Gani Jakupi est originaire de Yougoslavie, de cette région précisément. Fuyant la guerre, il y revient alors que les forces armées internationales (la KFOR) ont pris le contrôle du pays.
Écrivain brillant et dessinateur doué, il accompagne un photographe espagnol qui a sa vision bien à lui de l’histoire. Jakupi prend alors conscience du caractère factice du journalisme d’"actualité", que toute communication, a fortiori sur une guerre, est partielle, partiale et répond davantage aux attentes d’une "opinion publique" qu’à un besoin de vérité.
On le voit sur la trace de ses parents dont il est sans nouvelle, accompagnant un cousin sur le charnier de sa famille massacrée, croisant un Serbe pleurant sincèrement l’incendie d’un bâtiment qu’il s’était approprié par le crime au cours de la guerre, des soldats des forces internationales impuissants et dépassés par les événements...
Un petit théâtre où la nature humaine apparaît dans sa nue laideur.
Le dessin de Jakupi ne la "ramène" pas avec ses tons de glaise au goût de cendre. Il est même un peu ardu, entrelardé de récitatifs diserts. Mais le voyage en vaut la peine : nous avons là une réflexion en profondeur sur la réalité de la guerre et ce qu’on en rapporte.
Cette double qualité de témoignage et de réflexion lui confère une force implacable qui fait de La Dernière Image quelque chose comme "le Maus des Kosovars".
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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La Dernière Image - Une traversée du Kosovo de l’après-guerre par Gani Jakupi - Ed. Noctambule