pas faire le deuxième. Si c’est le tome 2 je veux pas faire le tome 3. A quoi bon ? Et en tant qu’auteur je ne comprends pas votre intérêt à vouloir vous enfoncer dans ce rôle. L’éditeur de bonne foi a tenté le coup ; ça coince il laisse tomber. Vous serez sur une mauvaise liste ; ah lui, il a fait 467 exemplaires et donc pour le tome 2 ou tome 3 au lieu de prendre les 5000 ex en dépôt je vais en prendre 467 dira le réseau de librairies. A quoi bon ? Non, le métier d’éditeur n’est pas de vous fournir la possibilité de vivre 6 mois de votre travail. Enfin, oui, c’est un peu ça aussi mais votre association fonctionne aussi sur d’autres éléments.

        ou en divisant les avances par deux,

        il est grand temps d’aller voir ailleurs, de pondre un nouveau projet, de faire mieux et avec des personnes qui croiront en vous.

        etc... tout ça n’arrive jamais,

        où ai-je parlé d’un monde idéal ? Didier Pasamonik s’amuse avec des clichés ; je lui réponds que dans ma propre expérience et mes observations(qui valent ce qu’elles valent), je vois beaucoup d’éditeurs dans de grandes structures qui on eux aussi un cahier des charges et qui eux aussi se plantent. Ils n’ont pas de sourire de requin, ils rient peut-être un peu jaune même car les temps sont bousculés. Un directeur de collection est aussi sur un siège éjectable souvent. Et évidemment je ne parle pas de dizaines de micro-structures qui sont extrêmement fragiles et qui feront qu’un flop inattendu va déséquilibrer les finances pendant des mois ; si vous -même vous êtes dans les projets en cours de réalisation, vous allez écoper, c’est inévitable.

        on l’invente,

        vous êtes énervé et je comprends que vous vous moquiez mais mon intervention n’allait pas dans ce sens. Et c’est plutôt un sentiment général diffus qui se dégage, un malaise dans les "deux camps".

        et aucun éditeur ne serait capable de ça...ou alors j’ai pas bien regardé(...)

        si, il y a un certainement de mauvais gestionnaires mais il y encore plus de chances que ce soit des gens dépassés ou en tout cas, même s’ils sont riches, dans une passe qui sent le sapin. A nous, auteurs, de ne pas tomber dans la caricature. L’article se dit bien "narquois". Il n’est pas cynique. Il faudrait d’ailleurs, comme indiqué dans l’introduction, compléter la galerie de portraits d’éditeurs. les plus nombreux sont dans des petites structures qui les rendent encore plus vulnérables que certains auteurs.

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        • Répondu par Philippe le 23 août 2012 à  11:06 :

          Les auteurs qui se préoccupent du sort réservés aux plus fragiles sont souvent des personnes qui en vivent correctement.

          Mais en fait j’aimerais bien savoir, moi, quels auteurs se préoccupent des plus fragiles. Quelles actions ont été menées depuis, disons, les 5 dernières années pour inverser la tendance de la paupérisation ? Il y a bien eu une action du Syndication de la BD ; mais elle s’est heurtée au mur/ à la sourde oreille des éditeurs (qui sont très gentils malgré tout, hein, je ne voudrais pas dénigré). Bon. Et ensuite ? Il s’est passé autre chose que des tours de tables pour dire que ohlàlà ça va pas ? Il y a Van Hamme qui a ouvert un resto du coeur pour auteurs en déshérence ?

          Les paiements qui n’arrivent qu’après x demandes, Etes-vous sûrs que ces situations insupportables soient le fait d’éditeurs au sourire de squale ?

          C’est du à qui, sinon ? Ma belle mère ?

          Il y a pas mal de tensions, de malversations peut-être. Mais si le joint entre un auteur et un éditeur est de cet ordre, il faut se poser des questions autres . Etes-vous avec le bon partenaire ?

