Casini, auteur italien déjà réputé de l’autre côté des Alpes, n’est pas non plus un inconnu dans l’hexagone puisque, outre la traduction de plusieurs de ses albums comme la série Hasta la victoria ! chez Mosquito, il a également travaillé avec différents scénaristes français, comme avec L. Galandon pour La Vénus du Dahomey.
L’intrigue de son nouvel album se joue sur différents fronts pendant la Guerre de Trente Ans, de Paris, où Richelieu convainc une courtisane d’aller espionner à Vienne, à Rome ; où le pape Urbain VIII fait de même avec un duc italien qu’il envoie à Kazerfurth. Cette principauté imaginaire, à la frontière entre Bohême et Autriche, est en effet au cœur de l’intrigue. Restée neutre pendant trois décennies, elle a eu le temps de s’enrichir et de se doter d’une armée puissante, que le camp protestant, tout comme celui des Habsbourg catholiques, tentent de convaincre de se joindre à eux. C’est là que se joue l’histoire, à la croisée d’enjeux européens, de crimes et de vieilles histoires de familles locales.
Cet album de facture très classique nous permet de nous pencher sur une page finalement peu connue de l’histoire européenne et qui fut pourtant l’une des plus meurtrières que connut l’Europe, et tout particulièrement l’Allemagne du Nord qui vit sa population diminuer d’environ 65%, suite aux épisodes guerriers et aux famines qui s’ensuivirent. Elle laissa le territoire germanique exsangue et morcelé en plus de 350 États et principautés.
Même s’il est un peu figé et présente différentes maladresses, notamment en ce qui concerne l’anatomie des personnages, le dessin, servi par des couleurs bien maitrisées, ne manque pas de charme et les effets de profondeur, en particulier, sont très réussis. En revanche, les dialogues sonnent parfois un peu « faux », à la fois trop longs et trop littéraires.
De Vienne à Paris, de Breda, en Hollande, à l’Andalousie, l’histoire se déroule sur plusieurs terrains, impliquant un grand nombre de protagonistes, en raison de la complexité de la diplomatie de l’époque, et il faut bien avouer que cela est par moments confus, que l’on s’y perd un peu. Néanmoins l’auteur tisse sa toile de manière très construite et l’on attend le second volume à paraître en 2017 pour voir tous les fils se rejoindre et l’intrigue s’emballer !
(par Tristan MARTINE)
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