Au début du XXIème, sous impulsion de Joe Quesada et Bill Jemas, Marvel décide de remettre au goût du jour certaines de ses séries à succès, telles que Spider-Man, Les Quatre Fantastiques ou encore Les Vengeurs. Une manière de rompre avec la ligne éditoriale des dernières années qui souffrait d’un manque de renouveau flagrant, et de développer un lectorat nouveau.
Un univers Inédit
Des auteurs de renom furent appelés pour relancer les super-héros made in Marvel. Le prolifique Brian Michael Bendis [1] et Mark Bagley se sont chargés des 111 premiers épisodes d’Ultimate Spider-Man. Pour Les X-Men et Les Quatre Fantastiques, Mark Millar et Andy Kubert ont signé les débuts de la nouvelle version, avant de passer la main à d’autres. C’est le même Mark Millar qui a réalisé avec Bryan Hitch les deux saisons existantes des Ultimates, série qui reprend en main la destinée de la majeure partie des héros issus de l’écurie Marvel.
Concrètement, si les ventes ont été excellentes, la collection a raté son but premier qui était de s’affirmer de manière forte en dehors du lectorat déjà présent. Mais avec la multiplication des films autour des différents héros Marvel et l’alliance nouvelle avec Disney, l’avenir d’Ultimates s’annonce sous des jours encore plus favorables.
Les deux cycles d’Ultimates
Cette version actualisée des Vengeurs se centralise sur la création d’une unité d’élite au service du S.H.I.E.L.D, sorte de gigantesque agence d’espionnage américaine dirigée par Nick Fury et financée en partie par le richissime Tony Stark, alias Iron Man. La grande nouveauté de cette série est de proposer une image peu habituelle, voire négative du super-héros. Bruce Banner, à la tête de la division recherche du S.H.I.E.L.D, devient un serial killer sous sa forme de Hulk, trucidant plus de 800 personnes innocentes ! Des actes qui le poursuivront par la suite et lui vaudront un procès retentissant.
L’autre chercheur du groupe, Hank Pym, alias Giant Man, bat son épouse connue sous le nom de la Femme Guêpe et tombe progressivement dans la déchéance. Thor, qui se dit fils d’Odin, ne serait qu’un simulateur atteint de dépression.
Tony Stark sirote martinis et vodkas au lever comme au coucher du soleil. Un alcoolisme qui lui permet d’oublier qu’il est atteint d’un cancer du cerveau. Enfin, même Captain America, ressucité des morts après soixante années de disparition, peine à s’affirmer dans une société dans laquelle il ne se sent pas à l’aise.
C’est donc autour de cette désacralisation du héros que Mark Millar construit son histoire. L’invasion des extra-terrestres du premier cycle passe en arrière-plan, puisque le lecteur s’intéresse surtout aux multiples souffrances qui frappent les super-héros et qui lui rappellent les siennes.
Ce qui n’empêche pas l’écrivain d’y ajouter des dialogues percutants, parfois grinçants et qui se fondent dans un scénario haletant, bourré d’action. De son côté, Bryan Hitch y réalise un travail graphique impeccable. Ce dessinateur, proche de la quarantaine, fait partie des plus doués de sa génération. Dans ses planches, on ressent autant la puissance destructrice de Hulk, que le désarroi et la tristesse de Banner. Pour résumer la qualité de cette série, Joss Whedon, réalisateur de séries télévisées (Buffy, Dollhouse) écrit : « Cette série est plus que la somme de ses éléments. Plus qu’un bon moment, c’est une histoire extraordinaire grâce au mélange parfait du bon auteur, du bon dessinateur et des bons personnages. »
Maintenant, si la première saison a été réunie par Marvel Deluxe en un seul album [2], on regrette un peu que le second cycle soit coupé en deux, accompagné d’histoires dites “Bonus“, dans lesquelles Spider-Man rencontre Hulk. Réalisées par Phil Hester et Terry Moore, on peine à voir le lien avec les Ultimates et cela d’autant plus que la qualité graphique est en total décalage avec les superbes planches de Bryan Hitch. Du coup, on a l’impression que pour justifier le prix du tome et parvenir à en faire paraître un troisième, l’éditeur l’a complété avec la première histoire qui lui est tombée sous la main. Un choix commercial malvenu et dommageable à une deuxième saison aussi prenante que la première.
Désormais, Millar et Hitch se sont tournés vers d’autres horizons et ont passé la main pour le troisième cycle à Jeph Loeb et Joe Madureira. Ayant pu visualiser quelques planches et illustrations de leur travail, la transition semble se passer à merveille !
(par Olivier Wurlod)
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[1] Il est capable d’écrire plus de cinq séries par mois.
[2] En bonus, une sorte de “voix off“ des deux créateurs où l’on ressent leurs fortes complicités et le plaisir avec lequel ils ont réalisé Ultimates.
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