          Peut être que les auteurs dans cette situation ont essayé de fourguer 256 projet à 367 éditeurs, qu’il y a eu un seul projet de sélectionné par un seul éditeur, et que maintenant ces auteurs essayent de s’accrocher à cette situation précaire à défaut d’autre chose... Peut être qu’il n’y a pas beaucoup d’auteur qui ont le choix du "partenaire". Peut être, hein...

          les albums pas mis en place
          Vous n’avez pas encore étudié le processus complexe du monde de l’édition. J’espère que vous êtes nouveau dans le métier et donc ces subtilités vous échappent. On a tous à déplorer une mauvaise mise en place. mais vous êtes-vous demandé QUI s’occupait de cette machinerie ? Vous avez signé pour un bouquin, une série. A ce moment, l’éditeur se lance. Le livre fini, on a passé les pré-commandes puis les commandes. Il peut se passer 2 ans entre la signature et la mise en place. On peut se rendre compte que le travail fourni est autre, l’éditeur va lui aussi déplorer que les représentants, les libraires en fin de compte ont commandé 1000 ex là où il espérait en placer 5000. Les places sont chères et tous les éditeurs du monde voudraient bien placer ces 5000 ex et même plus. Mais vous aurez remarqué que la situation globale peut se détériorer ou du moins évoluer pendant ces fameux 2 ans. Donc il peut y avoir des catastrophes.

          Alors je précise que je ne suis pas la précédente personne à laquelle Sergio Salma répondait, néanmoins, quand même, le petit côté méprisant "dis donc coco tu n’y connais rien, c’est pour ça que tu n’aimes pas les éditeurs"... Bref. Ensuite, sur le coup de "il se passe 2 ans entre la signature et la mise en place", alors je dis oui, mais je dis aussi "il se passe TOUJOURS 2 ans entre la signature et la mise en place". C’est une des composantes principales du métier d’éditeur, et anticiper les 2 ans, c’est un des boulots principaux des éditeurs. Et ne pas le faire est un des torts principaux des éditeurs.

          Pas mis en place , faute de l’éditeur de n’avoir pas poussé ou faute de l’éditeur de vous avoir signé ?

          Oui, bin faute de l’éditeur quand même, quoi.

          les suites promises et signées qui ne verront jamais le jour
          si l’album que je viens de faire se vend à 467 exemplaires je ne veux pas faire le deuxième.

          Pour moi, ce cas est symptomatique d’autre chose. Dans un sens : si l’auteur rend les planches en retard, par exemple (enfin, sauf si c’est Sfar au Arleston, faut pas déconner non plus), il se fait réduire ses avances sur le prochain album, comme sanction, pour non respect du contrat, patati. Dans l’autre : l’éditeur fait ce qu’il veut du contrat. ça montre juste le déséquilibre colossal entre l’auteur qui se fait balader et l’éditeur qui se balade.

          je vois beaucoup d’éditeurs dans de grandes structures qui on eux aussi un cahier des charges et qui eux aussi se plantent. Ils n’ont pas de sourire de requin, ils rient peut-être un peu jaune même car les temps sont bousculés.

          Ok, donc vous dites grosso modo qui si un éditeur fait n’importe quoi avec ses auteurs, c’est juste qu’il est incompétents. Pourquoi pas.

          Et évidemment je ne parle pas de dizaines de micro-structures qui sont extrêmement fragiles et qui feront qu’un flop inattendu va déséquilibrer les finances pendant des mois

          On utilise toujours le cas particuliers des mico-éditeurs pour essayer de justifier de manière générale que le boulot de l’éditeur, hàlàlà ma brave dame, c’est compliqué. C’est quand même un cas particulier. L’énorme majorité des albums sont produits "mainstream". Et d’ailleurs, les auteurs micro-édités ne sont pas fous, ils savent bien qu’ils ne seront presque pas payés.

          Et c’est plutôt un sentiment général diffus qui se dégage, un malaise dans les "deux camps".

