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La collection 1800 revisite les grandes figures littéraires

Par Charles-Louis Detournay le 25 février 2010                      Lien  
Touche-à-tout insatiable, Jean-Luc Istin nous propose une nouvelle collection composée de mini-séries qui s'inspirent de la littérature populaire. Premier pari : mêler Sherlock Holmes et les Vampires ! C'est fou, mais ça marche !

La collection 1800 revisite les grandes figures littérairesPlus besoin de vous refaire le portrait de Jean-Luc Istin, vous connaissez déjà le dessinateur, et surtout le scénariste prolifique qu’il est, avec Merlin, le Cinquième évangile, les Druides, etc. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il dirige d’une main de maître la collection Celtic de Soleil, qui se porte excessivement bien, et qu’il a lancé dernièrement une autre collection, Secrets du Vatican, qui rcèle des séries tout aussi intéressantes(l’Ordre des Dragons, Marie, la Rose et la Croix, etc.).

1800, une nouvelle collection de mini-séries

Jamais à court d’idées, voici qu’un nouveau concept de collection lui vient à l’esprit. "Au tout début je voulais faire une collection du nom de ’Versus’," nous explique-t-il. "Je souhaitais mettre en scène des combats entre des grands mythes et personnages du XIXe siècle. Par exemple, Mister Hyde contre Frankenstein, Dracula contre le Fantôme de l’Opéra, etc. Je pensais développer quelque chose d’assez typé ’tarantinesque’. Mais au final, les premiers albums signés se sont avérés beaucoup plus sérieux et respectueux de la "base" que je ne l’avais prévu. Et puis d’autres idées d’adaptation en BD de roman du XIXe siècle me tenant à cœur, j’ai finalement transformé ’Versus’ en ’1800’."

Mister Hyde contre Frankenstein : la bête peut surgir à tout moment, au coeur de l’empire victorien
(c) Ed. Soleil

1800 va donc mettre en scène des héros de la littérature du XIXe siècle, évoluant dans un univers aux accents fantastiques. Comme on l’aura compris, on assistera à des mélanges de genre assez audacieux, mais normalement respectueux des codes originaux.

Avec le nombre de séries déjà lancées par les divers éditeurs, on peut tout de même se demander comment Istin compte imposer une nouvelle collection aussi étonnante : "’1800’ propose des mini-séries : des diptyques et des trilogies, et ceci pour deux raisons", continue-t-il. "Tout d’abord, parce que les dessinateurs sont de plus en plus ’volages’, et qu’au-delà de deux tomes, ils ne pensent souvent qu’à dessiner autres chose. Ces mini-séries sont particulièrement intéressantes pour garantir leur ’liberté’. Ensuite, c’est un gain pour les lecteurs qui n’attendent pas des années pour connaître la fin de l’intrigue !"

Sherlock Holmes & les vampires de Londres

Le premier titre de cette nouvelle collection 1800 est un excellent résumé de l’esprit proposé. Lorsqu’on apprécie le caractère rigoureux du héros de Conan Doyle, l’imaginer combattre des vampires semble légèrement grotesque. Pourtant, cela se fait très naturellement dans la première partie de ce diptyque, en grande partie, parce que l’univers de Sherlock Holmes y est scrupuleusement respecté.

En mai 1891, Sherlock Holmes est supposé avoir péri dans les chutes de Reichenbach en affrontant son plus grand adversaire, le professeur Moriarty. Comme nous le savons, Holmes est bien vivant et compte tirer profit de sa mort présumée pour courir le monde. Mais Holmes voit ses projets contrariés quand des vampires londoniens retrouvent sa trace à Paris. Leur maître à tous lui imposent de combattre un de leurs dissidents qui menace la famille royale. Hélas, il n’est pas si simple d’affronter les créatures de la nuit …

Holmes va être confronté au maître des vampires

La réussite de cette aventure repose avant tout sur le talent d’écriture de Sylvain Cordurié, dont nous avions déjà parlé dans L’Épée de feu et le Seigneur de Cornwall. Il parvient à mêler la diabolique perversité des vampires à l’analyse froide et logique du grand détective sans tomber dans le grand guignol. L’ambiance victorienne constitue alors un cadre parfait pour mettre ces personnages en scène, et le fameux brouillard londonien n’en devient pas moins mystérieux que menaçant.

