Qu’est ce Spirou en fait ? Un personnage absurde, un groom devenu journaliste qui n’a pas quitté l’uniforme de son premier emploi. Ce qui souligne toute la force de la convention : Le calot et l’uniforme rouge ont perdu leur sens premier pour devenir, à l’instar du S et de la cape de Superman, des signes distinctifs uniques au monde.
Cette "identité" est l’élément le plus précieux du personnage. C’est une Trade Mark, un de ces signes distinctifs arbitraires dont rêvent les juristes protecteurs de marque. C’est sur elle que va s’appuyer cette année la gamme des actions que vont mener les éditions Dupuis autour du personnage.
Un calot en carton est distribué à chaque étape. Un groom accueille le client, il a toutes les caractéristiques du héros carolorégien. Pour affirmer l’ancrage belge, on voit les éditeurs français de chez Dupuis articuler le chiffre "septante-cinq" avec gourmandise. Le tracé du voyage en dix étapes du "Spirou Tour" (Liège, Bruxelles, Lille, Paris, Lausanne, Lyon, Montpellier, Bordeaux, Nantes, Rennes) forme un "S" comme Spirou et non un "Z" comme Zorglub.
Villes-étapes
À chaque étape, le journal de Spirou s’habille aux couleurs de la ville-hôte avec des pages de BD dédiées, un lecteur abonné a droit à une interview dans l’hebdo. Une "grande fête" est organisée, notamment à l’Atomium lors du passage à Bruxelles, le 21 avril 2013, date anniversaire de la naissance du groom. Des expositions (au Salon du Livre de Paris, au Centre Belge de la BD,...) animent les villes-étapes et les autres (Musée d’Angoulême...)
Le programme des nouveautés suit cette montée en puissance : L’album 53 de la série régulière le 11 janvier ; la monographie La Véritable Histoire de Spirou et Spirou par Rob-Vel le 18 janvier ; La Galerie des illustres (hommage à Spirou par une multitude de dessinateurs) et une monographie sur Fournier en mars ; la première intégrale de Tome & Janry en avril ; La Peur au bout du fil en juin ; Franquin et le Design et Franquin et les fanzines au premier semestre ; Le Spirou de Chaland en septembre ; La Femme-Léopard, le second Spirou de Yann & Schwartz au Congo Belge en novembre. Une collection qui s’appuie sur les nostalgiques mais aussi sur les parents prescripteurs désireux de transmettre les valeurs de leur enfance à leur progéniture.
Au reste, une opération Spirou menée par le quotidien Le Monde, lance concomitamment une collection qui se destine à réinstaller le groom dans les bibliothèques des familles.
L’hebdomadaire de la bonne humeur, avec son fichier d’abonnés, est au cœur de ce dispositif, mais pas seulement : un club de lecteurs se constitue autour d’une gamme de produits qui touche tous les âges : les albums et les magazines "tous publics", mais aussi une gamme de colis, la "Spirou Family" adaptés à chaque âge : Spip ’éveilleur (de 0 à 2 ans), les Kid’s pack et les P’tites Miss (9 à 12 ans), BD Club (12 ans et plus). De nombreux produits collectors (mugs, sacs, boîtes, posters...) viennent réifier cette sommunication subtile.
Pour lecteurs qui ont "switché" sur le numérique Spirou.com apporte sa dose de pixels, jusqu’à l’application pour tablettes, Spirou Z, qui explorera d’autres façons de lire et de partager la BD, à partir d’avril 2013.
On sait moins que ce déploiement touche aussi l’étranger, comme l’indique ce document qui nous vient du Danemark.
Dupuis a décidé de donner du punch à la marque Spirou et de reconquérir les cœurs des jeunes lecteurs que cette bonne vieille baderne franco-belge d’avant-guerre avait quelque peine jusqu’ici à séduire. Peut-être les temps ont-ils changés.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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