Après une édition 2007 où la bande dessinée s’était faite relativement discrète, les amateurs et professionnels venus profiter du cadre privilégié que constitue la Principauté pour échanger autour du thème de l’adaptation littéraire sur supports audiovisuels ont bénéficié du partage d’expérience de grands artistes du 9ème art. Ainsi Enki Bilal, dessinateur et cinéaste, dont la trilogie Nikopol est en cours d’adaptation en jeu vidéo, préside-t-il cette année le jury du Prix de la meilleure bande dessinée adaptable au cinéma. Midam, l’auteur de Kid Paddle, qui connaît un grand succès sur papier comme sur le petit écran, était membre de ce jury aux côtés de l’écrivain Thomas Gunzig, du producteur Thierry Berthier, et du réalisateur Alain Berberian.
Le Forum, placé sous la présidence d’honneur du réalisateur britannique Sir Alan Parker, et sous le haut patronage de SAS le Prince Albert II, se développait cette année dans deux nouvelles directions. Tout d’abord en créant, parallèlement à un Marché International de l’Adaptation Littéraire et à un Remake Film Market toujours très fréquentés, un nouveau Shootings Trade Show (premier salon européen des lieux de tournage). Par ailleurs, le Forum avait choisi de mettre l’accent sur l’univers des jeux vidéo, dont le développement spectaculaire croise souvent les univers du cinéma et de la bande dessinée. Signe fort de cette ouverture : la présence de Yoshitaka Amano, designer de l’un des jeux vidéo les plus vendus au monde, Final Fantasy.
Au détour de tables rondes, mais aussi d’ateliers plus "intimes", on pouvait ainsi entendre Bruno Bonnell, fondateur d’Infogrames et actuel propriétaire de la revue BoDoï, expliquer, face à des fans parfois sceptiques sur la qualité des jeux vidéo tirés de séries aussi prestigieuses qu’Astérix, Tintin ou les Schtroumpfs, que ces licences ont le grand avantage d’apporter, outre leur notoriété, un univers cohérent, permettant au designer de se concentrer sur la partie interactive. Selon lui, le développement des supports numériques – Internet mais aussi le livre électronique –, qui croisent image et texte, donne à la bande dessinée un rôle central dans la transformation de l’acte de lecture.
Ce samedi matin, une exceptionnelle table ronde réunissait, outre Bruno Bonnell, Léon Perahia, responsable de la cession de droits audiovisuels chez Dupuis, Enki Bilal, Michel Ancel, concepteur de jeux vidéo parmi lesquels le célèbre Rayman, Benoît Sokal,créateur de Canardo et concepteur de jeux vidéo et Yoshitaka Amano. L’occasion d’un échange de vues courtois, mais parfois divergent ! Benoît Sokal, traçant des perspectives pour l’avenir des jeux vidéo, insistait sur la nécessité de réfléchir sur leur grammaire propre, leur façon de raconter des histoires et susciter de l’émotion, et donc sur le rôle central que les auteurs doivent y jouer. À l’inverse, Bruno Bonnell, insistant sur l’importance de l’expression du joueur, partie prenante de l’action, estime qu’il n’y a pas d’auteurs de jeux vidéo, mais des regroupements de talents nécessitant de disposer de budgets importants. Michel Ancel, quant à lui, mettait en avant la stratégie de Nintendo, qui préfère chercher de nouvelles idées (telles que les jeux d’entraînement cérébral, au développement peu coûteux et qui rencontrent un immense succès), plutôt que la course en avant de l’inflation des coûts.
Ces trois jours de rencontres riches, pour les professionnels comme pour le public, s’achèveront ce soir avec l’annonce du palmarès 2008.
(par Arnaud Claes (L’Agence BD))
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