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TRIBUNE LIBRE À Laurent Galandon : De la nécessité d’acheter les tomes 1.

Par Nicolas Anspach le 13 septembre 2011                      Lien  
Nous reprenons dans cette tribune, avec son accord, un texte que {{Laurent Galandon}}, a publié sur son mur Facebook. Le scénariste parle d’une tendance profonde la part des lecteurs qui boudent les tomes 1 d’une série par crainte de ne pas voir sa suite publiée. Cette opinion reflète, il nous semble, pas mal des préoccupations du métier de la bande dessinée aujourd'hui. Le débat est ouvert...

Amis lecteurs,

Prochainement, je sors deux nouveaux tomes 1 : La Fille de Paname et La Vénus du Dahomey. À ma modeste échelle, j’en parle autour de moi, sur mon blog ou sur Facebook et je relaie la communication de mes éditeurs, etc.

Parfois, et malgré mes tentatives pour les rassurer, certains de mes interlocuteurs m’ont annoncé qu’ils attendraient la sortie du second tome pour investir dans mon labeur, inquiets qu’ils sont de ne pas voir imprimée la suite de l’histoire.

« Chat échaudé craint l’eau froide » dit un vieil adage…

D’autres avancent qu’ils préfèrent investir dans une histoire complète et ne pas subir la douloureuse attente imposée par les temps de réalisation d’une BD. Ils achèteront donc notre histoire, l’ensemble des tomes la constituant réalisés.

Les premiers tomes de nouvelles séries peinent donc de plus en plus à trouver leurs lecteurs.

Seulement, le risque de ces postures est que – faute de ventes « raisonnables » (et force est de constater que le « raisonnable » des années 2000 n’a plus rien à voir avec celui des années 1980) – le second tome ne voit en effet pas le jour (dans le pire des cas) ou que l’éditeur ampute sérieusement la série : une histoire prévue en quatre tomes, par exemple, doit alors être retravaillée pour tenir en deux, exercice difficile et douloureux pour ses auteurs.

Je ne prêche pas ici uniquement pour ma paroisse mais plus pour l’ensemble de la profession et d’amis/collègues en particulier qui ont connu de tels
désagréments. Et il n’est pas question ici de vous accabler.

Auteur, je n’en reste pas moins lecteur et il m’arrive de connaître des doutes ou des réticences similaires - mais juste d’apporter un éclairage sur des difficultés que nous rencontrons, hélas, trop fréquemment.

Si vous voulez voir de belles séries s’épanouir, faites votre choix, certes, face aux nombreux nouveaux albums hebdomadaires mais n’hésitez pas devant un T1 dont le sujet ou/et le graphisme vous séduisent simplement parce qu’il s’agit du premier opus d’une série !

(par Nicolas Anspach)

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Photo de l’auteur : (c) Didier Pasamonik.

 
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29 Messages :
  • LAURENT GALANDON : De la nécessité d’acheter les tomes 1.
    13 septembre 2011 11:55, par un lecteur lucide

    oui, la paranoia nous tuera tous, et ce billet est sensé. Ceci dit, les éditeurs ont une grosse part de responsabilité. Il ne faudrait pas croire que la "manoeuvre" de surproduire pour les dividentes sur chiffre d’affaire, et tout le cortège de dérives que cela engendre, nous a échappé, comme les albums fades mais bien emballés histoire d’appâter le gogo.Le pire étant que ces albums moyens ou vides sont souvent fait par des gens talentueux mais bridés, et qui s’accrochent faute de mieux. Il ne faudrait pas croire qu’on est pas au courant que certains beaux projets sont recalés au profit de produits marketing foireux et relevant d’une hypocrisie abjecte.
    La naiveté est certes un bon filon, mais même les lapins de six semaines finissent par grandir...l’on ne peut prendre les gens pour des imbéciles et ensuite s’énerver de leur méfiance, c’est un peu culotté

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    • Répondu le 14 septembre 2011 à  09:52 :