          Je suis entièrement d’accord. Ce qui me surprend toujours dans le "milieu" de la BD, c’est que ce malaise est sans arrêt nié. Si on écoute les éditeurs, tout va bien. Alors qu’il est évident que la BD est en crise, et que tout le monde attend le "Big one", la secousse qui fera tomber le château de carte, sans savoir quand elle arrivera.

          si, il y a un certainement de mauvais gestionnaires mais il y encore plus de chances que ce soit des gens dépassés ou en tout cas, même s’ils sont riches, dans une passe qui sent le sapin.

          Encore une fois, je suis entièrement d’accord. Je suis aussi d’accord pour dire que les temps sont durs, et que les éditeurs font ce qu’ils peuvent, et que toutes les situations compliquées vis-à-vis des auteurs sont expliquables par le "facteur humain". Ok. Ce que je reproche en fait aux éditeurs (mainstream) (euh, non, pour le coup, à tous les éditeurs), c’est d’avoir effectivement été d’atroces gestionnaires. Ils ont géré leur catalogue au jour le jour. Ils se sont laissé piégés comme des grands par leurs actionnaires (alors qu’avant ils étaient tous des groupes familiaux qui n’était pas sujets à ce genre de situation, bon, d’accord, c’était il y a des lustres) pour avoir des croissances à deux chiffres et alors on rogne sur l’impression, et alors on fait des feintes entre croissance, bénéfices et volume produit, et alors on tape un peu, quand même, sur les auteurs. Vous parliez du problème de devoir anticiper le marcher sur 2 ans. Pour moi, c’est symptomatique : un éditeur devrait anticiper le marcher. (Concernant les petits éditeurs, il faudrait plutôt écrire : se faire piéger par leur "vison" et leurs choix éditoriaux tout pourris. (Et ne pas tenir compte du marcher non plus.))

          Je ne reproche pas aux éditeurs de faire ce qu’ils peuvent dans la situation actuelle avec les moyens du bords. Je reproche aux éditeurs d’être plutôt d’accord avec le fait que "faire ce qu’ils peuvent" revient entre autre à traiter l’auteur comme une espèce de sous-prolétariat, une variable dans la machine économique.

          Mais finalement, plus que tout, je reproche aux éditeurs d’avoir très largement contribué à la création de cette situation moisie par des choix économiques et éditoriaux super mauvais. Et de ne pas l’assumer. Et donc de ne rien faire pour que ça change. Et d’être un peu mauvais dans leur boulot quand même ; parce que je suis méchant.

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          • Répondu par Sergio Salma le 23 août 2012 à  15:27 :

            Et ce qui a été produit depuis 10 ans dirons-nous est donc du simple fait des éditeurs. Pas d’auteurs dans votre équation ? Puisque vous êtes méchant avec moi, je boude.

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            • Répondu le 24 août 2012 à  09:26 :

              Mais enfin, ce sont les éditeurs qui éditent non ?! Si on leur propose un projet et qu’ils le signent, tout doit être fait pour que l’album se vende et que l’auteur n’ait pas à subir je ne sais quels tracas non ?
              Sinon il vaut mieux lui dire non et basta. Ou alors c’est un incompétent. Et quel tracas il subira lui ? Un auteur qui vend 500 ex, on arrête sa série ou on ne veut plus d’autre projet, mais l’éditeur qui l’a signé, il lui arrive quoi à lui ?

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              • Répondu par Sergio Salma le 24 août 2012 à  20:56 :

