Une famille sans père décide de quitter la Savoie pour la Nouvelle-Calédonie, vantée comme une terre providentielle. Mais en 1925, la vie est rude sur l’île, entre le travail des champs et les tensions grandissantes avec les Kanaks exploités et humiliés. Alors qu’une tornade menace, cette micro-société va exploser avec des révélations cruelles et des ruptures d’alliance débouchant sur une violence soudaine.
Comme dans son précédent album, Le Sentier des reines, les personnages principaux d’Anthony Pastor fuient la Savoie après une guerre. Et il s’agit à nouveau d’une famille endeuillée. Mais ici, le propos est plus porté vers la tragédie, qu’on devine dès les premières pages. Tous les personnages sont pétris de frustrations, et en attente d’une récompense ou d’une délivrance.
Pastor, qui s’est encore beaucoup documenté pour retranscrire l’atmosphère coloniale, parvient à évoquer d’une grande force une situation d’apartheid qui rappelle l’Algérie de cette époque. Si la conclusion entraîne nombre de personnages dans une violence sans issue, l’auteur épargne les plus humains, autour d’un enfant, dont les origines portent une symbolique d’une grande générosité. C’est ce message humaniste qui domine, malgré quelques scènes un peu chargées en clichés racistes dans le corps du récit.
La réflexion portée par cet album apparaît d’autant plus pertinente à quelques mois d’un scrutin d’autodétermination crucial, prévu par les accords de Nouméa de 1998.
(par David TAUGIS)
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Bonbons atomiques
Castilla Drive
Las Rosas
Ice Cream
Hotel Koral