      C’est vrai mais le problème, c’est la prise en otage des auteurs par ces éditeurs. Il ne faut pas se leurrer, il n’y a guère, ce genre de pratiques était la spécialité de quelques éditeurs, bien connus pour cela. Mais ce n’est plus le cas et cette pratique s’est propagée partout même chez des éditeurs qu’on aurait pu croire à l’abri de ce genre d’entourloupes.
      Le scandale, c’est que maintenant, même si dès le début, on est d’accord sur la longueur de la série, les éditeurs font signer un contrat par album, ce qui permet d’arrêter tout si les ventes du premier tome ne les satisfait pas et tant pis pour les auteurs et le gogo de lecteur qui a cassé sa tirelire. La vérité, c’est qu’il n’y a plus aucune morale, ni de confiance au royaume de la BD. Alors, entre les propositions de sortie d’album sans rémunération (ou symbolique) des uns, les coups de poignard dans le dos des autres, l’incompétence de beaucoup... les auteurs foutent le camp pour des cieux bien plus terre à terre mais un peu plus rémunérateur. A force de scier la branche sur laquelle on est assise, on se retrouve avec un marché en crises ouvertes : crise économique (pour les auteurs surtout) et de créativité.

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  • Bon allez, j’ose prendre le clavier...
    En fait, j’ai une vision un peu différente de Laurent.. ou complémentaire.
    Je m’explique : bien sûr, j’ai vu aussi pas mal de gens dire qu’ils ont peur de ne pas trouver la fin d’une histoire ou qu’ils en ont marre d’attendre le tome suivant, mais je crois aussi que cela n’est qu’une partie du problème. Ici, Laurent parle des séries mais qu’en est-il des "one-shot" ? J’ai bien l’impression que le public boude aussi pas mal de titre (les chiffres ne sont pas les mêmes qu’avant aussi). alors que là, il n’y a ni attente ni crainte de ne pas avoir la fin.
    Pour moi, le problème est donc en partie dû à ce qu’évoque Laurent mais pas seulement.

    Par ailleurs, les séries courtes à parutions rapprochées subissent la même "peur". Ou le même manque d’envie (mise à part des grosses cavaleries où l’éditeur communique à tout va). J’ai entendu très récemment quelqu’un dire : "oui, ils sortent les 5 tomes dans l’année donc l’intégrale sera pour l’année prochaine".

    Ceci dit, je ne "cracherais" pas sur les éditeurs en leur rejetant la faute. Comme partout, il y a ceux qui font du bon boulot et les autres*.

    En fait, je crois vraiment qu’il y a un manque de lisibilité
    des nouveautés (un comble alors que l’info est partout). Par exemple, on perd son temps à critiquer des albums en les descendant alors qu’il serait tellement plus constructif de ne parler que de ceux qui nous tiennent à coeur (Je le dis d’autant plus facilement que je ne suis pas uniquement scénariste. J’anime une chronique radio). Si les auteurs ne peuvent que compter sur leurs réseaux et le bouche à oreille, effectivement le mur est droit devant !
    Et là, je ne parle même pas du problème du travail des catalogues qui fait qu’une série qui en est à son quinzième opus peut se voir menacer... parce que plus personne n’en parle (on imagine peut-être que ce n’est plus la peine puisqu’elle a l’air installée).

    Mais je suis d’un naturel très optimiste. Je crois que les lecteurs peuvent encore faire la différence entre un libraire et un vendeur (il existe aussi dans certaines FNAC et autre supermarchés du livres, des véritables libraires. la seule différence c’est qu’ils sont là sans que leur patron le sache), entre des journalistes et des aigris qui tiennent des blogs de critiques (et oui, je chronique un peu en dilettante... C’est pourquoi je peux dire mon admiration à ceux qui font vraiment leur boulot). Je pense que de nouveaux contrats peuvent exister entre les auteurs et les éditeurs qui "obligent" les deux parties à ne pas partir avant la fin (je passe d’optimiste à utopique mais j’y crois). Et enfin, je pense qu’il est possible que tous les professionnels de la BD (éditeurs, dessinateurs, scénaristes, coloristes, libraires, journalistes...) fassent peser de tout leur poids pour que France télévision offre une véritable émission de qualité sur la BD (il ne reste plus qu’à nous trouver notre Pivot).
    J’imagine bien que cela ne fera pas tout. Mais c’est un commencement, non ?
    Antoine

    PS : Cher Laurent, moi, j’irai jeter un oeil à tes prochaines oeuvre.

    * J’ai le douloureux souvenir d’une série dont le tome 1 était pratiquement épuisé et où l’éditeur a attendu la sortie du tome 2 pour le rééditer. L’éditeur a trouvé que les chiffres n’étaient pas si bon au bout d’un an (normal puisque l’album était introuvable et n’avait bénéficié que d’un premier tirage) et du coup nous a demandé de bien vouloir terminer en trois tomes.

