« Je ne comprends même pas, nous dit-il. C’est quand même un scénario assez difficile à saisir pour un Espagnol. Or, l’album s’arrache. J’ai fait quatre télé et trois « une » de quotidiens avec des interviews. El Periodico, un grand quotidien espagnol de droite m’a consacré une page entière ; j’ai été reçu par un ex-ministre de la justice, le président du parlement, c’est hallucinant ! Je ne pensais pas que la campagne électorale française passionnait les Espagnols à ce point. » Pas que les Espagnols, d’ailleurs. L’enquête sur la face « kärchée » de Sarkozy publiée en coédition par Glénat et Fayard a fait un malheur en France : 200.000 exemplaires vendus, du jamais vu pour un album de ce genre !
Qu’est-ce qui peut bien expliquer un tel engouement ? Le fait qu’il s’agit là de la première « enquête » sur un homme politique ? « Il y avait un vrai travail, un ton qui a séduit, commente Richard Malka. Le public a apprécié, il a été là. Ce dont je me suis aperçu, c’est que le public de ce livre n’est pas du tout celui de la BD. Manifestement, il y a plusieurs niveaux de lecture. Des gamins de douze ans l’ont acheté juste pour rigoler, sans saisir le côté politique, informatif du livre. Ca je ne m’y attendait pas. Et puis, il y a les gens qui l’ont acheté pour s’informer à l’approche des présidentielles, en rigolant, de manière ludique. Bien sûr, en dédicace, on rencontre des tas de gens qui n’aiment pas Sarkozy, mais aussi des gens de droite qui ont de l’humour. A l’époque des fêtes, on en a vendu pas loin de 35.000 exemplaires par semaine, un cadeau que les gens s’offraient entre eux, qu’ils soient de gauche ou de droite. C’était le cadeau de Noël des chiraquiens ! Les critiques les plus dithyrambiques venaient de là. Dominique de Villepin a même déclaré que c’était son livre de chevet et que ça le faisait mourir de rire ! Apparemment, il n’était pas le seul. »
Sarkozy est-il un homme politique plus caricatural que les autres ? « Il fait une caricature de lui-même ! s’esclaffe Richard Malka. Il est bondissant, allant partout, tenant des propos caricaturaux… Il se prête vraiment à cet exercice-là. Par ailleurs, il a un parcours politique qui est assez ample, il a 30 ans de politique derrière lui. On ne peut pas faire cela avec n’importe quel candidat. »
Avec un tel succès, les auteurs ont eu envie de lui donner une suite annoncée pour le 15 mai. « L’album suivant raconte la campagne électorale, explique Richard Malka. C’est à nouveau une enquête, avec la même équipe Cohen, Riss et moi. Mais c’est cette fois beaucoup plus large que Sarkozy. Là tout le monde en prend pour son grade. C’est l’histoire des neuf dernières semaines de la campagne vue avec des angles originaux, comme par exemple celui du quotidien Libération ou de la presse américaine, le tout, toujours d’une façon très satirique. » Donc, si on a un doute avant dimanche, il faut lire La face kärchée ? « Absolument ! S’il gagne les élections, je vais être obligé de m’exiler ! »
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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