Même vivant, on n’existe que dans la trace que l’on laisse dans le cœur des autres. C’est la morale que l’on retire de ce conte proprement faustien où un déserteur de l’armée suédoise -par couardise, car au même moment, celle-ci triomphe des troupes de Pierre le Grand, assurant la mainmise par la Suède sur le Danemark et la Pologne- échange son identité avec un voleur échappé de "l’enfer de l’évêque", un lieu où chaque citoyen gagne sa liberté en menant une vie de forçat dans les forges de l’évêché.
Adapté d’un roman du Leo Perutz, ce récit est un vrai produit de l’école littéraire praguoise -de Kafka à Meiring- marquée par l’étrangeté.
Avec son trait en pointe sèche et ses couleurs raffinées, Jean-Pierre Mourey donne une facture à la fois classique et moderne à ce roman. Par ses jeux esthétiques, il attribue un espace singulier, presque distancié, à des personnages autant fagotés par le vent glacial de la plaine polonaise que par les aléas du conte.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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