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    • Répondu par Guerlain le 15 septembre 2011 à  10:12 :

      En fait, je crois vraiment qu’il y a un manque de lisibilité des nouveautés (un comble alors que l’info est partout). Par exemple, on perd son temps à critiquer des albums en les descendant alors qu’il serait tellement plus constructif de ne parler que de ceux qui nous tiennent à coeur

      Il existe une différence entre une descendre un album et proposer une critique négative mais argumentée.Par contre, les critiques dithyrambiques sont trop nombreuses. En lisant certaines publication, j’ai un peu trop l’impression qu’il sort essentiellement de bonnes, très bonnes et d’excellentes choses, contrebalancées par des titres à très fort potentiel malgré un début sans doute un peu faiblard. Je crois même que la profusion de chroniques ’béatement’ positives induisent les critiques ’méchamment’ négative, parce que si le positif n’a pas besoin d’être argument, pourquoi s’embêter à justifier le négatif ?
      Je me fais un peu l’avocat du diable, mais je me rappelle avoir poussé un coup de gueule sur un forum à propos de la pauvreté de la critique en bande dessinée. A côté de revues et de sites très pointus et même rébarbatifs (certains articles de Jessie Bi, par exemple), il existait une pseudo-critique lapidaire, qui encensait ou démolissait en 5 phrases maximum. Depuis, le champ de la critique s’est déplacé en s’ouvrant un peu à tout le monde. Créer un blog ou poster sur un site est à la portée de tous. Et cela n’a pas aidé à étendre le champ de la critique en bande dessinée parce que tout le monde peut donner son avis, et on se retrouve noyé dans une masse d’avis en tous genres, d’intervenants en tous genres dont la majorité n’a finalement pas grand chose à dire. Pondre une demi page pour résumer l’album et dire qu’on a aimé parce que le dessin est beau et que le scénario est bien construit, cela relève plus de la fiche de lecture et à la limte, cela en dit plus sur le chroniqueur que sur l’album. Eventuellement, on peut se trouver des gouts en communs avec untel, et se baser sur ces chroniques (je n’aime pas employer le mot ’critique’ dans ces cas-là et force est de constater que ce qu’on appelle la critique en bande dessinée est constituée majoritairement de chroniques), plus parce qu’on se dit que s’il a aimé, on devrait aimer aussi que pour le contenu de la critique.

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      • Répondu par ozanam le 15 septembre 2011 à  21:24 :

        Je pourrais presque être d’accord. Effectivement l’argumentation est le seul intérêt d’un critique ou d’une chronique.

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        • Répondu par Guerlain le 16 septembre 2011 à  15:29 :

          Je pourrais presque être d’accord

          mais ?...

          Il y a aussi sans doute le problème des deux aspects de la critique
          Elle s’adresse à deux entités très différentes :
          - l’auteur, dont c’est le travail qui est décortiqué, et une bonne critique, au sens d’argumentée et pointue, peut servir à améliorer son travail, qui est toujours perfectible
          - le lecteur, surtout, qui l’exploite pour essayer de trouver le bon livre

          Je suis un lecteur, j’ai envie d’une critique construite et prend position. Celle-là manque terriblement.

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  • Devant le nombre de tome 1 n’ayant jamais connu de suite il est logique que la confiance ne soit plus là. Ce qu’il faudrait c’est un contrat contraignant l’éditeur à publier les 2,3 ou 4 albums nécessaires à la conclusion de l’histoire, quelques soient les ventes du premier sorti, et contraignant le ou les auteurs à finir l’oeuvre (car ce sont parfois les auteurs qui, déçus des ventes, laissent tomber et passent à autre chose), bref un contrat avec les lecteurs/acheteurs.

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    • Répondu le 13 septembre 2011 à  18:18 :

      Un contrat qui contraindrait un éditeur à couler en publiant des trucs qui ne trouvent pas leur public. C’est très intelligent comme attitude. Surtout par les temps qui courent.

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    • Répondu par ultra lucide le 13 septembre 2011 à  18:51 :

      Bien entendu, la confiance n’est plus là mais il me semble que le porte monnaie non plus. La surproduction met sur le marché tout et n’importe quoi alors quoi de plus normal pour l’acheteur lambda que le doute ?. Le client, lui, il en veut pour son argent et actuellement on peut dire qu’il n’a que l’embarras du choix. Le marché finira bien par se calmer tout seul et là, seule la qualité restera...

