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Lazarus T.2 - Par Greg Rucka et Michael Lark (Trad. Alex Nikolavitch) - Glénat Comics

Par Marco ZANINI le 24 août 2015                      Lien  
Le retour rapide de Forever Carlyle en librairie confirme notre première excellente impression et nous propulse toujours plus loin dans cet univers d'anticipation impitoyable qui refaçonne la carte des États-Unis.

La conclusion de l’album précédent nous laissait sur une note de suspense à travers le devenir incertain d’un des frères de Forever et d’une révélation attendue qui soulevait un doute quant aux origines et aux liens de parenté de notre héroïne. Fait étonnant, tous ces éléments dans le deuxième volume sont passés sous silence, de brèves allusions aux événements passés ne venant que nous rappeler ce qui constitue le cœur de l’intrigue.

Greg Rucka prend le lecteur à contre-pied en ne proposant strictement rien par rapport à ce que l’on était en droit d’attendre. Le déroulement de l’histoire demeure au point mort à l’issue de l’ouvrage et le développement des personnages de la fratrie Carlyle à travers les interactions houleuses qu’ils pouvaient entretenir les uns avec les autres est inexistant du fait d’une très faible représentation les concernant.

La lecture en est-elle décevante pour autant ?

Lazarus T.2 - Par Greg Rucka et Michael Lark (Trad. Alex Nikolavitch) - Glénat Comics
Légère escarmouche entre les Carlyle et une famille rivale d’un autre territoire, préambule à la poursuite du récit dans le tome 3 prévu pour la fin de l’année.
© Glénat Comics

Le scénariste aborde cette fois-ci son sujet avec une nouvelle approche. Nous faisons ainsi halte dans la campagne et les vastes plaines désertiques délimitant le territoire des Carlyle aux abords de Los Angeles et rencontrons une famille ayant fait le choix de vivre de manière plus ou moins indépendante, à l’écart de la corruption, de l’asservissement et de l’extrême pauvreté gangrenant le paysage urbain.

Un élément perturbateur vient alors bouleverser leur quotidien et tous leurs espoirs, des intempéries suivies d’inondations qui ravagent l’intégralité de leurs possessions. Leur seul espoir d’un futur meilleur repose désormais entre les mains de la famille aux allures mafieuses qui gouverne ces terres d’une main de fer, ces derniers diffusant l’annonce de l’organisation d’un programme très sélectif d’élévation. Dans l’optique de voir leur statut social évoluer de celui de "déchets" à celui de "serfs", ce petit groupe rejoint une immense caravane de démunis se dirigeant vers les lieux de l’examen et partageant un même objectif : une vie meilleure.

En parallèle à cela, Forever lors d’un banal tour d’inspection tombe sur les traces d’un prétendu groupe terroriste aux intentions troubles, en même temps que des souvenirs de son enfance et de son éducation aux méthodes drastiques refont surface et la définissent peu à peu comme l’arme secrète et inhumaine du patriarche Malcolm Carlyle.

La dernière leçon de Forever s’inscrira t-elle dans le sang ?
© Glénat Comics

Sans se préoccuper un seul instant de l’attente qu’il a pu susciter en clôturant le premier arc narratif de Lazarus, Greg Rucka s’attache à analyser et décortiquer les règles strictes qu’il a au préalable établies afin d’élaborer cette dystopie et d’élever son propos en multipliant et diversifiant les points de vue à travers l’apport de personnages secondaires de classes sociales différentes. Paysans, terroristes, religieux, soldats, la manière d’appréhender le régime totalitaire des Carlyle s’enrichit et s’en trouve nuancé, et sert à étoffer le background de la série.

Doté d’un sens de la narration exemplaire et de dialogues maîtrisés et dynamiques qui facilitent l’immersion, l’auteur parvient à renouveler l’esprit de dépaysement ressenti à la lecture du premier tome et à donner encore plus de cohérence et d’intérêt à son récit malgré la mise à l’écart de la trame principale et des protagonistes clés.

La partie graphique signée Michael Lark est tout aussi réussie, cette équipe créative n’en étant pas à son coup d’essai sur une œuvre en commun, il est évident de retrouver une osmose et un élan artistique certain entre deux compères qui s’accaparent les codes d’un style narratif avec aisance.

Lazarus peut fièrement s’afficher comme l’un des principaux porte-étendards de la nouvelle direction opérée par Glénat Comics sous la supervision de Olivier Jalabert, et certainement comme l’une des meilleures nouvelles séries de 2015.

En plus des intérieurs, Michael Lark signe les couvertures soignées et souvent percutantes de Lazarus.
© Glénat Comics

(par Marco ZANINI)

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