C’est une belle histoire de mémoire familiale qui, comme souvent, débute dans un grenier. Lorsque son grand-père vient à décéder, Florent Silloray, illustrateur, met la main sur son carnet de guerre. Dès son appel sous les drapeaux, Roger a minutieusement consigné le déroulement des événements : derniers instants de vie civile, premières escarmouches, moments de froid, moments de peur,… puis la capture par les troupes allemandes et le long convoi vers les camps de travail.
Fort de ce récit, Florent Silloray avait la trame de sa bande dessinée. Pour parachever le travail, il a mené l’enquête afin de mettre concrètement ses pas dans ceux de son grand-père. C’est ainsi qu’il a été amené à voyager en Belgique et en Allemagne dans les ruines du Stalag IV, pour voir de ses propres yeux les décors décrits dans le carnet de Roger.
« Le Carnet de Roger » se déroule en deux temps. L’un contemporain, en pleines couleurs, qui relate l’enquête de Florent, l’autre au passé, dans des tons bruns sépias, racontant les jours de guerre de Roger. Les deux temps du récit s’entremêlent, au fur et à mesure que le dessinateur retrouve les lieux évoqués dans le carnet. Mieux, l’enquête sur l’Histoire donne elle-même naissance à une histoire d’amitié : celle entre le dessinateur et son interprète allemand, lui aussi en quête de ses racines. Pour sa première bande dessinée, Florent Silloray réalise un album marqué par un certain classicisme, impeccablement documenté, dont le dessin fouillé réussit à émouvoir. Une qualité rare.
(par Morgan Di Salvia)
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