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La Traversée des abandons - par Pierre Duba et Brigitte Baumié - 6 Pieds sous Terre

Par François Peneaud le 10 mai 2007                      Lien  
Le nouvel album de Pierre Duba s'éloigne un peu plus de la bande dessinée, tout en restant extrêmement graphique. Un voyage poétique dans le cheminement d'une femme.

La Traversée des abandons est le résultat d’une collaboration entre Brigitte Baumié, qui a écrit un texte court et dense, et Pierre Duba, qui a réalisé des illustrations où l’abstrait et le figuratif se renforcent l’un l’autre.
Une jeune femme marche en bord de mer, fuyant la ville, et des loups peut-être métaphoriques. Un argument simple pour une écriture évocatrice, qui laisse toute la place à des interprétations variées de la part du lecteur.

Le dispositif mis en place est d’une sobriété extrême : sur chaque page, quelques lignes du texte de Baumié et une illustration de Duba, parfois une illustration seule. Au lecteur de plonger dans les étendues de couleurs, elles aussi ouvertes à l’interprétation. Paysages ? Représentations de l’état psychologique du personnage ?

Ces pages abstraites ne sont pas le seul moyen employé pour accompagner le texte : Pierre Duba propose également des dessins en noir et blanc plus figuratifs, qui ne sont pas sans rappeler le travail d’un Mattoti. L’effet de contraste créé par la juxtaposition de ces dessins et de ces peintures est saisissant. Et tant pis si Duba s’éloigne ainsi de la bande dessinée au sens traditionnel du terme. Car il nous offre un voyage de pure beauté.

La Traversée des abandons - par Pierre Duba et Brigitte Baumié - 6 Pieds sous Terre

Finalement, ce livre apparaît comme tout entier tendu vers la volonté de montrer l’inanité des oppositions, qu’elles soient texte/image, couleur/noir & blanc, poétique/narratif, abstrait/figuratif ou bande dessinée/art contemporain. Pierre Duba a déjà fait montre, par exemple avec sans l’ombre d’un doute, de cette volonté de s’affranchir des catégories.

Car si d’un côté les tenants de l’art contemporain regardent parfois la bande dessinée de haut (quand ils ne l’utilisent pas tout en la conspuant, comme l’ont fait Lichtenstein ou Erró), les amateurs de bande dessinée refusent souvent quant à eux de comprendre l’intérêt que peut présenter l’art non-figuratif. Duba n’est ni des uns, ni des autres.
Il est un artiste de la complémentarité, et il a trouvé en Brigitte Baumié un compagnon de route qui semble l’avoir inspiré de belle façon.

(par François Peneaud)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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