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      • Répondu par Ozanam le 13 septembre 2011 à  19:13 :

        Ha ha ha ! Non ! définitivement non. La qualité ne restera pas forcément. à moins que "Alack Sinner", pour vous soit moins bon que "les blondes" (simple exemple). On risque surtout de voir des clones de ce qui marche déjà. et adieu les belles découvertes et autres tests grandeur-nature (si le marché se calme comme vous dites, restera-t-il de la place pour un 3 secondes assez hors-norme ?). je vois mal tous les éditeurs se "calmer" en même temps et refuser la nouvelle débilité blog-autobio-je-n-ai-rien-à-raconter-mais-j-ai-10000-connections-par-jour sous prétexte que ce n’est pas de qualité.

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      • Répondu le 13 septembre 2011 à  19:37 :

        Croyez vous vraiment ? Il me semble pourtant que bien des BD de qualité médiocre se vendent trés, notamment en super-marchés et quand elles bénéficient d’importantes promotions.

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        • Répondu par Richard Colin le 13 septembre 2011 à  21:02 :

          Je suppose que tu fais allusion au dernier Kid Paddle ? (et pourtant, je suis fan des premiers albums et grand admirateur de Midam, mais là c’est affligeant ! Et pourtant au top des ventes !)

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          • Répondu le 13 septembre 2011 à  21:33 :

            Il est très bon le dernier Kid Paddle, les gags font mouche.

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          • Répondu par courtsaint le 27 septembre 2011 à  23:30 :

            je suis d’accord, les seuls bons gags sont ceux où on voit game over...ils sont scénarisés par des tiers ;)
            le reste est en effet du réchauffé archi vu et revu. les gags où le kid fabule pour donner une explication aux choses, c’est vraiment du remplissage.étonnant pour un pro comme midam.

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    • Répondu le 15 septembre 2011 à  23:37 :

      Obliger des auteurs à faire des albums pour un forfait de 3000€, c’est les condamner à la rue.

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      • Répondu par yakafokon le 16 septembre 2011 à  11:16 :

        T’as qu’à faire éditeur et tu verras combien il faut vendre d’albums pour rembourser ne serait-ce que "juste" les frais d’impression et ce formait de 3000 €. Et après tu compares ce chiffres (en milliers) aux ventes (souvent en centaines, voire en dizaines) et tu comprendras peut-être qu’un éditeur a une responsabilité (la pérénité de sa boîte et des emplois) et que ce n’est pas un mécène.
        Y a qu’à, ’faut qu’on ...

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        • Répondu le 19 septembre 2011 à  21:36 :

          Il ne s’agit pas d’être un mécène mais de payer un travail à sa juste valeur. Est-ce qu’on demande à un relieur, un imprimeur, un photograveur de faire leur travail pour trois francs six sous ?

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        • Répondu le 19 septembre 2011 à  22:53 :

          Ils n’ont qu’à pas publier des trucs qui ne se vendent pas vos éditeurs (genre blog dessinés par une amatrice malhabile) et faire leur travail, publier de la qualité et la qualité demande un travail qui demande du temps et qui réclame de l’argent.

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          • Répondu le 27 septembre 2011 à  09:13 :

            mais ces recueils tiré de blog dessinés par des gens qui se sont fait greffés deux bras gauche et ont subis plusieurs AVC se vendent très bien contrairement aux albums léchés qui demandent de l’investissement financier, on aurait tord de blâmer les éditeurs. Et ces bloggeurs édités sont (encore plus) incapables ( que certains Pros) de dire ce qu’il y a dans leur contrats.

            Encore une fois personne ne pousse untel ou untel à faire de la BD et si les conditions offertes ne plaisent pas ils ont qu’à s’auto-éditer ou faire autre chose...

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            • Répondu le 27 septembre 2011 à  09:56 :

              si les conditions offertes ne plaisent pas ils ont qu’à s’auto-éditer

              Un métier c’est pour gagner sa vie, pas pour travailler gratuit et payer pour l’imprimer(avec quel argent d’ailleurs ?).

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              • Répondu le 27 septembre 2011 à  10:50 :

                justement les metiers "artistiques" ne sont pas vraiment des métiers à proprement parler. C’est pour cette raison qu’ imprimeur et dessinateur ne sont pas des occupations comparables. Un auteur de BD peut toujours demander à être payer tant ou tant (libre aux éditeurs d’accepter ou pas) mais certainement pas l’exiger, il n’y aura jamais de conventions salariale pour ce genre d’occupations puisque il n’y a pas de salariés.

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                • Répondu le 27 septembre 2011 à  18:08 :

                  il n’y aura jamais de conventions salariale pour ce genre d’occupations puisque il n’y a pas de salariés.

