Les amateurs de polars connaissent Manchette, surtout actif dans les années 1970, mais les bédéphiles moins. Très politisé, touchant à de multiples formes d’écriture, il s’était fait un nom avant d’arrêter de publier dans les années 1980. Ce roman (la princesse du sang) est paru en 1996 après la mort de l’auteur. Son fils Doug Headline a choisi cette œuvre posthume pour s’associer à Cabanes dans le cadre d’un diptyque ambitieux.
Les personnages de l’album se rencontrent dans l’après-guerre de 1945, aux croisements de l’espionnage, de la politique, et du business militaire. Adolescente rebelle et élevée dans la rue, Ivory Pearl accepte le parrainage d’un gradé anglais qui l’inscrit dans un institut suisse pour son éducation. On la retrouve adulte, baroudeuse maligne et solitaire, prête à agir partout dans le monde...
On perçoit dans ce foisonnant premier volume la volonté de Manchette dans son roman : évoquer à la fois des destins humains, des personnages typés et les problèmes du monde dans les années 1950 plus que tendues. Sont ainsi évoqués l’insurrection hongroise de 1956, les débuts de la guerre d’Algérie, Cuba....
Malgré de nombreuses références, à la fois politiques et culturelles, et un solide travail de "décorateur" de Cabanes, La Princesse du sang souffre d’un éparpillement certain. Outre le prologue qui plonge le lecteur dans la confusion avant de centrer l’action cinq ans plus tôt, le fourmillement scénaristique qui suit a tendance à rendre les personnages sommaires et l’intrigue en filigrane.
Si on imagine sans peine que bien des choses vont s’éclairer au deuxième tome, ce début ne s’avère pas très encourageant.
(par David TAUGIS)
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