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La presse BD au Japon : un autre monde

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) Stéphanie Francqueville le 28 mars 2010                      Lien  
Début janvier 2010, l'association des éditeurs de magazines japonais publiait [les chiffres de vente des mangas diffusés en kiosque->http://www.j-magazine.or.jp/]. Les résultats couvraient la période du 1er octobre 2008 au 30 septembre 2009 et laissaient ressortir une baisse générale des ventes pour l'ensemble des éditeurs. Le tassement des ventes de mangas touche donc également l’archipel.

On retrouve dans les magazines japonais la segmentation habituelle des mangas : des publications qui s’adressent aux jeunes garçons, aux jeunes filles, aux adultes masculins et enfin, celles destinées aux femmes.

La presse BD au Japon : un autre monde
Shonen Jump de Shueisha, le champion toutes catégories

Sans surprise, c’est le Shônen, la BD pour jeunes garçons, qui domine le marché. Avec 2.809.362 exemplaires vendus en moyenne par semaine en 2009, le magazine de Shueisha Shonen Jump surclasse tous ses concurrents. La revue créée en 1968 et qui avait fêté ses 40 ans à Paris à Japan Expo en 2008 est en progression cette année. Un succès qui ne surprendra personne puisque le mag de Shueisha est l’éditeur traditionnel des plus grandes séries japonaises, telles que Dragon Ball, City Hunter, Death Note et One Piece.

Son concurrent le plus direct est l’hebdomadaire Weekly Shonen Magazine publié par Kodansha qui vend “seulement” 1,65 millions d’exemplaires par semaine est en recul cette année.

Ensuite, c’est la revue de Shogakukan Weekly Shonen Sunday, en net recul cette année puisque ses ventes dérapent de 880.000 exemplaires par semaine à 770.000, alors que leur autre revue Coro Coro Comic, connue grâce aux Pokemon, progresse de 860.000 ex à 910.000.

Le marché des mangas pour adultes

Weekly Shonen Magazine de Kodansha

Le trio Shueisha, Kodansha, Shogakukan domine aussi les autres segments du marché. Plus fournie dans l’offre avec ses 35 magazines différents, les publications pour adultes totalisent environs 8,8 millions d’exemplaires vendus par semaine, soit plus de 200 000 copies de plus que la presse pour jeunes garçons qui a vendu environ 8,6 millions avec « seulement » 16 magazines. Les ventes sont plus étales dans le secteur adulte, mais aucune ne dépasse néanmoins le million d’exemplaires vendus par semaine.

Avec plus de 857.000 exemplaires écoulés hebdomadairement, le Young Magazine de Kodansha se place en tête des ventes. On y trouve les séries XXX Holic de Clamp, Initial D de Shūichi Shigeno ou encore Higanjima de Kôji Matsumoto. Il est suivi de près par le Weekly Young Jump de Shueisha et ses 852.000 exemplaires, le magazine de prépublication qui a édité Gantz, Liar Game et Rozen Maiden.

"Coro Coro Comic" de Shogakukan

Avec 791 000 exemplaires vendus par numéro, le troisième grand éditeur japonais, Shogakukan, rejoint le trio de tête, proposant les mangas de Naoki Urasawa dans son Big Comic Original.

Passé ces trois géants, les chiffres passent rapidement en-dessous des 400 000 exemplaires vendus. C’est le magazine Ikki, spécialisé dans le manga « alternatif », qui se place en bon dernier avec ses 13.750 exemplaires, avec des ventes ressemblant aux normes françaises…

La femme est-elle l’avenir du manga ?

Du côté des magazines féminins, ce sont toujours Shogakukan, Kodansha et Shueisha qui mènent la danse avec respectivement Ciao (815 000 ex.), Nakayoshi (306 000 ex.) et Bessatsu Margaret (275 000 ex.) Le Ribon, qui publie pourtant les œuvres de Arina Tanemura, et le Hana to Yume, qui propose les mangas de Kaori Yuki, ne se positionnent qu’en quatrième et cinquième position. Il faut dire aussi que la concurrence est moins rude puisque seulement six éditeurs se partagent le marché contre plus d’une dizaine pour le public adulte.

Young Magazine de Kodansha, leader sur le secteur adulte

Enfin, concernant le josei (public féminin adulte), les scores n’ont rien à voir avec ceux qui précèdent, le plus grand chiffre de vente s’élevant à 179 542 exemplaires. Il s’agit de YOU de Shueisha qui a publié Papa Told Me et Honey and Clover. Suivent Cookie du même éditeur et ses 165 000 exemplaires vendus et Be-Love de Kodansha et ses 173 125 exemplaires par numéro.

Une croissance recherchée à l’international

Selon ce rapport, l’ensemble des magazines Shônen est sur la pente descendante. D’où la recherche d’un développement à l’étranger. Shogakukan est une maison sœur de Shueisha associée avec elle dans le développement de la maison d’édition américaine Viz qui édite notamment des magazines de ces groupes aux États-Unis, pratiquant le cross media avec les exploitations en dessins animés, en particulier en relation avec certaines chaînes câblées.

Ce contrôle de la localisation est certainement ce qui a motivé la création de Viz Europe, présent en France depuis 2007 et futur grand acteur du marché européen, aussi bien dans l’édition que dans la distribution de dessins animés ou dans la gestion des licences.

Un point de vente à Tôkyô
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

La BD franco-belge n’est absolument pas dans cette logique de la survie par la création de titres à l’étranger. Au contraire : les éditions Dupuis qui publiaient le magazine de Spirou en néerlandais depuis 1938 sous le titre de Robbedoes, l’a abandonnée en 2005.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

(par Stéphanie Francqueville)

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1 Message :
  • "Les résultats [...] laissaient ressortir une baisse générale des ventes pour l’ensemble des éditeurs. Le tassement des ventes de mangas touche donc également l’archipel."
    Petite nuance : La baisse des magazines japonais est effective et progressive depuis le milieu des années 90.

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