Le second et déjà dernier tome est prévu pour mai 2010. Bien entendu, quand une série débute sous d’aussi bons augures, on pourrait alors s’attrister du concept de mini-série. « Tout est toujours possible pour prolonger ces aventures, Mais je ne désire pas forcer les auteurs à l’envisager. C’est leur liberté. Toutefois, comme le premier tirage est déjà épuisé, je vais tout de même en parler prochainement à Sylvain Cordurié ! », admet Jean-Luc Istin.

Les autres titres de la collection 1800

Mister Hyde contre Frankenstein par Dobbs & Marinetti (deux tomes qui devraient sortir respectivement en mars et août 2010) : à cette époque, deux savants jouaient dangereusement à Dieu, faisant revivre une créature, ou mettant à nu la face maléfique de l’être humain. Le récit va exploiter ce qui ce serait déroulé si la création de Frankenstein n’avait pas disparu dans les glaces du pôle, et si Jekyll rentrait en possession de ces avancées ‘scientifiques’…

Ash par Debois & Krystel (T1 : juin 2010) 1850, en Bohème, une jeune fille prénommée Ash vient enfin d’être libérée de sa prison souterraine, dans laquelle elle croupit depuis 400 ans. Sans doute une conséquence de sa rencontre avec un certain Faust !

Ash : entre vie éternelle et apparente fragilité

Elle (T1 : Juillet 2011) Chouraqui & Aja vont adapter un roman d’Henry Rider Haggard, mêlant recherches archéologiques et reine immortelle au cœur de l’Afrique.

20.000 siècles sous les mers par Nolane & Dumas (T1 : août 2010) Mai 1871, alors que la Commune de Paris est réprimée dans le sang, Nemo sauve in extremis le Professeur Aronnax et Amélie Dupin. Dans ce nouveau Nautilus, il part à la recherche d’un trésor englouti au large de Cuba, mais le plus grand danger pourrait provenir de l’entité millénaire cachée dans l’inconscient du capitaine.

Allan Quatermain et les mines du roi Salomon par Dobbs & Dim (T1 : septembre 2010) Il s’agira bien entendu de l’adaptation du roman d’Henry Rider Haggard. En 1880, le célèbre héros aventurier s’enfonce dans l’Afrique inconnue afin d’assouvir sa passion dévorante : retrouver les diamants cachés du Roi Salomon !

Grands anciens par Lainé & Vukic (T1 : septembre 2010) : Nouvelle-Angleterre, 1850, ce récit de marin et de chasse aux monstres devraient réunir l’imaginaire aventureux d’Herman Melville, ainsi que les fameuses créatures de Lovecraft, comme le titre l’indique.

Alamo par Dobbs & Pezzi (T1 : janvier 2011) : Le 22 avril 1836, lors de la bataille de San Jacinto, les troupes texanes entrées dans une rage incompréhensible massacrent les Mexicains, achevant même les blessés. Elles ne scandent qu’un cri : « Souvenez-vous d’Alamo ! ». Cette série va revenir sur la face cachée de cet épisode épique des États-Unis, et ce qui a provoqué une telle fureur.

Après Marie, Elie Chouraqui continue d’adapter de célèbres romans en bande dessinée.
Dans ce cas-ci : Elle, d’Henry Rider Haggard.

Voici donc une nouvelle collection sur les rails et prête à fondre sur l’imagination des lecteurs friands de monstres et de littérature fantastique. Les prochains tomes pourront bientôt nous dire à quelle sauce nous serons mangés. Espérons qu’ils soient aussi efficaces que ce premier Sherlock Holmes & les vampires de Londres !

(par Charles-Louis Detournay)

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8 Messages :
  • Ce sera difficile de marcher dans les pas d’Alan Moore avec sa "League des extraordinaires gentlemen" !
    Les titres de ses futures adaptations m’y font hélas inévitablement penser : on n’y retrouve les mêmes personnages de la littérature du XIX siècle !
    Effer

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  • Oui le même pénible sentiment : cela pompe plus ou moins heureusement l’univers de la Ligue. Alors, quel intérêt ? Encore un "auteur" incapable de créer ses propres personnages ?

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    • Répondu par Charles-Louis Detournay le 27 février 2010 à  13:45 :

      J’entends bien vos appréhensions en lien avec la Ligue des Gentlemen extraordinaires. Cela ne m’a bien entendu pas échappé en écrivant cet article. Je voudrais pourtant nuancer : le roman du XIXe est une base commune incontournable dans notre culture. Si on devait s’empêcher de prendre un thème car un scénariste précédent l’avait utilisé avec brio, je pense qu’on peut diminuer de moitié la production actuelle.