                Puisque vous savez que tous les auteurs ne sont pas logés à la même enseigne, pourquoi ne prenez-vous pas la peine de voir que tous les éditeurs ne le sont pas non plus ? Je connais plusieurs de ces petits éditeurs et le drame c’est que vous ne vous rendez pas compte que pour certains vendre 500 ex c’est une catastrophe . Evidemment. Vous êtes très amusant en excluant les auteurs ."Tout doit être fait" ...c’est exceptionnel votre raisonnement. Je ne défends pas les éditeurs, je suis auteur je vous ferais remarquer et on m’a aussi stoppé une série ou l’autre ; un éditeur qui n’arrive pas à vendre une série est donc un incompétent. Et si ce même éditeur vend une autre série , ça s’annule ? Ce qui serait bien c’est de définir aussi (dans sa chronique narquoise) le mot "éditeur". S’il y a l’éditeur, grosse entité, il y a l’éditeur, le directeur éditorial ( il porte les 2 noms c’est étrange). Cet éditeur a des comptes à rendre et il a une marge de manoeuvre à négocier. L’auteur donc qui ne vend pas ses 500 exemplaires ne peut donc pas être considéré comme incompétent ? Il n’a aucun reproche à se faire ?! Il ne doit pas mûrir un nouveau projet ? Réfléchir ? Non, il a signé DONC si ça se vend pas c’est la faute à l’éditeur. Puisque vous avancez des énormités, je réponds dans la même logique. Et si vous aviez un peu observé ce qui se passe depuis 5 ans environ, vous auriez vu la valse, les dégâts, les disparitions, les changements dans les organigrammes. Petites ou grandes maisons, ça dénote de turbulences. Et ce sont les risques du métier d’éditeur. A moins que vous n’ayez vu que les auteurs mordre la poussière( ce que je ne nie pas, ils en bavent).

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                • Répondu par Philippe le 26 août 2012 à  23:49 :

                  Le méchant est de retour...

                  Ce que je reproche aux éditeurs, c’est de ne pas vraiment faire de choix... Comme, effectivement, ils ne comprennent pas le marcher ou ce que veulent les lecteurs, ils tirent dans tous les coins avec le maximum de bande dessinées sur le maximum de sujets possibles avec le maximum de types de dessins possibles (enfin, bon, tout est relatif...). Mais du coup, ils n’ont plus le temps pour soutenir telle ou telle bande dessinée qui en vaudrait peut être plus le coup.

                  L’article de la Charente Libre de janvier dernier était symptomatique ce cet aspect des choses (http://www.charentelibre.fr/2012/01/02/bande-dessinee-la-bulle-eclate,1072679.php) : il y avait là des ex-stars des années 90 qui ne vendent plus un cachou. Bon. Donc, ce sont quand même des auteurs qui ont fait leurs preuves. Qui avaient la critique et les lecteurs dans leurs poches. Je ne sais pas, est-ce que c’est leur faute ? Ils se seraient déconnectés de leur lectorat et ils l’auraient perdu ? Ou bien ils seraient moins soutenus par leur éditeurs et leurs anciens lecteurs ne seraient même plus au courant qu’ils publient un nouveau bouquin d’eux ?

                  Si on site Turf dans cet article : « Le premier tirage a été vite épuisé. Le temps de faire réimprimer l’album, les libraires n’avaient plus de place pour le mettre en rayon parce que d’autres albums étaient sortis entre-temps. J’ai dû annuler des dédicaces en avril parce que le bouquin n’était plus en librairie. » 

                  Moi, je ne l’ai même pas vu passé, ce livre.

                  Savoir quelle bande dessinée il faut pousser avant que celle-ci soit faite, c’est sûr, c’est compliqué ; mais savoir quelle bande dessinée est bonne une fois qu’on a les 46 planches - ou au moins une trentaine - dans les mains et qu’on peut juger du scénario et du dessin à la cool, normalement, quand même, ça devrait être possible. Ok, il y a la surproduction, et ce n’est pas bien. Mais il y a surtout que, dans cette surproduction, on n’essaye plus de faire émerger qui que ce soit en fonction de la qualité de son travail. Et, ça, ce devrait être une des préoccupations des éditeurs...

                  Ce n’est pas tellement le boulot de l’auteur de savoir si son travail est bon ou pas, simplement parce qu’il ne sait pas s’il l’est. Il a le nez dans le guidon. Il croit sincèrement que sont travail vaut quelque chose (il ne réécrit pas La ballade de la mer salée, ok, mais, bon, il croit quand même que ça vaut quelque chose). Il le fait du mieux qu’il peut. Bon. C’est bien parce qu’il ne peut pas être objectif sur son travail qu’il a besoin de son éditeur pour le guider / le recadrer / l’envoyer bouler. C’est un des boulots de l’éditeur ça. Et je ne vois pas comment l’auteur pourrait le faire, même avec la meilleure volonté du monde.

