Avril 1945, Okinawa, sud du Japon. Leur pays est rentré en guerre depuis plus de trois ans maintenant, mais pour les habitants de la petite île tropicale nippone le conflit semble lointain. C’est le cas en particulier pour la petite Tomiko, sept ans, qui vit dans une certaine insouciance avec les siens, en dépit de la perte de sa mère et du départ de ses frères aînés à la guerre.
Tout bascule lorsque les bombardements commencent : son père part au front, au nord, tandis qu’avec son frère et ses sœurs, Tomiko part vers le sud, se joignant à l’exode massif de la population.
Entre les avions américains tirant sur tout ce qui bouge, les soldats japonais n’hésitant pas à sacrifier les plus faibles et l’absence de nourriture, Tomiko doit également composer avec la séparation d’avec les siens, ne pouvant bientôt compter que sur elle pour survivre dans une campagne devenue champ de bataille.
Le manga de Saya Miyauchi adapte un célèbre roman japonais homonyme, basé sur la vie réelle de Tomiko Higa, devenue célèbre pour avoir été photographiée par un soldat américain parce qu’elle tenait un drapeau blanc. C’est en retrouvant la petite fille de cette sidérante photographie que son histoire fut connue du grand public, devenant un roman.
Le manga narre le parcours de Tomiko jusqu’à l’épisode du drapeau blanc, ô combien symbolique, qui conclut son improbable survie en zone de guerre. Le déroulement se révèle assez simple : il ne faut pas s’attendre à des épisodes très romancés ou complexes, hormis dans l’acte final.
Cependant, le récit se compose de nombreuses petites séquences ou réflexions qui font mouche. Une phrase éclaire parfaitement l’histoire : « Les soldats vivants font peur, mais les soldats morts sont des alliés qui me donnent à manger ». Une réflexion reposant autant sur la nourriture que Tomiko trouvait sur les cadavres, que sur le fait que les soldats, quelle que soit leur nationalité, était signe de mort pour la petite fille.
Une œuvre poignante, joliment dessinée, qui propose un témoigne fort, dépeignant la folie de la guerre à travers le regard d’un enfant.
(par Guillaume Boutet)
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