Pour le docteur Destouches, le Paris de 1944 devient dangereux. Les nazis en déroute, les alliés en progression, les collabos sentant le vent tourner... Il doit partir, avec son épouse et son chat. Le périple à venir sera semé d’obstacles et de rencontres marquantes, entre personnages grotesques et chefaillons furieux. En direction du Danemark, Destouches croise à la fois les restes de l’empire nazi et les profiteurs obscènes de l’occupation allemande. Avec une ironie constante et un mélange de misanthropie et d’esprit critique acéré, le médecin continue à exercer tout en organisant son exil.
On ne pourra pas reprocher à Christophe Malavoy de se lancer dans un domaine en amateur. Le résultat de cette adaptation BD [1] mérite un indiscutable respect. D’autant que les frères Brizzi jouent dans un registre graphique truculent, avec une précision étonnante quant aux attitudes des personnages. L’ambition quasi-fellinesque de Malavoy ne pouvait trouver meilleurs ambassadeurs.
Le scénario en lui-même est un récit de cavale, doublé d’un jeu de massacre : tout en semblant dégouté de sa propre existence, Céline/Destouches provoque et insulte, sans oublier d’assurer ses arrières.
Même si Malavoy fait très finement remarquer dans ses interviews que les allergiques à Céline n’ont parfois rien lu de lui (notamment ses romans, pas clairement antisémites), il reste quand même difficile de voir l’écrivain en anar rigolard obsédé par la santé de son chat et le remplissage de sa panse. Mais entre les révélations qu’apporte cette Cavale sur la vie de Céline et la franche réussite artistique de l’album, il convient de saluer un album largement au-dessus de la moyenne.
(par David TAUGIS)
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Lire notre interview de Christophe Malavoy et des frères Brizzi
[1] tiré de trois textes différents de Céline, parus dans les années 50 et 60
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