                  Répondre à ce message

                • Répondu par Philippe le 27 août 2012 à  00:03 :

                  Mais par contre, moi, ça m’intéresserait énormément de connaître l’avis de tout ces gens dans tout ces bureaux dans toutes ces maisons d’édition. Si certains pouvaient venir ici undercover, anonymement (ou même en signant, s’il y a des têtes brûlées) pour dire ce qu’ils pensent de leur travail et de la situation de l’édition, franchement ce serait assez génial, vu qu’on ne les entend jamais (sauf au travers des discours officiels des maisons d’éditions où tout est super et où tout le monde est une super bande de chouettes copains) (et je me doute bien aussi que c’est assez rare qu’une personne du côté de l’édition vide son sac devant un auteur, forcément, il doit aussi un peu euphémiser).

                  Des commentaires éclairant la situation de l’autre côté de la barrière ? Un sujet complet sur des témoignage ? Rhôlàlà, que ce serait bien...

                  Répondre à ce message

          • Répondu par Doc le 25 août 2012 à  16:06 :

            "revient entre autre à traiter l’auteur comme une espèce de sous-prolétariat"

            Traiter les auteurs ainsi est triste et ne devrait pas être, mais c’est la seule manière pour qu’ils travaillent et rendent leur job à temps sans passer leur temps en récriminations inutiles . C’est malheureux mais c’est un mal nécessaire !

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            • Répondu par Vincent S le 26 août 2012 à  15:04 :

              Ah mais oui, bien sûr, vous avez raison, il faut traiter les auteurs comme de la merde, sinon ils ne bossent pas ces fainéants ! Tout devient clair maintenant !

              Répondre à ce message

            • Répondu par Philippe le 26 août 2012 à  23:56 :

              Bin, du coup, c’est bien une définition assez... euh... disons une définition assez bourgeoise (ok, là, dit comme ça, c’est assez désobligeant, mais c’est juste pour opposer prolétariat et bourgeoisie) du salarié sans conscience qui aurait forcément besoin du patronat pour être mis sur les bons rails.

              Donc, oui, apparemment, les auteurs sont VRAIMENT considérés comme du sous-prolétariat. Au moins, c’est clair et net.

              Répondre à ce message

              • Répondu par Sergio Salma le 27 août 2012 à  21:40 :

                Revenant sur l’intervention qui accuse les seuls éditeurs d’un état général déglingué, je la trouve justement et tristement révélatrice. Celui qui veut défendre les auteurs les déresponsabilise littéralement. Déresponsabilisés dans le sens où ils ne seraient pas responsables de leurs actes, donc complètement dépendants d’une machinerie contre laquelle ils n’ont aucune prise. Déresponsabilisés aussi dans le sens où ils ne seraient pas aptes à un minimum de conscience. Ce qui se publie est le fait d’une association entre un auteur et un éditeur. Un livre qui marche c’est donc , toujours dans cette logique binaire, grâce à l’auteur. Un livre qui ne marche pas c’est la faute à l’éditeur.

                Répondre à ce message

                • Répondu le 28 août 2012 à  13:49 :

                  A priori je suis d’accord avec ça. Mais je dis juste que c’est l’éditeur qui permet que l’album soit publié ou pas.

                  C’est là qu’est le noeud de l’affaire à mon avis.

                  Avant ça ne concerne que l’auteur. Et j’insiste. A partir du moment où l’éditeur le publie, ça veut dire qu’il est d’accord avec ce qu’il y a dedans, il y croit et il est prêt à le défendre. En signant, pour moi, il s’engage à ça.

                  Si la bd marche alors bien sûr, c’est le résultat de leur travail commun. Mais si elle ne marche pas c’est qu’il s’est trompé lui. L’éditeur. Pas l’auteur. Et dans ce cas est-ce qu’il a fait ce qu’il fallait pour défendre correctement cette bd ?

