« Lorsque l’on édite une estampe, nous explique Lucas Hureau, éditeur chez MEL Publisher, les trois premières hors commerce reviennent à l’éditeur, les suivantes à l’auteur, tandis que la série régulière, tirée entre 7 et 40 exemplaires est vendue dans le commerce. Ce sont ces exemplaires personnels que MEL (Michel-Édouard Leclerc) a décidé de mettre en vente au profit de la Fondation pour la Recherche sur Alzheimer. »
Les estampes, c’est le grand cheval de bataille de Michel-Édouard Leclerc qui pense trouver là un développement utile au marché des originaux de bande dessinée qui a prospéré de façon exponentielle ces dernières années. « Depuis plusieurs années, nous dit la célèbre figure de la grande distribution, j’entends autour de moi des salariés, des jeunes, des collaborateurs, des étudiants qui aimeraient avoir des œuvres d’art sur leurs murs mais qui n’en ont pas les moyens. En créant MEL Publisher, je voulais rendre l’art et les artistes que j’aime accessibles à tous. »
Le phénomène n’est pas nouveau : au début du XXe siècle, le collectionneur d’art, éditeur, marchand d’art et homme d’affaires Ambroise Vollard publiait de la même façon ses amis peintres Gauguin, Matisse, Bonnard, Vuillard ou Picasso dans des séries d’estampes. « C’est innovant !, nous dit Michel Coste qui anime un club de collectionneurs, surtout parce que cette collection associe des artistes d’art contemporain et de bande dessinée sur le même niveau. Ce n’est pas rien de voir des artistes installés dans l’art contemporain comme Jacques Monory, Ernest Pignon-Ernest, Barthélémy Toguo ou Pierre et Gilles associés à des auteurs de bande dessinée comme Philippe Druillet, Nicolas de Crécy ou Mattotti qui s’emploient depuis des années à décloisonner les différents arts. »
De fait, ces œuvres se vendent entre 400€ et 4000€ pour la plus chère, des prix bien inférieurs à certaines œuvres des grands noms de la bande dessinée. Lucas Hureau ne cachait pas sa satisfaction d’avoir invité des auteurs de bande dessinée à découvrir des techniques ancestrales comme la lithographie ou le monotype avec des artisans qui sont parmi les plus réputés du monde : « Des pierres lithographiques de cette taille, nous dit-il en nous montrant une estampe gigantesque d’Emmanuel Guibert, il n’y en a que deux au monde. Nous les avons toutes les deux utilisées. »
Il a été très surpris de voir l’implication des artistes de bande dessinée pour s’approprier ces techniques qui leur était inconnue jusque-là : « Guibert travaillait la pierre jusqu’à l’intérieur de la machine. Quant à Stéphane Blanquet, il a fallu lui confectionner un pupitre sur mesure et un élévateur pour qu’il puisse atteindre le haut de la pierre. » « Cela m’a pris deux ans, en plusieurs séances, nous raconte David Prudhomme. D’autres font cela en quelques jours d’un seul tenant, moi j’ai dû m’y prendre à plusieurs reprises. » Art Spiegelman exigea que des ajouts sérigraphiés opaques et semi-opaques viennent en surplomb de son estampe, MEL publisher se plia à sa demande. Plus de 13 ateliers de lithographie, de gravure et de sérigraphie, parmi les plus réputés de France ont prêté leur concours à ces productions.
C’était un plaisir hier soir de voir tous ces artistes réunis autour de Michel-Édouard Leclerc. Philippe Druillet tenait la forme, sa voix revenant petit à petit. Il embrassait Baudoin comme du bon pain dans un grand esclaffement.
« Je me suis remis à travailler » nous dit François Avril qui avait récemment perdu son épouse. Nicolas de Crécy, Lorenzo Mattotti, Loustal, Frédéric Poincelet et bien d’autres étaient là, parmi de grands médecins, des grandes figures de l’art contemporain comme le président de la Fondation Maeght, le commissaire-priseur Tajan et des cadres de chez Leclerc.
Toutes ces œuvres sont visibles et achetables jusqu’au 20 septembre 2018 à la librairie Artcurial (7, Rond-Point des Champs-Élysées, 75008 Paris). Le produit de cette vente sera remis le 21 septembre 2018, à l’occasion de la Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer.
Pour ceux qui auraient raté la vente, il y aura toujours la possibilité d’acquérir les tirages classiques ou sur la boutique en ligne de MEL Publisher.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)
En médaillon : Michel-Edouard Leclerc devant une oeuvre d’Emmanuel Guibert
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