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La bataille d’Astérix : Il y aura une suite à Astérix

Par Charles-Louis Detournay le 14 janvier 2009                      Lien  
Depuis quelques jours, on parle beaucoup du revirement d'Uderzo : après des années à avoir clamé qu'Astérix s'arrêterait à sa mort, il l'a cédé à Hachette, et leur permet de continuer ses aventures. Il a expliqué cette volte-face à nos confrères de RTL ... sans convaincre totalement !

Dans une émission spéciale consacrée à la disparition de Claude Berri, Monique Younès, journaliste de RTL a recueilli les impressions d’Albert Uderzo. Celui en a profité pour parler de la réédition de Comment Obélix est tombé dans la marmite du druide quand il était petit qui sort aujourd’hui, ainsi que son prochain et dernier album célébrant le 29 otobre 2009 les 50 ans du Gaulois :

"[...] Nous allons sortir un album qui va s’appeler ’Le Livre d’Or d’Astérix’, comme les noces d’or qui représentent les cinquante années d’un mariage. [...] C’est un livre hommage dans lequel il y aura tout de même des bandes dessinées nouvelles, plutôt des histoires courtes qui ont trait aux anniversaires des deux personnages. [...]"]

La bataille d'Astérix : Il y aura une suite à Astérix
Plus qu’une bande dessinée, c’est un conte de Goscinny et d’Uderzo

L’auteur explique alors sa décision de céder à Hachette les droits des personnages co-créés avec Goscinny :

"[...] Ma première idée était celle qu’Hergé avait choisie. Puis, après la mort de René Goscinny, j’ai reçu une lettre, qui m’avait profondément marqué et touché, [et ce lecteur] me disait : "Vous n’avez pas le droit d’abandonner ce personnage qui ne vous appartient pas, mais qui appartient à vos lecteurs." Donc, j’estime que je n’ai pas le droit de supprimer ces personnages si le lecteur en demande encore. Je vois d’ailleurs autour de moi de grands personnages qui continuent à exister, et qui vivent très bien. [...] Il n’y a pas grand chose à dire là-dessus d’ailleurs !"

Cette réédition bénéficie de nouvelles couverture et quatrième de couverture

Et bien si, tout de même ! Cela nous étonne qu’une lettre écrite il y a 30 ans serve d’unique explication à ce brusque revirement, surtout lorsqu’il intervient dans un contexte aussi tendu avec sa fille, Sylvie Uderzo, l’ex-directrice des Editions Albert-René. On sent une pointe d’agacement dans la voix d’Albert Uderzo, comme si les questions que se pose le public le gênaient plus qu’elles ne l’encourageaient à prolonger les aventures de ’ses’ héros.

Monique Younès nous rapporte qu’Uderzo supervisera le choix des repreneurs, même si ceux-ci n’ont pas encore été déterminés. Mais gageons qu’il y aura du monde au portillon, car, mise à part la joie de participer à une légende aussi grande qu’Astérix, nombreux sont les auteurs qui aimeraient bénéficier d’un tirage de plus de trois millions d’albums à la nouveauté. On se rappelle les jeux d’influences qui avaient eu lieu lors de la recherche d’un scénariste pour Thorgal ou XIII, dont les tirages font « pâles figures » par rapport à Astérix.

Malgré ces explications un peu brouillonnes, on se demande toujours quelle mouche a piqué Uderzo.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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L’interview est disponible dans sa totalité sur le site de RTL

Photo : © N. Anspach.
Illustrations : © Editions Albert-René

Lire aussi :

- Albert Uderzo vend Astérix à Hachette (12 décembre 2008)
- La bataille d’Astérix (20 décembre 2008)
- Astérix poursuivra ses aventures ... sans Uderzo ! (10 janvier 2008)

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20 Messages :
  • Postérité d’Astérix
    14 janvier 2009 08:56

    Après la mort de son auteur, quelle est l’espérance de vie d’un personnage de bande dessinée ?
    25 ans ? Le temps pour une nouvelle génération d’imposer sa vision du monde ? Probablement quelque chose comme ça...
    Alors, pour qu’un personnage ne disparaisse pas et ne vieillisse pas, la meilleure solution est de le faire vivre en sortant régulièrement une nouveauté.
    Depuis la disparition de son ami Goscinny, Uderzo s’est battu pour faire durer Astérix. Aujourd’hui, il veut ttransmettre son héritage pour que l’aventure se poursuive. Sa décision découle d’un raisonnement parfaitement logique.

