Nombreux sont ceux qui en parlent sans savoir. Mais les communautés nées dans le sillage de mai 68 n’ont pas été uniquement basées sur le partage des herbes de Provence entre amateurs chevelus de Grateful Dead.
Tanquerelle n’a pas été chercher loin son témoin indispensable : c’est le père de sa compagne. Et Yann Benoît a fondé avec d’autres un groupe parti chercher une vie différente en pleine campagne. Au programme : échapper à la société de consommation, partager les taches, promouvoir l’égalité des sexes et surtout bannir le pouvoir et l’autorité.
Racontée avec une fantaisie bienveillante, cette communauté vit merveilleusement sous le trait de Tanquerelle. Le dessinateur se rapproche forcément du Davodeau des Mauvaises gens et de Rural, avec un graphisme cependant beaucoup plus libre. Tanquerelle se permet de changer de style pour mieux croquer des saynètes importantes de la vie communautaire, comme si une photo sépia venait compléter le tableau. Des flash-backs, façon documentaire ciné/télé. Mieux, il varie la mise en scène du dialogue avec Yann Benoît en jouant sur la représentation du duo : ainsi Tanquerelle et son interviewé apparaissent parfois comme des petites souris, ou toisant, tels des géants, la ferme communautaire devenue minuscule.
Certes, les dialogues occupent une grande place dans ce récit, mais l’intérêt du sujet ne faiblit jamais. La communauté décrit avec une telle précision cette aventure qu’il fait figure de reportage saisissant.
Un deuxième tome, probablement centré sur les périodes difficiles, doit voir le jour prochainement.
(par David TAUGIS)
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