                  Une fois qu’il a signé, et qu’il a fait son boulot de relecture et de conseil et que les pages ont été livrées et validées c’est à lui qu’incombe ce travail il me semble non ?
                  Vous dites que ces propos déresponsabilisent les auteurs mais qu’est-ce que vous voulez qu’il fasse une fois que la bd est sortie et que tout a été validé par l’éditeur ? Il fait ce qu’il peut. Bien souvent il a un blog dans lequel il tient les lecteurs au courant, montre des croquis, des recherches ou que sais-je. Il est dans les festivals, fait des interventions...

                  Pour le reste, ce qui se passe entre les représ, diffuseurs éditeurs, les choix marketing et autre, il y peut quoi ? Quand il ramène sa fraise parce qu’une décision lui semble prêter à discussion on le bazarde gentiment en lui disant qu’il n’y connait rien en business et qu’il doit laissé faire les pros...
                  L’auteur en général comprend très bien qu’un album ne marche pas et que l’éditeur ne veuille pas poursuivre. Mais à ce moment là pourquoi proposer de signer des séries de x albums ?

                  Le truc est signé, il faut s’y tenir. Des deux côtés, c’est tout.

                  L’auteur respecte l’éditeur en faisant ses pages que l’éditeur valide et l’éditeur respecte l’auteur en faisant tout ce qui est en son pouvoir pour que cette bd marche et en respectant le contrat.

                  Comme ça ce serait bien.

                  Répondre à ce message

                  • Répondu par Sergio Salma le 28 août 2012 à  15:08 :

                    Vous êtes drôle à persister dans votre erreur. Prenons d’autres domaines. On lance des milliers d’oeuvres, des livres de toutes sortes, des films, des disques, des jeux. L’éditeur ou le producteur est celui qui investit , l’auteur investit son temps.

                    Le producteur du film ( film intimiste ou grosse machine) fait son job ; campagne de pub, interviews, les médias en parlent, belle couverture, critiques élogieuses mais...le public ne suit pas. il y a 400 films par an et 15 sont des gros succès, quelques dizaines grâce aux reventes et à la télé ne perdront pas de sous mais la grosse majorité se ramassent gravement. Vous n’en entendrez même pas parler très souvent. Il se peut que ces plantages( certains sont célèbres) soient le fait de producteurs qui dans la même année ont un autre gros succès qui sauve la boîte. Comment pouvez-vous oublier , bon sang, qu’il y a un facteur totalement imprévisible ? D’où sortez-vous cette ineptie qu’un auteur qui a fini son livre ne puisse pas s’être trompé ? Ça voudrait dire qu’il ne doit surtout pas évoluer, réfléchir !?

                    Au contraire, l’échec conjoint de l’éditeur et de l’auteur( échec commercial s’entend) doit les pousser tous les deux à repenser leur travail (s’ils ne sont pas fâchés). Il y a des centaines de cas ( revisitez les catalogues depuis que la bande dessinée en albums existe) et vous verrez que souvent après 3 titres on arrête les frais. Le contraire arrive aussi. Combien de "one shot" qui se transforment en série justement parce que le public en redemande ! D’après votre raisonnement partial et limité, TOUTES les initiatives proposées au public devraient marcher. C’est absurde. Il arrive évidemment que les éditeurs se crashent, aient eu de très mauvaises idées, se vautrent sur un projet parce qu’ils ne sont pas arrivés à le rendre rentable. Mais si, bon sang ça m’énerve, on signe pour 5 albums et qu’au tome 3 on voit bien que ça part en ...euh, que ça n’accroche pas, pourquoi s’obstiner ?

                    Dans les catalogues, combien de cas de figure inverses ! Ils sont nombreux les auteurs à ne pas rapporter des millions et pourtant ils continuent d’exister. Vous n’avez qu’une vision étriquée et surtout très partiale. Avec un gros souci , celui de ne pas comprendre que cette loterie fait partie du jeu. C’est injuste souvent, c’est incompréhensible et aléatoire. Vous , vous imaginez que oui c’est contrôlable. Un conseil : devenez éditeur, vous allez devenir riche.