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    • Répondu le 14 janvier 2009 à  10:56 :

      Logique, peut-être, mais surprenant de la part d’un auteur qui clamait qu’Astérix ne lui survivrait pas il y a encore un an à peine, et qui disait même avoir pris toutes les garanties pour qu’on ne puisse continuer Astérix sans lui.
      C’est ce revirement qui étonne.

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      • Répondu le 14 janvier 2009 à  12:20 :

        Et alors, il a peut-être gambergé et il a peut-être été bien conseillé.
        En tout cas, de permettre de continuer, c’est généreux.

        Quel serait le succès d’Astérix et la reconnaissance du talent de Goscinny sans tout le travail qu’à fait Uderzo depuis plus de 30 ans ?

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  • Vivement le 513ème album d’Astérix ! Vivement le 658ème lucky Luke !!! Vivement le 897ème Tintin !!!! En attendant je me régale en lisant les misérables 2 écrit par le collectif de la fondation Hugo ! J’ai adoré aussi la 11ème de Beethoven !
    Vive l’art !!!

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    • Répondu le 14 janvier 2009 à  12:17 :

      La bande dessinée est à l’origine née de la presse et de l’industrie. C’est un art sériel. La série TV est aussi un art sériel né de la publicité (soap). C’est capitaliste, industriel et sériel. Les albums sont fabriqués en plusieurs exemplaires... La démultiplication de l’œuvre fait partie de sa réussite. C’est ce qui rend cet art populaire. C’est ça un art moderne au 19ème et 20 ème siècle. Au 21 ème, peut-être qu’on reviendra à la série limitée et à l’exemplaire unique ? Peut-être... mais il encore un peu tôt pour dire...

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      • Répondu le 14 janvier 2009 à  18:16 :

        Comme vous l’aviez compris, je pense que trop de séries et trop de tomes dans une série "tuent" les séries...

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  • Uderzo a toujours été un émotif !
    Quand Gosciny est décédé,Uderzo a décidé d’arrèter Astérix puis devant l’indifférence de la presse, il a décidé de continuer pour faire parler de lui !
    Aujoud’hui, il s’amuse à louvoyer concernant sa succession pour faire encore parler de lui.
    De plus on ne dit pas repreneur de Bd mais continuateur.
    Un repreneur , c’est celui qui vous rachète une bagnole pourrie pour la refourguer à un crétin tandis qu’un continuateur c’est celui qui poursuit l’Oeuvre.
    Je suis à 100% d’accord avec une continuation des aventures d’Astérix.
    Le lecteur se moque bien des auteurs ce qu’il aime c’est les héros, non ?

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    • Répondu par mmarvin le 14 janvier 2009 à  14:07 :

      De toute façon, il est libre de faire ce qu’il veut de son personnage. C’est sa création et il a aussi le droit de changer d’avis, que ce soit pour des motifs artistiques ou simplement pécuniers.

      Le seul soucis est de savoir si entre-temps il ne va pas couler sa propre licence... Quand on voit le niveau catastrophique du scénario des trois derniers albums, on a tout à craindre du futur opus. Et la, les repreneurs risquent fort de ne pas avoir trois millions de tirés dès le départ...

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  • La bataille d’Astérix : une réponse d’Albert Uderzo
    14 janvier 2009 13:22, par viguigui

    Je ne comprend toujours pas votre prise de position partisane pour Sylvie UDERZO.
    Pour moi cela est l’affaire d’un auteur qui pense au futur de son personnage. Petit historique pour rappel.