                  Vous vous trompez, pendant longtemps dans la presse les dessinateurs étaient salariés (et avaient la carte de presse), le fait d’être payé en droits d’auteurs est arrivé avec les albums systématiques (vers 1980). Chez Vaillant puis Pif, il n’y avait pas d’album, et les conditions salariales étaient très avantageuses.

                  Encore aujourd’hui les dessinateurs de presse sont salariés.

                  Répondre à ce message

                  • Répondu par Sergio Salma le 27 septembre 2011 à  20:58 :

                    Salariés ?! Quelle horreur. Puis certainement pas en Belgique.

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                    • Répondu le 27 septembre 2011 à  23:27 :

                      En quoi être salarié est une horreur ? Ca permet d’avoir une couverture sociale, des indemnités chômage, bref des droits.

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                      • Répondu par Sergio Salma le 28 septembre 2011 à  19:10 :

                        C’est pas le salaire qui est un problème évidemment. On est ici dans un domaine très délicat. Réfléchissons un peu. Je suis un auteur. Je cherche un éditeur. OK. On tombe d’accord sur une idée. Il m’engage . C’est mon patron, je suis son employé salarié. Comment ça marche ? A partir de quel moment l’éditeur considère-t-il que ça vaut la peine pour lui d’engager les démarches et les fonds nécessaires ? Un patron qui engage doit lui-même s’affilier à une caisse. Car la couverture sociale c’est pas lui qui s’en occupe directement. Vous imaginez ce que ça représente ? Et sur quelle base va-t-il vous rétribuer ? Et vous voulez des congés payés évidemment. Et des congés-maladie. ben voyons. ça c’est la première partie impossible. Deuxième impossibilité : la création. Vous êtes salarié donc à la merci de votre patron. Il vous paie mais vous avez intérêt à assurer et à le rassurer. Il va donc venir voir d’assez près ce que vous lui proposez. Et au cas où ça collerait (on peut rêver), qu’est-ce que ça signifie ? Que le livre se fait. Quid des droits d’auteur ? Vous avez fourni un travail. L’éditeur est propriétaire ? Non ?! Pourquoi irait-il vous engager et se charger de votre bien-être ? Vous ne serez pas seul. pendant 1, 2 ou 3 ans pendant que les livres se font, l’éditeur il gagne sa vie comment ? Et avant que l’argent ne rentre( il faut encore que les livres se vendent) on fait quoi ? Chômage technique ? On vire les gens et on les réengage au bouquin suivant ? Troisième petit souci ( mineur). Vous avez une idée, puis une deuxième, puis une troisième. ben oui, le salaire qu’on vous attribue c’est bien mais vous avez envie de gagner plus.Ou de travailler ailleurs , de collaborer avec Untel etc... vous êtes salarié, vous n’avez pas le droit. Ah mais l’éditeur ne verrait vraiment pas ça d’un bon oeil, comprenez-le. Il vous paie, vous êtes tranquillement en train de profiter du 13è mois ou bien vous avez la grippe et vous ne rendez aucune page, mais d’un coup vous allez frapper à la porte de l’éditeur en face avec un projet élaboré grâce aux revenus de votre patron. ça la fout mal. Attendez c’est pas fini. Un salaire pour un artiste ( pas tous mais beaucoup) c’est la porte grande ouverte à une baisse de concentration, un confort va s’installer, vous allez moins être à l’affût de la bonne idée ; parce que la vie est déjà très compliquée( y a pas que l’art non plus, y a les enfants, les traites de la bagnole, la toiture à refaire...) du coup, l’artiste s’endort un peu parce que de toute façon, il sait que le salaire va tomber. Attendez, on me dit que certains sont profs ou donnent des conférences. Alors ne le sont-ils pas parce que la profession d’artiste ne leur rapporte pas assez ? C’est choquant !? Ben oui. Et pour corser le tout, je vais vous dire que la plupart des artistes n’ont pas le profil pour être "engagé". On n’est pas engagé par un patron. On s’associe avec une personne ou une entité qui dispose d’un outil, vous amenez ce que vous êtes et ce que vous faites. Il ne s’agit pas de couverture sociale ( vous pouvez souscrire avec votre argent) il s’agit d’un élément fondamental : la liberté . Mais il y a beaucoup de professions qui vous apporteront la sécurité. Pas les petits Miquets.