      Mis à part M Hyde contre Frankenstein (et p-ê les Grands Anciens en y mêlant Melville), ces mini-séries ne font qu’exploiter un seul ’héros’ de cette époque, souvent en ajoutant des éléments intéressants, voire paradoxaux. Ceci tout au contraire de la Ligue.

      Je ne suis pas payé par Soleil pour faire leur promo, mais j’avoue que si j’étais fort circonspect devant la présentation de la collection, j’ai été plutôt conquis par leur premier titre, malgré le fait que je suis plutôt tatillon sur les diverses utilisations de Holmes et des vampires.

      Je propose donc de laisser le bénéfice du doute à ces futurs albums avant de les accuser de plagier facilement la Ligue, même si la proximité de leur récente sortie accroit cette comparaison.

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      • Répondu par Oncle Francois le 27 février 2010 à  14:13 :

        Sans parler de plagiat (il sera de toute façon très difficile, voire impossible d’imiter de façon convaincante un génie du scénario !!), il est quand même irritant de voir l’impuissance éditoriale et créative de certains décideurs de grandes maisons. Je suis persuadé que sans le succès (mérité) de Moore sur ces revivals de personnages presque centenaires, Soleil ne se serait jamais aventuré sur cette voie.

        Qui dit multiplication de produits dérivés, "à la manière de", "sur le créneau marketing porteur de", "dans la tradition initiée par" signifie en fait : "on n’a pas d’idée, on a vu ce qui marchait chez la concurrence, donc voila !". On a vu ce que cela a donné avec la BD indé (sympa quand cantonnée à Lapin et à Cornélius), le thriller politicofinancier(Largo Winch etait sympa). A force de gaver le public comme des oies, il finit par se noyer dans un océan d’imitations.

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        • Répondu par Charles-Louis Detournay le 27 février 2010 à  14:50 :

          Très cher Tonton, il y a autant de rapport entre le dernier album de la Ligue et cette récente variation fantastique de Sherlock Holmes, qu’entre un Jim Cutlass et un Durango. Faut-il interdire tous les westerns pour autant ? Dénigrer toutes les séries économiques parce que Largo Winch est souvent unanimement porté au pinacle ? Refuser les séries d’héroïc-fantasy après Lanfeust ?

          Je trouve totalement réducteur de critiquer un concept sur le fait qu’elle puisse s’appuyer sur un thème, alors que d’autres l’ont déjà utilisé. Les plus grands créateurs que vous considérez comme illustres (souvent à juste titre) l’ont ainsi fait : tels Franquin, Jijé, Hergé et bien d’autres. Croire qu’on tire son art du néant est nier l’éducation consciente ou inconsciente qu’on a reçu. Jouer sur des thématiques pour surprendre ou tenter de captiver un lectorat est une entreprise difficile. Bien sûr, certains éditeurs jouent sciemment la carte du concept commercial, mais cela n’empêche pas des auteurs de travailler avec passion, et de pouvoir réaliser une bande dessinée intéressante, voire innovante car ils auront explorés une voie jusqu’alors inédite. Si c’est le succès, qui se souviendra dans cinq ans que le projet avait été accepté car il surfait sur telle ou telle mode ?

          Le premier tome de cette collection 1800 mélange humour à froid tels que les lecteurs de Conan Doyle et des récits vampiriques l’apprécient, justesse du scénario dans ce difficile équilibre, un bon rendu historique de la période victorienne, etc. Il y a vraiment aucun rapport avec la composition et la construction des récits de Moore, mais cela reste très intéressant à ce niveau. Je sais que le premier tirage de cet album est épuisé et qu’ils sont en train de le rééditer. Certes, ce n’est pas parce que cinquante millions d’imbéciles répètent une bêtise qu’elle en devient intelligente, mais dans le marché concurrentiel comme celui de la bande dessinée actuellement, je reste certain que ce type de signe dans le premier mois de lancement est encourageant, même si le premier tirage n’était pas colossal.

          Enfin, je ne pense pas que les auteurs "d’avant" avaient plus ou moins d’imagination que maintenant. Certes dans la masse de la production actuelle, il est parfois plus compliqué de poser le doigt au bon endroit, mais balayer en bloc n’est pas constructif pour autant. Je ne dis pas pour autant que la suite de cette aventures de Sherlock Holmes et les Vampires de Londres, ou que les autres albums de la collection atteindront le même niveau, mais franchement, si on m’avait présenté le synopsis de la série en tant qu’éditeur, il y aurait très peu de chances pour que je l’eus accepté d’emblée.

