Lancée en 2002, Écritures s’affranchit des codes habituels pour laisser une grande liberté d’expression à des auteurs du monde entier. Qui a pu oublier les récits marquants d’un Craig Thompson ou les nombreux albums d’un Taniguchi alors peu connu en francophonie ?
Au mois d’avril déjà, Casterman offrait un écrin luxueux à des titres phares. Cette fois, dix auteurs développent un début d’histoire imaginé par Sokal : une maison isolée, en bord de mer, a été coupée en deux par une violente tempête. Juchée sur les hauteurs, elle menace de s’effondrer. C’est dans ce contexte que débarque la fille du propriétaire, une héritière pas vraiment préparée...
Ces variations autour d’une jeune maman déboussolée accouchent d’un joli recueil, où les sensibilités des auteurs-aux univers très différents- s’épanouissent plutôt harmonieusement. Et l’exercice donne l’avantage aux femmes, visiblement plus inspirées par ce thème.
Le dernier volet, signé Kan Takahama, offre un joli duo familial magnifié par un noir et blanc aux trames élégantes. Hannah Berry s’en sort aussi avec brio, mêlant joutes verbales et inventaire à la Prévert, et un dessin toujours aussi solide. Tandis que Reviati minimalise à outrance, Isabel Kreitz choisit un cadre lourdement urbanisé, à la limite du hors sujet.
Quant à Nate Powell, il fond le pitch dans son propre univers avec une fougue de chaque case, utilisant une mise en page aux cadres évolutifs, belle formellement, au risque de noyer l’intrigue. Les autres, Cati Baur, Gabrielle Piquet, Taniguchi et Saulne sont un ton en dessous. Enfin Fred Bernard, lui, ne semble avoir soigné ni son scénario, ni son graphisme.
Un joli exercice de style au final, qui donnerait presque envie d’y aller de sa propre version de la villa sur la falaise.
(par David TAUGIS)
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