Adaptation très moyenne du reste : que ceux qui ne connaissent que le film aillent vite découvrir la BD, c’est incomparable.
J’en rappelle brièvement le principe : imaginez que tous les personnages de la littérature romanesque du XIXème siècle aient réellement existé, et que le Gouvernement britannique en récupère un certain nombre pour en faire une force spéciale d’investigation et d’intervention. On voit ainsi un certain Bond engager Allan Quatermain (célèbre aventurier colonial), Mina Murray (une jeune femme au passé trouble), l’Homme invisible, le Docteur Jekill et le Capitaine Nemo, pour affronter un certain "docteur" chinois qui ressemble beaucoup à Fu Manchu.
Le deuxième volume, composé des tomes 3 et 4, reprend pour sa part les évènements contés dans La Guerre des Mondes d’H.G. Wells du point de vue de la Ligue ; on a donc droit à l’invasion martienne et aux actions de nos joyeux compères (qui le sont d’ailleurs de moins en moins, joyeux) pour contrer les vilaines bêbêtes de l’espace.
Pour ce deuxième volume, Moore délaisse un peu la subtilité scénaristique (l’intrigue suit scrupuleusement l’œuvre de Wells) et se concentre sur les relations entre les personnages : celle entre Mina et Quatermain s’approfondit (sans mauvais jeu de mot), Mr Hyde devient presque touchant (j’ai dit presque) et l’homme invisible confirme son statut d’enfoiré en titre.
L’auteur se déchaîne également dans ce dernier tome sur la littérature enfantine, en nous exposant une version très personnelle de l’Ours Rupert et du Vent dans les Saules, entre autres grands classiques.
Le dessin est signé Kevin O’Neill, qui officie dans un style surprenant mais qui s’adapte parfaitement au sujet, et qui rappelle beaucoup les gravures illustrant les bouquins du XIXème, style Jules Verne.
On notera que les Editions USA poursuivent leur politique d’adaptation des formats de BD à une norme plus "franco-belge" : la BD originelle était au format "comics" habituel, comme n’importe quel Spider-Man, alors que la VF a le format d’une grande BD type Soleil ou Glénat. La finesse du trait y perd parfois, mais les grandes cases vous "explosent" littéralement à la figure.
Seul regret : les épisodes originaux se clôturaient toujours par un texte très dense de 6-7 pages, L’Almanach de la Ligue, qui racontait les aventures d’autres membres d’autres ligues, comme Gulliver ou Prospero, à travers le monde, continent par continent, ce qui permettait à l’auteur de décrire moult lieux célèbres de romans. Cette partie n’a pas été traduite, pas plus que ne l’avait été la nouvelle originale Allan Quatermain and the sundered Veil, publiée avec le premier volume. On espère que l’éditeur y pensera prochainement, par exemple sous forme d’un petit fascicule, car on perd bien des informations assez cruciales pour la suite.
Car suite il y aura : Moore et O’Neill ont promis un troisième volume se déroulant dans les années 20, auquel ils s’attelleront après un petit break. Les années 20, c’est à dire l’époque de Lovecraft, Agatha Christie, Maurice Leblanc... Personnellement, j’en salive d’avance.
(par Anh Hoà Truong)
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Emission radio « La tête dans les images » Radio Campus Bordeaux 88.1fm - (Auteur : Julien Meyrat)