          Alors oui, osons, réinventons et innovons ! Même autour de thèmes qu’on pense éculés, car comme vous le savez sûrement, on a vu souvent rejaillir le feu d’un ancien volcan qu’on croyait trop vieux.

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          • Répondu par la plume occulte le 28 février 2010 à  15:50 :

            C’est peut être une collection qui s’adresse à un public plus "volatil" que celui pur et dur habituel de la bd.Un public qui fonctionne plus au coup de coeur spontané ,et attiré par ce qui lui parle parce que déjà vu ailleurs.Ce public se doit d’être touché par les éditeurs aussi.Il est aussi respectable que les autres, la bd n’appartient à personne

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          • Répondu par Oncle Francois le 1er mars 2010 à  22:14 :

            Merci pour votre longue réponse, mais celle-ci me laisse insatisfait. Puisque vous avez cru bon d’argumenter en longueur, permettez moi d’essayer d’être aussi efficace tout en étant plus concis.

            1)Je ne remets pas en cause le travail des auteurs. Les planches que vous présentez dans l’article sont de bonne facture et témoignent d’un véritable travail.

            2)Si ma mémé-moire (gag fredien, appréciez !°) est bonne, j’ai vu ce livre en librairie,alors que je venais de voir le film "Sherlock Holmes" au cinéma. Il est donc possible que ces sorties simultanées ne soient pas liées au hasard, on a même parlé de "Sherlock Holmes" (le film !!) au journal TV. De là à parler de parasitisme, il y a un large pas...

            3)Ah mais, à bien y réfléchir, Sherlock Holmes doit être tombé dans le domaine public depuis longtemps. Donc pas de risque de procès à le remettre en selle. De plus,le célèbre détective est un personnage très populaire, qui a son fan-club, je crois (ils organisent même des weekends d’enquètes à Baker Street). Donc je persiste à penser qu’il s’agit d’une tentative éditoriale des plus opportunistes, uniquement destinée à faire un peu d’argent facilement, ce qui n’enlève rien aux mérites des auteurs concernés bien sûr.

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            • Répondu par Charles-Louis Detournay le 2 mars 2010 à  05:20 :

              Très cher Monsieur,

              Je comprends bien votre argumentation : vous regrettez l’emploi d’un personnage déjà connu, plutôt que d’en créer un nouveau et vous appelez cela de l’opportunisme.

              Je respecte votre point-de-vue, j’espère que vous comprendrez le mien : je suis ravi de découvrir de nouveaux personnages, mais cela demande parfois beaucoup de pages pour les mettre en place au détriment de l’intrigue. Si nous étions encore dans une logique universelle de longues séries, c’est moins dérangeant, mais dans l’idée de mini-séries prises comme axiome par Istin dans cette collection, c’est plus dérangeant et surtout moins intéressant.

              Je pense que la sortie du film Sherlock Holmes est plus due au hasard. Saviez-vous que ce personnage est celui qui est le plus employé à tort et à travers au cinéma, en littérature et donc en bande dessinée ? Si le fait de l’employer donne donc une facilité, c’est une arme à double-tranchant car les ’fans’ ne tolèrent plus qu’on fasse n’importe quoi avec lui sous peine de boycotter. Or le pari de mêler des vampires était loin de faire l’unanimité. Enfin vous parlez de fans club d’Holmes, sachez que le scénariste a tout de même consulté le plus illustre de ceux-ci sur le sol français, afin d’éviter de tomber dans l’amateurisme. Preuve d’une certaine recherche s’il en est.

              Il y a donc des difficultés propres à adapter un tel personnage dans ces conditions, d’autres auteurs s’y sont cassé les dents, et si la qualité n’était pas au rendez-vous, je défendrais avec autant d’acharnement la principe de reprendre un personnage public, que j’aurais critiqué l’album. Bien entendu, chaque éditeur et auteur espère que son album se vendra, et touchera le public. Et une partie du message passe déjà avec le nom du personnage sur la couverture [1], mais ce n’est en définitive pas plus populaire que de faire un album sur des courses de voitures, ou avec des femmes dénudées.

              Dans le reste de la collection, d’autres scénarios reprennent des personnages moins connus, voire inédits, dans un esprit de découverte pour ceux qui apprécieraient le genre fantastique du XIXe. Je ne suis pas certain que tout sera bon, mais je suis impatient de les lire.

              Enfin, et pour reprendre les propos de mon dernier échange avec Didier Pasamonik, c’est cette bande dessinée populaire et donc commerciale qui fait vivre et prospérer l’ensemble du milieu. Bref, il en faut pour tous les goûts.

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