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La Cible de Deadshot - Par John Ostrander, Kim Yale et Like McDonnell (trad. Jean-Marc Lainé) - Urban Comics

Par Aurélien Pigeat le 23 avril 2014                      Lien  
Deadshot: un étrange adversaire de Batman, suffisamment ambigu pour peu à peu devenir une figure de premier plan de l'univers du Chevalier Noir et gagner sa place au sein de l'Escadron Suicide à la fin des années 1980. Ce récit correspond à une mini-série qui lui est dédiée et qui explique ses origines. Sombre et de grande qualité.

Floyd Lawton était un jeune oisif, riche héritier d’une puissante famille. Il aurait pu devenir Batman, a d’ailleurs commencé en cherchant à remplacer ce dernier, mais a finalement basculé du côté du crime. Devenu Deadshot, il n’aura d’abord de cesse de vouloir se venger du Chevalier Noir, avant d’intégrer l’Escadron Suicide et d’accomplir des missions hautement risquées entre deux séjours derrière les barreaux.

En 1987 naissent l’idée et l’envie, chez John Ostrander et son épouse Kim Yale, de faire une mini-série autour du personnage, réalisée dans la foulée en 1988 et réunie dans le présent volume [1]. Floyd Lawton doit y répondre à l’enlèvement de son fils dans une intrigue qui le ramène vers sa ville natale, son père et sa mère qui l’ont depuis longtemps renié, et les mystères à l’origine de sa vocation.

Face à ses adversaires, crapules à la petite semaine, pourris ou détraqués, Deadshot applique une méthode expéditive, sanglante, détonante. Le récit est dur, violent, sans effet de manche dans la succession des événements : tout y est nerveux, immédiat, le plus souvent froid et glaçant.

La Cible de Deadshot - Par John Ostrander, Kim Yale et Like McDonnell (trad. Jean-Marc Lainé) - Urban Comics
On ne plaisante pas avec Deadshot
Deadshot, par John Ostrander et Kim Yale (scénario) et Luke McDonnell (dessin)
© DC / Urban

L’ambiance ainsi créée inscrit ce récit initialement posé à la marge des univers de super-héros dans un héritage du roman noir, orienté vers l’action, bien évidemment. Mais le pan violent de celle-ci trouve son pendant dans la quête menée par l’analyste de Floyd, venue explorer les origines du trauma du vilain héros. Les deux enquêtes se croisant et se rejoignant naturellement, structurant habilement narration et histoire.

Ce très bon récit -ce doit être la première fois que l’on lit, dans les exergues des épisodes d’une même série, des citations de Beckett ou de Dostoïevski !- pourra peut-être en rebuter certains par le trait, certainement daté, de Luke McDonnel. Il participe pourtant grandement à instaurer l’atmosphère inquiétante de l’aventure par un découpage rude, des personnages et des aplats pesants qui durcissent les situations narrées.

Comment Deadshot entend résoudre un conflit avec son analyste
Deadshot, par John Ostrander et Kim Yale (scénario) et Luke McDonnell (dessin)
© DC / Urban

L’édition proposée par Urban Comics, presque impeccable [2], se démarque de celle récemment proposée aux États-Unis autour du même personnage et de la même mini-série. En effet, dans Deadshot : Beginnings, publié fin 2013, DC offre deux autres récits plus anciens mettant en scène Deadshot [3]. Urban Comics propose ici de compléter la mini-série par deux épisodes, l’un de 2007 et l’autre de 2010, qui racontent ce qu’il est advenu du personnage après l’explication fondatrice de sa construction.

Outre un graphisme résolument plus accrocheur, ces deux récits s’avèrent effectivement intéressants. Le premier, naturellement dynamisé par l’introduction de Batman, revient sur les révélations de la mini-série en lui rendant hommage, faisant de l’affrontement entre Deadshot et sa Némésis un véritable combat psychologique.

Deadshot, le tireur qui n’a jamais pu tirer sur Batman
Legends of the Dark Knight #214, par Christos N. Gage (scénario) et Phil Winslade (dessin)
© DC / Urban

Mais c’est surtout le deuxième, tiré des Secret Six -autre groupe de Villains ambigus auquel Deadshot collabora-, mais qui revient aux sources de la rencontre avec Batman, qui retient notre attention. Sans doute parce que, pour l’occasion, Gail Simone invita John Ostrander à écrire l’histoire du héros auquel il avait donné une réelle épaisseur vingt ans auparavant. Sans soute aussi parce que Secret Six constitue selon nous une des meilleures séries publiée par DC ces dernières années.

Une vraie bonne idée donc et l’on se prend à rêver d’une édition en France de Secret Six. Espérons déjà que Deadshot rencontre son public avec ce sympathique volume.

Des pensées morbides chez Deadshot
Secret Six #15, par John Ostrander (scénario) et Jim Calafiore (dessin)
© DC / Urban

(par Aurélien Pigeat)

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Code EAN :

- La Cible de Deadshot. Par John Ostrander et Kim Yale (scénario) et Luke McDonnell (dessin). Traduction Jean-Marc Lainé. Urban Comics, collection "DC Nemesis". Sortie le 3 avril 2014. 152 pages. 15 euros.

- Édition de la mini-série Deadshot, numéros 1 à 4, de 1988, complétée par deux récits plus récents mettant en scène le personnage de Deadshot : Legends of the Dark Knight #214, par Christos N. Gage (scénario) et Phil Winslade (dessin), mars 2007 ; et Secret Six #15, par John Ostrander (scénario, invité sur la série par Gail Simone) et Jim Calafiore (dessin), juin 2010.

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[1Le personnage de Deadshot, ses apparitions dans l’univers de Batman et la genèse de cette mini-série sont détaillés par Bob Greenberger dans une préface datée de 1988, reproduite au début du volume et que Urban Comics propose aussi sur son site internet. Précisons en outre que des biographies détaillées des trois auteurs de la mini-série concluent le volume

[2Au moins une bulle aurait mérité une relecture plus attentive, certains mots semblant oubliés ; mais c’est déjà pinailler que de le signaler ainsi.

[3Batman #369, de mars 1984 et Detective Comics #474 de décembre 1977

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