L’action, au début du récit, se situe en Algérie en novembre 1954, au cours des premières semaines de l’insurrection.
On suivra en parallèle les destinées des différents personnages : Sauveur et Marianne, jeunes français insouciants qui demeurent à Alger. Samia, étudiante en médecine et son cousin Ali, également étudiant. Octave, proche parent de Marianne, gradé récemment rentré de Dien Bien Phu pour venir grossir les rangs de l’armée française en Algérie. Mourad enfin, qui prendra le maquis pour le FLN montant.
Le récit s’articule cependant autour du jeune berger Saïd, qui habite un village perdu dans lequel tous les personnages se rendront à un moment ou l’autre de l’histoire. Ferrandez nous livre, avec la sensibilité qu’on lui connaît, une histoire empreinte de vérité, de vécu.
Les héros ne sont jamais jugés, l’auteur cherche au contraire à analyser le parcours des individus. Chaque communauté présente en Algérie à l’époque est représentée, ainsi que ses réactions face aux grands tourments de l’Histoire.
(par Patrick Albray)
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A nouveau, la magie des dessins et des aquarelles de Ferrandez envoûte le lecteur et restitue par touches impressionnistes les ambiances de couleurs et de chaleur du pays. Puis vient l’histoire, celle d’êtres humains qui vont être emportés par le tourbillon de la guerre, obligés de choisir le bon camp sous peine d’être massacrés. Ferrandez, lui, ne choisit pas, ne juge pas et laisse s’exprimer les uns et les autres. Il n’y a ni mauvais ni bons dans ce magnifique roman où, à aucun moment, ne transparaît le moindre manichéisme, la moindre condamnation, ni des combattants algériens massacrant et rançonnant, ni des soldats français torturant ceux qui tombaient entre leurs mains. "L’Algérie aurait dû être le plus beau pays du monde", dit l’un de personnages du livre. Le système colonial l’a transformé en enfer. Un superbe livre qui fait comprendre beaucoup de choses dans le drame qui s’est déroulé à l’époque et dont les blessures ne sont toujours pas cicatrisées. Une leçon de tolérance, aussi.