Hervé Bourhis est un auteur prolifique. Depuis ses débuts tonitruants (son premier album Thomas ou le retour du tabou a reçu le prix Goscinny du meilleur scénariste en 2002), Bourhis travaille à un rythme soutenu : il a écrit ou dessiné pas moins de douze bandes en sept ans. Rien qu’en 2009, on le retrouve au scénario de Piscine Molitor avec Cailleaux, Appelle-moi Ferdinand avec Durieux et Conty et en solo avec La Main verte. Depuis l’an dernier, il est également le responsable du supplément trimestriel Fuego, encarté dans Spirou. On le voit, l’homme a de l’appétit. Une volonté de raconter tant et plus, parfois passionnante (Le petit livre rock chez Dargaud), quelque fois anecdotique (la mini-biographie de Boris Vian Piscine Molitor chez Dupuis). On peut parfois lui reprocher de s’éparpiller. Ca n’est pas le cas dans La Main verte, où il maîtrise son sujet, en signant un album avec beaucoup plus de hauts que de bas.
L’accroche de cette histoire est simple et très ancrée dans l’air du temps. Depuis longtemps annoncée, la fin des ressources énergétiques frappe le quotidien des Européens. Limitation drastique de l’usage des véhicules motorisés, augmentation des prix de la nourriture, et un retour aux dépenses essentielles. De fil en aiguille donc, exit la bande dessinée. Herbert se retrouve sans emploi. Il va aller de petits boulots en petits boulots (déménageur, restaurateur de peintures, vélotaximan) pour subvenir aux besoins de sa famille. Et puis, il peut compter sur le potager qu’a décidé de cultiver son épouse… Mais la chaleur ambiante a rapidement raison de ce petit projet autarcique. Une seule solution : rallier Tours, où vivent les parents d’Herbert. Son père qui a la main verte pourra lui apprendre à cultiver son jardin. Sauf que l’orgueil mal placé du fiston à l’air d’être un sérieux frein… Quatre cents kilomètres séparent Bordeaux du domicile des parents. Quatre cents kilomètres durant lesquels Herbert va échafauder un plan pour ne pas perdre la face.
Mises à part quelques digressions (comme les jeux insérés dans le récit) franchement inutiles, La Main verte est une satire réussie cachant à peine une tendre réflexion sur les rapports entre père et fils. Certaines scènes sont vraiment très drôles et le voyage parsemé de rencontres extravagantes permet d’aborder le sujet écologique en multipliant les points de vue. Vert de nouvelles aventures ?
(par Morgan Di Salvia)
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