Albums

La vie secrète des jeunes - Riad Sattouf - L’Association

Par David TAUGIS le 22 janvier 2008                      Lien  
Recueil des planches publiées pour Charlie hebdo entre 2004 et 2007, cette vie secrète des jeunes interpelle et dérange. Sattouf brille dans ses mises en scène d'instantanés de quotidien, toujours calé dans sa position d'observateur passif.

Ils sont moches, ils sont cons. Reiser le disait il y a 30 ans. Ils n’étaient pas tous jeunes, mais ceux de Sattouf non plus, contrairement à ce que suggère son titre, surtout mis en avant pour évoquer la série qui a fasciné l’auteur durant son enfance, la vie secrète des bêtes.

Le recueil contient l’intégralité des pages publiées par l’hebdomadaire Charlie Hebdo depuis l’apparition de la rubrique en 2004 et jusqu’à l’année 2007. Et un ordre chronologique scrupuleusement respecté.

Le talent d’observation et de caricature de Riad Sattouf, plus encore que pour Retour au collège, éclate à chaque page. Et malheur à ceux qui déplaisent particulièrement au dessinateur. Ils ont droit à un portrait à la serpe, avec des expressions faciales presque écoeurantes. On pense en particulier à cette vieille institutrice...
Dans ce volumineux album, un certain nombre de lieux reviennent avec insistance : les fast food, les bars, les rames de métro, les bus... A croire que Sattouf y vit, y mange, y dort. Mais c’est aussi là qu’on recueille les plus belles perles.

Il est souvent question de sexe dans la vie secrète des jeunes, et souvent de violence. En particulier celle des ados. Et là on retrouve cette fascination qu’éprouve l’auteur pour la violence gratuite. D’où le malaise. L’impression qu’il se complaît, toujours à distance, de ces explosions soudaines. On frémit à l’idée de la façon dont certains extrémistes pourraient utiliser ces images.
Et puis de temps en temps, on devine l’auteur attendri, voire ébloui, surtout par de jeunes et graciles demoiselles. Les visages se font angéliques, et l’on s’aperçoit que Sattouf peut, tel un Cabu, passer de la sorcière à la fée.
Un certain nombre de saynètes, banales et sans surprises, ont moins d’intérêt, et sentent le remplissage.

On peut s’interroger sur les limites de l’exercice, à la limite du voyeurisme, quand Sattouf est témoin attentif et greffier-dessinateur de moments intimes, parfois douloureux.
Mais dans sa volonté de n’épargner personne, il n’hésite pas à charger le portrait lorsqu’il évoque ses propres souvenirs d’auteur en festival. Peureux, maladroit, bredouillant...Sattouf se montre tout aussi sévère avec lui-même.

En mettant son talent de dessinateur au service d’un véritable engagement, Sattouf parviendrait peut-être à toucher un public plus large, ce qui ne serait que justice. A cet égard, le récit de l’humiliation d’un vigile lors d’une soirée pour jeunes boutonneux de l’UMP avec Sarkozy junior himself en vedette vaut toutes les manifs de l’année.

(par David TAUGIS)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

Acheter l’album sur internet

Cet album fait partie des 60 nominés de la sélection d’Angoulême.

 
CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR David TAUGIS  
A LIRE AUSSI  
Albums  
Derniers commentaires  
Agenda BD  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD