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La pieuse jeunesse de Charles M. Schulz

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 20 décembre 2009                      Lien  
C’est un cadeau qu’on avait oublié de mettre sur la liste du Père Noël. « Les jeunes selon Schulz » (Vertige Graphic). Un livre qui explique mieux que dix traités de sociologie l’enracinement religieux des États-Unis.
La pieuse jeunesse de Charles M. Schulz
Les Jeunes, selon Schulz
Editions Vertige Graphic

Les deux élections de Georges W. Bush à la présidence des États-Unis ont toujours paru incongrues aux Français tellement formatés par la Laïcité ancrée dans la société depuis la Séparation de l’Église et de l’État. Pourtant, il n’est pas rare de croiser dans nos provinces ces jeunes Américains en costume sombre et au sourire ultrabright, portant invariablement sur leur badge le prénom d’Elder et qui vous abordent en parlant de la Bible. La devise de l’État américain est bien « In God We Trust » (Nous croyons en Dieu) surmontée d’un œil accusateur. C’est donc une société bien plus portée sur la spiritualité que la nôtre.

En lisant les célébrissimes Peanuts de Charles M. Schulz (8 volumes de l’intégrale sont parus chez Dargaud), on tombe rarement sur le versant religieux de la personnalité de l’auteur, lequel se bornait à déclarer que le personnage de Linus van Pelt représentait sa « face spirituelle ». De confession luthérienne, Schulz termina sa vie en déclarant qu’il n’allait désormais plus à l’église mais qu’il gardait une certaine forme d’ « humanisme laïc ».

La distance plutôt que l’impertinence

Il n’empêche que, durant vie de jeune adulte, il fut assez actif dans la congrégation protestante Church of Anderson laquelle, avant les années cinquante, prohibait le port du pantalon chez les femmes, la piscine publique mixte, la télévision dans les foyers et, avant toutes choses, le divorce. C’est dans ce contexte qu’il faut lire Les Jeunes selon Schulz, un ouvrage qui vient de paraître chez Vertige Graphic.

Les Peanuts, le Tome 8 de l’Intégrale
(Dargaud)

Cette petite merveille d’observation des mœurs religieuses américaines, à la fois pénétrante et bon enfant, avait été créée pour la revue Youth destinée aux adolescents, une publication émanant de l’Église d’Anderson. La série s’intitulait Young Pillars (jeunes piliers) et était constituée de dessins d’humour publiés entre 1956 et 1965, donc parallèlement aux Peanuts.

On ne se lasse jamais devant ces fines notations qui restent dans l’ordre WASP tout en exprimant une forme de révolte bien éloignée de l’image du Rebel Without a Cause incarnée par James Dean de façon contemporaine (1955).

L’intégrale de Peanuts, dans la hotte du Père Noël
Editions Dargaud

Le discours est distancié, car il faut bien prendre en compte les évolutions de la société américaine surtout lorsque, comme Schulz, on a fait partie de la 20ème Division américaine qui participa au Jour le plus long et qui libéra le camp de Dachau, mais pas impertinent, car il a, malgré tout, le respect de la mission évangélique de l’Église. Ce qui se résume par ce type de saillie : « Je m’appelle Walter, j’ai trois ans et je viens de me convertir » ou encore : « J’aimerais être un grand théologien, révérend Hall, à condition que je ne doive pas trop être religieux. »

On ne se lasse pas non plus devant l’impeccable trait de Schulz, cette géniale économie dans la caractérisation, l’expression, et le mouvement, et puis cette façon incroyable de prendre le lecteur à témoin. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est inspiré.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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2 Messages :
  • La pieuse jeunesse de Charles M. Schulz
    20 décembre 2009 13:35

    C’est donc une société bien plus portée sur la spiritualité que la nôtre.

    Comment peut-on qualifier l’ostracisme sectaire de la religion aux USA de "spiritualité" ?

    Répondre à ce message

    • Répondu par Moynot le 21 décembre 2009 à  22:07 :

      L’utilisation de ce terme en l’occurrence est effectivement impropre. La spiritualité n’a à voir avec la religion qu’occasionnellement. La religion n’est spirituelle que fortuitement. Arrêtons de tout mélanger. Le respect pour le talent de M. Schultz ne doit pas nous obscurcir l’esprit.

      Répondre à ce message

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