                    Répondre à ce message

                    • Répondu le 30 août 2012 à  00:55 :

                      Il arrive aussi que l’éditeur achètent des auteurs pour faire des croche-pattes à la concurrence. Cad sans vraiment croire aux bouquins, ni avoir vraiment envie de les placer. C’est une pratique capitaliste très commune que vous feignez d’ignorer.

                      Répondre à ce message

                      • Répondu par Sergio Salma le 30 août 2012 à  10:25 :

                        Je ne l’ignore pas. Sur plus de 4000 bouquins qui sortent( les strictes nouveautés) il y a forcément des centaines de cas de figure( 4000 en réalité), des coups commerciaux, des albums opportunistes, des coups de coeur et de très nombreuses associations bizarres, fragiles ou au contraire a priori bankables . je n’essaie pas de dépeindre un monde angélique ; il me semble juste, connaissant une centaine d’auteurs, que chaque fois le rapport à l’éditeur est très différent. Deux amis peuvent avoir le même éditeur. Le premier sera outré par son comportement, l’autre sera enchanté. Chaque projet a une histoire.

                        Répondre à ce message

                        • Répondu le 30 août 2012 à  14:04 :

                          Et vous trouvez ça normal ?

                          Répondre à ce message

                          • Répondu par Sergio Salma le 30 août 2012 à  17:15 :

                            Qu’entendez-vous par "normal" ?

                            Répondre à ce message

                            • Répondu le 30 août 2012 à  23:18 :

                              Ben qu’un éditeur soit odieux avec les uns et une crème avec d’autres.

                              Répondre à ce message

                              • Répondu par Sergio Salma le 31 août 2012 à  08:06 :

                                Il me semblait bien qu’il y avait (encore) un malentendu. Vous êtes touchant parce qu’évidemment vous n’imaginez pas que ça puisse bien se passer pour vous. Ce que je voulais exprimer c’est qu’une personne ne fait pas souvent l’unanimité 100% du temps ; pour toute une série de raisons on s’entend avec les uns et on se frite avec les autres. Sans parler d’édition, n’avez-vous pas dans votre entourage des cas de gens qui ne sont pas faits pour s’entendre ? Votre beau-frère ou un collègue. Il aura des amis et des ennemis ; des gens que vous connaîtrez et dont l’un vous dira" ton beau-frère, là, désolé mais je supporte pas" et l’autre" ton beauf c’est vraiment un gars super ". C’est la même chose dans l’édition, dans la vannerie, dans le commerce des bonbons ou n’importe quelle autre branche. L’éditeur ne sera pas une crapule avec l’un et un salaud avec l’autre ; il se passera toute ne série de choses qui vont amener différentes relations. Au bout du compte, vous allez me dire que c’est " son boulot". Ben non. C’est une série de personnes qui fréquentent d’autres personnes et c’est souvent assez miraculeux que ça se passe bien (et longtemps). Quand en plus , le directeur de collec lui-même est entre le marteau et l’enclume et que de l’argent est en jeu, il est quasi inévitable que des tensions surgissent. Encore une fois , là, vous accordez à l’Editeur avec une majuscule une espèce de devoir de paternalisme , de bienveillance et donc vous lui prêtez encore une fois cette attitude omnisciente, vous déresponsabilisez encore une fois l’auteur qui lui, comme un enfant, n’a droit qu’à l’amour , l’éditeur ou son représentant n’ayant pas le droit d’être des personnes comme les autres, faillibles.

                                Répondre à ce message

                                • Répondu le 31 août 2012 à  11:30 :

                                  Sauf que je choisis mes amis et je n’ai aucun contrat avec eux avec lequel je suis censé vivre...

                                  Répondre à ce message

                                  • Répondu par Sergio Salma le 31 août 2012 à  12:33 :

                                    Choisissez bien votre éditeur.

                                    Répondre à ce message

                                    • Répondu le 31 août 2012 à  15:18 :

                                      Oh oui faisons ça ! A partir de maintenant ce sont les auteurs qui choisissent leurs éditeurs !

