Michel Coste, l’ancien directeur artistique de la galerie Art Maniak (mais aussi conseiller d’un groupe de collectionneurs et d’autres galeries) a fait savoir à qui voulait l’entendre qu’il n’était pas le responsable de la programmation de Marsault aux cimaises de la galerie Art Maniak, mais que ce choix était le fait de son jeune propriétaire Clément Gombert.
Effectivement, multipliant les dessins provocateurs à l’endroit des progressistes, des féministes, des homosexuels, des immigrés et bien évidemment des journalistes…, Marsault cumule tous les marqueurs propres à la fachosphère jusqu’à se déclarer la victime de la censure contre la liberté d’expression et du « politiquement correct ». Une sorte de Dieudonné de la BD en quelque sorte qui, comme l’adepte de la quenelle, hurle contre les médias et contre les déconnexions des réseaux sociaux sur lesquels ses thuriféraires et lui-même font la surenchère de posts odieux.
Avec son dessin médiocre et son humour lourdingue, Marsault se réclame de la liberté de Reiser et du génie de Gotlib. Ils sont morts, ça tombe bien, ils ne peuvent pas le contredire. On l’associe même à l’esprit de Fluide Glacial, ce qui fait hurler de rage son rédacteur en chef Yan Lindingre. Il ne viendrait jamais à l’esprit de notre dessinateur laborieux que jamais Cavanna, Cabu ou Wolinski, jamais Gotlib et Diament, n’auraient publié le moindre commencement de son humour trash qui s’attaque aux personnes et surtout aux causes les plus légitimes.
Maniant l’insulte (« punks à chiens blennorragiques », « gauchistes anémiques », « grosses à cheveux verts », « punk à chien sataniste »), il entretient, paraît-il, une large communauté de fans qui mènent pour lui une guérilla numérique dont récemment la dessinatrice Tanxxx a fait les frais.
Cela n’empêche pas certains libraires parmi les plus réputés, comme récemment la librairie Brüsel à Bruxelles, de l’accepter en dédicace, salivant par avance du « buzz » que cela peut constituer et de la longue file de godillots au crâne rasé que cet auteur est censé attirer.
C’est sans doute cette notoriété sulfureuse qui a incité Clément Gombert à organiser cette expo qu’il a décidé de retirer « de commun accord » avec le dessinateur après la volée de bois vert qu’il a prise, en particulier des membres de l’Association Artemisia pour la défense de la bande dessinée féminine.
Le collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme a réagi, sur sa page Facebook en faveur de la défense de leur collègue : « Nous, créatrices de bande dessinée, ne pouvons tolérer qu’une collègue se fasse harceler sur les réseaux sociaux, par un auteur et ses fans. Toucher à l’une d’entre nous, c’est toucher à chacune et à toutes. Notre collectif a été créé il y a maintenant trois ans, pour dénoncer le sexisme et ses violences, qui sévissent aussi dans notre milieu professionnel. Pour l’ensemble de ces raisons, nous tenons à exprimer tout notre soutien à Tanxxx. »
Il va sans dire que notre soutien rejoint le leur.
DROIT DE RÉPONSE DE LA GALERIE ART MANIAK
Notre jeune galerie a déjà organisé huit expositions d’artistes indéniablement très différents les uns des autres. Certains étaient connus, d’autres moins mais le choix de tel ou tel artiste a toujours été fait en fonction de l’intérêt artistique que nous leur trouvions.
Quand l’on nous a présenté Marsault, nous avons trouvé que les dessins que nous avions visionnés, avaient une certaine originalité artistique et en conséquence, notre neuvième exposition a été programmée.
Nous pouvons affirmer que nous n’avons jamais eu avec Marsault de discussions abordant ses convictions politiques, sociales ou philosophiques tout comme nous n’avions jamais auparavant eu de discussions aussi intimes avec les dessinatrices, féministes ou non, d’Artemisia quand nous les avons exposées il y a un peu plus d’un an.
Marsault, dans sa déclaration, d’ailleurs, a eu l’honnêteté de préciser que nous ne partagions pas ses idées politiques.
Tous les artistes qui ont été exposés sur nos cimaises peuvent confirmer que nous ne faisons absolument pas de politique et que nos conversations n’ont été effectuées que sur l’art et les problèmes artistiques de notre époque.
Pourquoi cette campagne de presse contre Marsault tient-elle à nous accuser conjointement à l’artiste et nous menacer sous toutes les formes en affirmant le contraire de la réalité nous concernant ?
Vous informez que la dessinatrice Tanxxx est actuellement insultée et menacée par les « aficionados » de Marsault. Vous auriez pu, pour le moins, indiquer que nous avons subi en premier rigoureusement les mêmes menaces qu’elle depuis les premiers propos contre nous qui sont devenus continuels. Il ne se passe pas une journée, depuis, sans voir apparaitre de nouvelles attaques.
Clément Gombert
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(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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