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                        • Répondu par LC le 29 septembre 2011 à  22:58 :

                          Monsieur Salma, ce que vous décrétez impossible a existé et très bien marché pendant des années en France, des années 50 jusqu’au début des années 80. C’était lié au fait que les éditeurs avaient des journaux et que les auteurs s’étaient battu (merci Roland Garel) pour être assimilés aux journalistes (convention collective des journalistes et carte de presse avec).

                          Les pages publiées étaient payées en salaire, n’empêchant nullement les auteurs à cummuler les supports (comme Gotlib à Vaillant, Pilote ou Record, ou Gillon un peu partout dont France-Soir il me semble), et quand sont apparus les albums, les droits d’auteur qui en découlaient étaient un plus. L’employeur payait le droit de reproduire les pages dans son journal, pas plus.

                          Aujourd’hui encore les dessinateurs de presse doivent être payés en salaire (il y a une tolérance qui malheureusement devient une sale habitude de vouloir tous les payer en droits d’auteur). Quand je fais des pages pour Bayard, Fleurus ou les news magazines, je suis payé en salaire (j’ai d’ailleurs obtenu dès 1997 une carte de presse).

                          Quand j’ai travaillé pour Fluide Glacial (en 1999), j’ai demandé à être payé en salaire (c’était des pages destinées au journal, il n’y avait pas d’albums à la clef, ni de contrat d’édition), et là ils m’ont envoyé chier, me renvoyant tout le travail non encore publié en oubliant bien-sûr de me le payer. J’aurai dû attaquer aux prudhommes, j’avais le droit pour moi avec la convention collective de la presse.

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                          • Répondu le 3 octobre 2011 à  16:38 :

                            Effectivement ça a marché tant qu’il y avait des journaux.Aujourd’hui le journal de Mickey dont le tirage laisse reveur l’ensemble de la presse spécialisée vent 5 fois moins que Pif Gadget à la grande époque. On comprend dès lors comment les auteurs étaient salariés ( encore ne l’étaient-ils pas tous !).

                            Dans le cadre d’une politique d’album le salariat n’est pas envisageable. Mais peut-être avez vous une solution pour relancer les ventes de la presse ?

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  • LAURENT GALANDON : De la nécessité d’acheter les tomes 1.
    15 septembre 2011 14:02, par sinistrose

    Les éditeurs (dont principalment SOLEIL mais "pas que") inondent le marché de nouveautés pour occuper le terrain et car ... les libraires marchent à la nouveauté (des grands éditeurs seulement car ... ’sont frileux) et se foutent du fond ou des séries plus ou moins installées (mais pas des blockbusters).
    PAF ! Ils soldent le tout peu de temps après (voire en soldent illégalement une bonne partie en sous main, dès la parution) et avortent des centaines de séries au tome 1.
    Si par miracle un album sort de lot, la série se poursuit mais là ... ces couillons font des coffrets ... pleins ou avec inédits, des intégrales avec bonus, des tirages spéciaux ... lésant ainsi ceux qui ont permis à la série d’éclore et qui ne peuvent s’offrir ces coffrets ou bonus sont devoir tout racheter. Ca et les centaines de séries avortées (plus la surproduction, la crise et le marché de l’occasion inondé de tout ce qui est sorti ces 30 dernières années) ont eu raison de la patience de ces vaches à lait de clients fidèles. Ajoutez à ça ces tomes 1 où il ne se passe plus rien (mais alors ... RIEN, QUE DALLE, QUEUTCHI, NADA, NICHTS ...) et des délais de parution à rallonge entre chaque tome ... quand ils paraissent. Plutôt que d’investir à risque là dedans, autant se payer une intégrale (15 euros chez Glénat soit le prix d’un album) ou de lire une bonne "vieille" BD genre Bernard Prince où il y a une sacrée histoire COMPLETE, un scénario en béton et un dessin du feu de Dieu. Logique, non ? Politiques éditoriales de merde. Ils se flinguent eux mêmes (et les vrais éditeurs, souvent plus petits, en même temps).

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  • Acheter un tome 1 aujourd’hui c’est comme acheter le Atlas n°1 de la maquette de la Licorne en espérant au bout de la 500ème livraison pouvoir monter la maquette entière. Un tome 1 aujourd’hui ce n’est pas une entité comme les séries naguère mais plutôt un premier chapitre, une mise en place, une présentation des personnages, c’est frustrant, surtout si la suite ne vient jamais. La solution c’est que chaque album (même appelant une suite) soit un one-shot, une lecture bouclée.

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