                                      Répondre à ce message

                                    • Répondu par Sergio Salma le 31 août 2012 à  16:45 :

                                      on n’a plus de pla...

                                      Répondre à ce message

      • Répondu le 22 août 2012 à  23:10 :

        On devrait aussi brosser le portrait des auteurs types, ça serait amusant...

        Répondre à ce message

  • "On constatera seulement que cette nomenclature correspond assez peu à l’image du capitaliste au sourire de squale" =

    précisément ! l’ensemble de ces portrait ne correspond-il pas plutôt a une définition des Remora ?
    ne finit-on pas par confondre éditeur, directeur éditorial, controleur de gestion ou PDG. les éditeurs (et directeurs de collection) sont souvent ceux qui défendent becs et ongles les auteurs face aux autres catégories. car c’est leur crédibilité vis a vis de l’auteur qui est remise en question. personne n’en veut jamais à un controleur de gestion puisque personne ne le connait. pourtant c’est lui plutot que l’éditeur qui fait tomber les couperets. L’éditeur, lui est en première ligne, tout échec d’un ouvrage lui incombe à différents niveaux, et en plus il doit assumer cette image de squale alors qu’il est souvent forcé d’appliquer les directives de sa direction.

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    • Répondu par Bardamor le 11 octobre 2012 à  12:59 :

      - Il y a un mouvement ancien de défiance similaire de la part de nombreux écrivains vis-à-vis des éditeurs.
      - Pour savoir si Franquin a tort ou raison de caricaturer les éditeurs dans ce sens, il suffit de voir si la production de BD est majoritairement entre les mains de monopoles ou pas, comme la production de yahourts ou d’automobiles.
      - Il va sans dire que Franquin ne peut pas placer le commerce de BD au niveau du trafic d’armes, en termes de revenus et de bénéfices ; mais les holdings et autres organigrammes complexes ne servent pas seulement à organiser le capital, ils servent aussi à occulter certains aspects et liens, notamment ceux de la culture avec l’industrie. Mais ce n’est pas aux compatriotes d’Albert Frère que je vais apprendre la musique...

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  • Les auteurs ne sont pas du bétail
    12 décembre 2013 16:02, par Simon

    les plus grandes révolutions de la BD sont souvent le fait d’auteurs. Leur leadership s’appuie sur leur notoriété, sur un savoir-faire qui en impose à ses congénères

    Le reste de l’article passait mais là ça dérape sévère : « congénères » ne se dit que des animaux, sinon c’est péjoratif. Une vache ou un mouton ont des congénères. Un auteur a des collègues ou des concurrents, comme dans n’importe quel métier. Parler des auteurs comme d’un troupeau ne va pas relever l’image des éditeurs.

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    • Répondu le 12 décembre 2013 à  16:43 :

      Contrairement à ce qu’écrit Sergio Salma,les auteurs ne choisissent pas leurs éditeurs, ce sont les éditeurs qui choisissent les auteurs. Les auteurs ont rarement le choix.

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      • Répondu le 12 décembre 2013 à  18:39 :

        Ben si. Si le projet est bon et que vous l’avez présenté à plusieurs éditeurs, il se peut que vous ayez le choix. Encore faut-il ne pas signer des la première réponse positive.

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        • Répondu le 12 décembre 2013 à  21:14 :

          Ca n’arrive jamais. Les éditeurs publient des livres des auteurs maison, ou des livres qu’ils commandent à d’autres auteurs, mais publier des projets en envoi spontané, ça doit n’arriver qu’une fois sur 1000, alors avoir le choix entre plusieurs éditeurs, c’est de la science fiction.

          Répondre à ce message

          • Répondu par Oncle Francois le 13 décembre 2013 à  10:43 :

            Pour se faire éditer, la solution c’est : faire un blog en vitesse où l’on raconte sa petite vie. Puis demander à sa famille, les amies, les copines de le visiter, avec des relais sur facebooks et des commentaires enthousiastes sur les forums BD. Vous trouverez bien un éditeur assez bête pour le reprendre sous forme de livre !

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