    En 1993, Uderzo après une bataille juridique de 15 ans avec DARGAUD décide pour des raisons personnelles (problème de gestion, impôt, fatigue etc..) d’arrêter ASTERIX. Suite à la lecture de la lettre d’un lecteur (la même citée plus haut, décidément) Uderzo reprend le pinceau pour raconter l’histoire de la naissance d’ASTERIX et décide de continuer l’aventure éditoriale et artistique.

    Il a toujours voulu que son personnage meurt avec ses auteurs par peur de dénaturation. Suite aux événements de fin 2007, Uderzo fait une introspection sur sa vie (autobiographie, restructure de sa société, questions existentielles, perte de ses amis), assiste aux poursuites réussis des personnages de ses anciens amis ( boule et bill, lucky luke, alix, iznogood, vaillant, schtroumph) et constate que anne GOSCINNY veut poursuivre les aventures d’asterix (cf bodoi). Préparant activement les 50 ans de son personnage, il se rapproche de hachette pour envisagé le futur d’asterix (protection, développement, licence) et il retombe sur cette fameuse lettre. Hachette veut bien racheté les éditions mais veut s’assurer qu’ASTERIX survivra pour poursuivre la pérennité de l’entreprise. Uderzo accepte et ainsi il évite un procés avec les futurs héritiers.

    Je suis en accord avec son choix d’auteur et d’éditeur, il agit pour la pérennité de son personnage comme il l’ a toujours souhaité.

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    • Répondu par non ? le 14 janvier 2009 à  14:18 :

      au fond, n’est-ce pas là la SEULE solution pour qu’une oeuvre ne tombe pas dans l’oubli ? Regardez Tintin : qui lit encore Tintin aujourd’hui parmi la jeune génération ? Peut-être qu’on va me dire "oh si, ça se vend toujours bien". Ok soit. Mais dans 30 ans, parlera-t-on encore de Tintin ????

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      • Répondu par Elodie le 17 février 2009 à  21:28 :

        C’est vrai ça !
        Dans trente ans parlera-t-on encore de Tintin ?
        Sans doute pas, trop vieux !
        Sur ce je vais lire L’odyssée, d’Homère, huitième siècle avant Jésus-Christ.

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  • Serait-il juridiquement possible, selon le droit français, pour Uderzo de prendre des dispositions afin qu’Astérix entre dans le domaine public dès sa mort ? Parce que là, ce serait effectivement une bonne façon de "donner le personnage aux lecteurs". Meilleure en tout cas que de céder Astérix à une multinationale, ce qui donnera une situation similaire à celles de Zorro ou Tarzan, qui devraient appartenir à tout le monde depuis longtemps, mais sont aujourd’hui la propriété de compagnies n’ayant plus aucun rapport avec les auteurs originaux.

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    • Répondu par Mutin le 14 janvier 2009 à  19:44 :

      En tout cas, ce qui posait un problème juridique, c’était sa décision qu’Astérix ne lui survive pas.

      Il y a deux choses bien distinctes.

      D’une part, le fait d’arrêter de dessiner Astérix. Là, sauf engagement pris avec un éditeur, il peut arrêter quand il veut.

      D’autre part, interdire que de nouveaux albums d’Astérix paraissent, que ce soit après sa mort, ou avant, s’il décide de poser définitivement son crayon.

      Il n’est pas le seul créateur d’Astérix, il n’a donc pas le droit de vie ou de mort sur lui.

      Anne Goscinny, l’autre co-propriétaire du personnage, ne souhaite pas qu’Astérix meurt avec Uderzo. Et, cette question de la valeur juridique de la décision d’Uderzo, elle l’a publiquement posée(dans Bodoï). Autrement dit, un procès, après la mort du dessinateur, entre elle et Sylvie Uderzo, aurait pu être possible.

      Je pense qu’Uderzo a voulu éviter cela. Et je suis même presque certain que le problème juridique soulevé par Anne Goscinny a joué un rôle majeur dans son revirement.

      Evidemment, quand un journaliste l’interroge à ce sujet, ce n’est pas cet argument purement juridique qu’il va lui servir. L’histoire de la lettre du lecteur (qui a d’ailleurs, elle aussi, pu peser dans sa décision) est tout de même plus sympathique.

