Chine, 626. La lutte pour le trône entre les fils de l’empereur se transforme en tragédie lorsque le cadet, Li Shimin, assassine ses deux frères et tous les membres de leurs familles. Seule sa nièce, la princesse Yongning, grâce à son intelligence et sa fine lame, réussit à s’échapper et à se faire passer pour morte.
Désormais travestie en homme, se faisant appeler Li Chang Ge, elle fait le serment de venger ses parents et de reconquérir le trône, mais pour cela elle a besoin d’une armée ! Elle décide donc de se rendre dans la province de Shuo qui fait face à l’invasion des Turcs pour se faire un nom et gagner des fidèles.
Grâce à une manipulation dont elle a le secret, Li Chang Ge entre au service du seigneur de cette province en tant que capitaine des armées ! Le premier tome se terminait par une victoire des Tang, c’est-à-dire des Chinois, sur les Turcs du fait évidemment d’une stratégie de notre princesse.
Débuté en 2011, rappelons que ce manhua -bande dessinée chinoise- a la particularité d’avoir débuté sa publication non pas en Chine, mais au Japon, chez Shûeisha et dans les pages du magazine Ultra Jump.
De ce fait il existe deux éditions de la série : la chinoise, celle publiée par Urban China, à la pagination plus courte que la japonaise et dotée de couvertures dominées par le blanc, présentant à chaque fois l’héroïne ; et la japonaise aux couvertures au fond « brun parchemin » avec un personnage différent à chaque fois.
Après un début tonitruant qui avait laissé peu de repos au lecteur, ces deux nouveaux tomes amènent le récit à son rythme de croisière, en prenant le temps de développer le contexte politique, à petite et grande échelle, même si les situations continuent d’évoluer rapidement !
Le tome deux poursuit l’intrigue autour de l’invasion Turc à laquelle la dynastie Tang doit faire face. Si notre princesse tient bon, le rapport de force se révèle trop inégal, et surtout le pouvoir impérial décide de sacrifier la province de Shuo pour protéger le reste du pays.
C’est ainsi que pour protéger sa ville le gouverneur de Shuo décide de donner sa vie. Un geste noble qui permet à Li Chang Ge de négocier avec le belliqueux général Ashina qui, lui aussi, a finalement été utilisé par le grand Kahn.
Le pillage de la ville est évité mais le général turc, impressionné par le sens de la stratégie de Li Chang Ge, lui demande en échange de se mettre à son service.
Devenue prisonnière, Li Chang Ge quitte donc les terres de Chine pour débuter une nouvelle carrière de conseiller auprès d’Ashina, chez les Turcs orientaux où les luttes de pouvoirs et les guerres intestines sont également de mise.
Xia Da nous entraîne une nouvelle fois dans des jeux d’intrigues passionnants et le rebond vers l’univers des Turcs promet des moments fort intéressants. Xia Da prend à ce titre beaucoup de liberté avec les faits historiques sur lesquelles se basent son récit, mais qu’importe quand la narration est à ce point réussie.
Si la beauté de son trait se dispute à sa délicatesse et à sa vigueur, ce qui frappe le plus, c’est sans doute cette ambiance mi-mélancolique mi-tranquille, manifestation d’une pudeur très chinoise, mais aussi d’une conscience de la mort qui peut frapper à tout instant, et à laquelle chacun se prépare et répond à sa façon.
Cependant, loin de se présenter comme un récit contemplatif, La Princesse vagabonde demeure un récit d’action, au sens large, à l’image de son héroïne déterminée, Li Chang Ge, dotée d’une sagacité et d’un culot qui ne cesse de nous étonner, qui fera tout pour survivre et obtenir les moyens de se venger. Et il nous tarde de découvrir la suite de son voyage !
(par Guillaume Boutet)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
La Princesse vagabonde T2 & T3. Par Xia Da. Traduction Soline Le Saux. Urban China. Sortie le 12 juin 2015 & le 9 octobre 2015. 156 pages. 12,00 euros.
Commander le tome 2 chez Amazon ou à la FNAC
Commander le tome 3 chez Amazon ou à la FNAC
Lire la chronique du tome 1 & notre présentation des éditions Urban China.