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La résurrection d’Alix

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 29 novembre 2017                      Lien  
En 2018, on célébrera dans une exposition à Angoulême les 70 ans du célèbre Gaulois créé par Jacques Martin. Entretemps, depuis la disparition en 2010 de l'auteur et dès le vivant même de son créateur, la série a pris divers tournants pour se stabiliser ces dernières années autour d’une collection régulière et d’une série spin-of : « Alix Senator ». Le dernier album de la série principale, le tome 36 : « Le Serment du gladiateur », vient de sortir en librairie. Il confirme que les héros de bande dessinée peuvent mourir et (bien) renaître.
La résurrection d'Alix
Une édition de luxe, reprenant la maquette des anciens albums du Lombard, reproduit les planches en noir et blanc grand format.

Quand Jacques Martin dessine la première histoire d’Alix, Alix l’intrépide, en 1948 dans Tintin, il n’impressionne guère : le début de l’histoire est inspiré de Ben Hur, la documentation est quasiment inexistante et les anatomies sont plus que maladroites.

Quand on compare ces pages à l’excellence d’Hergé, à la formidable rigueur de Jacobs, au charmant classicisme de Cuvelier, aux plaisantes turqueries de Laudy, et à la farce aux accents fantastiques du Fantôme espagnol de Willy Vandersteen, on se demande si ce débutant n’aura jamais un avenir… Devant les réserves d’Hergé, Raymond Leblanc oppose les propres absences du grand homme, alors en dépression : heureusement qu’il y avait Alix et Bob & Bobette pour remplir le journal !

Page après page, et relativement rapidement cependant, Jacques Martin va s’imposer. Ses scénarios vont s’avérer de plus en plus originaux, construits et passionnants et sa documentation impressionnante. Quant à ses anatomies, elles collent au canon jacobsien, au point que Jacobs en prendra bientôt ombrage… Dans un deuxième temps, au moment de La Griffe noire, Jacques Martin trouve son style original, sans doute influencé par l’ingrisme de Paul Cuvelier : cela reste maladroit, et même quelque peu naïf, mais c’est largement compensé par un travail minutieusement détaillé sur les décors par un dessinateur qui a une formation d’ingénieur. Le « système Martin » est né.

Le nouvel épisode démarre à Pompéi.
Alix T. 36 : Le Serment du gladiateur - Par Marc Jailloux et Mathieu Bréda - Ed. Casterman

Un créateur prolifique

Il crée une nouvelle série, Lefranc (1952), qui l’impose comme un classique capable de changer de registre, du récit historique à l’aventure contemporaine, à l’égal de Jacobs. Hergé, sceptique à ses débuts, le complimente pour Le Sphinx d’or, puis l’engage dans son studio pour un bail de 19 ans…

Quand il quitte le Studio Hergé en 1973, la puissance de travail de Jacques Martin se porte sur la création de nouvelles séries et le passage de relais à de nombreux disciples (Pleyers, Chaillet…). Son travail s’en ressent, les récits perdent en densité et le dessin, de plus en plus confié à des assistants, se relâche également. La qualité dépend souvent de celle de l’assistant. Il y a les bons (Chaillet, Simon…) et les moins bons, les hauts et les bas, les scénarios subtils et les autres, indigents.

Marc Jailloux et Mathieu Bréda
Photo ; D. Pasamonik (L’Agence BD)

« Quel avenir pour Alix ? » écrivait Charles-Louis Detournay dans nos pages saluant l’arrivée de Marc Jailloux, un assistant de Gilles Chaillet –le meilleur assistant de Martin et l’auteur de Vasco- sur la série. Dans ce dernier album, il renoue avec le classicisme des bonnes années Martin. Avec l’aide de Mathieu Bréda, il bâtit un épisode solide mettant en scène un Marse, un de ces peuples de la péninsule italienne qui résistait à Rome, tandis que tout l’album se situe à Pompéï, une ville située au pied du Vésuve sur laquelle les historiens sont particulièrement documentés. Entre magie blanche et magie noire, les auteurs arrivent à camper des personnages et une situation crédibles, en dépit d’une certaine naïveté (ou peut-être grâce à elle…). Une connaissance parfaite de l’univers d’Alix et des appels de note appuyés sauront par ailleurs parler aux fans. En clair, une bonne reprise !

La série Alix est sur une bonne voie (romaine) désormais et fait partie des reprises parmi les plus réussies du moment. Il était temps !

Alix T. 36 : Le Serment du gladiateur - Par Marc Jailloux et Mathieu Bréda - Ed. Casterman

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN : 9782203118096

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3 Messages :
  • La résurrection d’Alix
    29 novembre 2017 19:09, par Luc Roux

    « série spin-of »

    Bref « dérivée » en français, ça vous éviterait la faute d’anglais (c’est spin-off).

    Faites simple : parlez français.

    Répondre à ce message

  • La résurrection d’Alix
    30 novembre 2017 09:57, par AJAX

    Et je préciserais qu’ALIX L’INTREPIDE s’inspirait non pas de QUO VADIS, mais de BEN HUR. La version 1924 de Fred Niblo, avec Ramon Novarro !

    Répondre à ce message

    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 1er décembre 2017 à  16:21 :

      Vous avez raison, nous avons corrigé cette erreur. Merci !

      Répondre à ce message

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