      Uderzo a eu besoin de l’accord d’Anne Goscinny (détentrice de 20 % du capital d’Albert-René) pour vendre Astérix à Hachette. L’un des rédacteurs de ce site, a, dans un article précédent, supposé que la survie d’Astérix figurait dans une clause de l’accord avec Hachette. C’est fort possible. Mais il est tout aussi probable que cette survie avait fait auparavant l’objet d’un accord entre Uderzo et Anne Goscinny. Comment imaginer qu’ils auraient pu faire cause commune pour vendre Astérix à Hachette s’ils restaient opposés l’un à l’autre sur une question aussi fondamentale que la survie d’Astérix ?

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    • Répondu le 14 janvier 2009 à  19:45 :

      Même si c’est faisable juridiquement, ça serait une belle foire d’empoigne à mettre en oeuvre. (Rappelons qu’Uderzo ne détient pas 100% d’Astérix).
      En tout cas, Uderzo étant connu pour son attachement familial, je le vois mal priver sa descendante, même s’il s’est récemment brouillé avec elle, d’une pareille rente.

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  • Une oeuvre de qualité ne sombre pas dans l’oubli, elle perdure. On lit encore Jules Verne, Dumas, Hugo, Don Quichotte, Little Nemo, Arsène Lupin, Sherlock Holmes etc...
    Nul doute que Tintin ou Astérix (Lucky Luke ou le petit Nicolas) soient lu encore quelques décennies. Tant que l’humour passe ce sera lu, et si le charme suranné de l’oeuvre est là (comment savoir comment une oeuvre va vieillir ?) peut-être sera-t-elle encore lu dans 2 ou 3 siècles, mais dans le fond est-ce vraiment important ?

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    • Répondu par Flocon le 15 janvier 2009 à  12:25 :

      Les jeunes ne lisent les vieilleries de Hugo ou autres que parce que leur professeurs de Littérature les y obligent.
      Il ne faut pas confondre plaisir et obligation

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      • Répondu le 15 janvier 2009 à  15:59 :

        Qui parlent des jeunes, on lit à tout âge.

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        • Répondu par flocon. le 16 janvier 2009 à  12:42 :

          Disons plutôt de 7 à 77 ans : avant on sait pas lire et après, on est trop bigleux.

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      • Répondu par Matthieu V le 21 janvier 2009 à  14:15 :

        En êtes-vous sûr ? J’aimerai tant voir une étude propre sur ce sujet, pas une ukase d’un intellectuel sois-disant près des "jeunes". Je me rappelle un certain Philippe V qui a déclaré il y a dix ans que les jeunes ne lisent plus de BDs, juste des Mangas...

        Et d’abord, c’est qui "les jeunes" ?

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        • Répondu par Flocon le 19 février 2009 à  12:58 :

          Je ne suis nullement un intellectuel près des jeunes et je n’ai jamais prétendu l’être et en tant que Belge, être près des jeunes est plutôt mal vu depuis l’affaire Dutroux.
          Pour ce qui est des jeunes, ce n’est un secret pour personne qu’ils lisent des vieilleries comme Hugo et les autres que comme lectures imposées par leur prof de français et s’empressent de tout oublier dès les examens de fin d’études passés.
          J’ai été enfant et ado et je suis père de trois gosses.
          Les jeunes lisent ce qu’ils voient dans le présentoir du libraire et qui s’accorde à leur réalité et à leur temps.
          Le héros de bd est comme le disait A Franquin une enveloppe vide dans laquelle le lecteur se fond pour s’identifier au héros et vivre son aventure.
          Plus personne ne lit Bécassinne ou Tintin au Pays des Soviets ou Rocambole.
          On lit Titeuf, Petit Spirou, Mickey,Bob et Bobette,des Mangas et Comics etc...
          Un personnage de BD vit par et dans ses aventures, que ses aventures se terminent et alors commence son agonie, il cesse d’être dans le coup, il cesse d’être à la mode , il cesse d’être de son temps, il cesse d’intéresser.
          Il n’est plus qu’un cadavre tombé en attente des charognards
          Il est FINI.
          Il n’y a que Fanny R pour ne pas le comprendre.

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