« La Conversion » débute comme l’histoire banale d’un amour d’adolescents. Kurt, un jeune garçon timide, en plein bouillonnement pubère, est épris de Patrizia, une jolie jeune fille d’un an son aînée. Il n’ose pas l’aborder. C’est finalement par l’intermédiaire d’un ami commun, Luki, que Kurt trouve le moyen de faire sa connaissance. Il rejoint un groupe biblique, qui se réunit plusieurs fois par semaine. Totalement bleu de Patrizia, Kurt écoute ces lectures religieuses et dévisage amoureusement cette fille dont il rêve. Mais derrière l’apparente convivialité de ce groupe de prières se cache la figure charismatique du Pasteur Obrist qui donne le ton des réunions et fixe , avec une main de fer dans un gant de velours, sa ligne dogmatique. Petit à petit, Kurt cède aux sirènes de ce personnage influent et persuasif. Au point de se mettre en porte-à-faux avec sa famille, désemparée par ce soudain accès de religiosité.
Matthias Gnehm, auteur originaire de Suisse, a probablement glissé pas mal de son vécu dans cette histoire. Il parvient à poser sur son livre une véritable chape de plomb, constituée par le dogme religieux de la secte dont il parle et par l’architecture austère de la ville où se déroule l’histoire. Dans « La Conversion », l’auteur restitue brillamment les questionnements adolescents sur la foi et sur l’amour. Source d’espoir dans le récit, face à la tentation d’affirmer que sa croyance est la seule vérité, certains personnages de Gnehm trouvent une échappatoire dans le dialogue familial. Bande dessinée rare, qui parvient à créer un climat oppressant, « La Conversion » pousse l’esprit critique dans ses derniers retranchements.
(par Morgan Di Salvia)
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A paraître le 19 janvier 2012.
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