Non, vous ne saurez rien sur l’orgasme. La petite mort, ici, c’est le surnom du héros (un garçon ou une fille, le doute est permis, même si l’auteur l’oriente tout de même vers le masculin). Avec ses parents, tous deux stoppeurs de vie, il apprend son métier, tout en vivant un quotidien semblable à nombre d’enfants : école, jeux, questions existentielles, et même petite amie (bien humaine) inaccessible.
Boucq avait déjà bien exploité ce thème avec les épisodes de La Mort et Lao-Tseu, mais l’atmosphère bien plus gothique créée par Davy Mourier s’avère plutôt réussie. L’ensemble est évidemment présenté sur fond noir, de la couverture au pourtour des cases, l’intérieur restant dans les gris, sauf pour quelques fantaisies surprenantes (fausses pubs, épisodes décalés, citations détournées).
Mais le plus intéressant dans la petite mort, ce sont bien les situations : notre écolier prend conscience de la fatalité qui plombe son destin mais tente tout de même d’avoir des amis, de maintenir une vie sociale. Il a beau demeurer infréquentable, son opiniâtreté ne fléchit pas. Évidemment l’humour noir domine. Mais pas seulement. Le monde de l’enfance, les relations avec les parents permettent le développement de moments sensibles, entre deux tranches de cruauté contrôlée et de sarcasme glaçant.
Dans des histoires qui peuvent aller de trois petites cases à deux planches, Mourier parvient à évoquer les situations les plus sinistres (maladies, accidents, sénilité) avec un sens de la chute élégant, surréaliste, souvent clinique. Et puis ces questions que notre apprenti donneur de mort se pose, ce sont souvent les nôtres.
(par David TAUGIS)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Commander l’album sur Amazon.fr ou sur FNAC.com
Lire aussi : Delcourt lance la BD 2.0 : "La Petite Mort" en réalité augmentée
Participez à la discussion