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Le Centre Belge de la BD célèbre le centenaire de Maarten Toonder

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 9 février 2012                      Lien  
Dessinateur animalier d'exception doublé d'un grand littérateur, l'auteur de bande dessinée hollandais Maarten Toonder, né à Rotterdam le 2 mai 1912, aurait eu 100 ans cette année. La plus importante institution belge de la bande dessinée a décidé de lui rendre hommage jusqu'au 23 septembre 2012.

Événement national aux Pays-Bas où ce jubilé a suscité déjà bon nombre d’expositions, une nouvelle aventure de son héros Tom Pouce, et une comédie musicale autour de son autre pendant l’ours Bommel, ce centenaire fait étape dans un haut lieu de la bande dessinée en Belgique : Le CBBD, le Centre Belge de la Bande Dessinée de Bruxelles, logé dans un magnifique bâtiment Art Nouveau signé Horta.

Le Centre Belge de la BD célèbre le centenaire de Maarten Toonder
La merveilleuse voûte d’un bâtiment Horta sert d’écrin à l’exposition

Tout le parcours de l’artiste est évoqué, dans son milieu familial : de son frère, l’écrivain Jan Gehrard Toonder qui écrit des textes pour lui, à son épouse Phiny qui est illustratrice, tandis qu’il découvre la BD grâce aux comics que son père, capitaine au long cours, ramène de ses voyages à l’étranger.

À 19 ans, en récompense de ses bons résultats scolaires dans le domaine artistique, il a l’autorisation d’accompagner son père en... Amérique du Sud. C’est là qu’il débute sa carrière dans le studio du grand dessinateur argentin Dante Quinterno, l’auteur de Patoruzú (créé en 1928), figure tutélaire de la bande dessinée argentine. Ce dessinateur influença durablement le jeune dessinateur hollandais. Il publie bientôt ses premiers récits (Bram’s Avonturen, Thijs Ijs) à l’âge de 21 ans dans un grand quotidien hollandais, De Nederlander.

Dès ses débuts, Toonder montre des dispositions remarquables de dessinateur animalier

Studios Toonder

Il se marie à 23 ans avec une voisine, Phiny Dick, et le couple produit force illustrations et bandes dessinées jusqu’à la création, en 1941, de Tom Pouce et M. Bommel(Tom Poes en néerlandais) pour le quotidien De Telegraaf.

Tom Pouce (Tom Poes en néerlandais), l’un des personnages les plus célèbres de Toonder

L’arrêt de l’importation de la bande dessinée américaine pendant la guerre lui offre sa chance, comme ce fut le cas pour bon nombre de créateurs français et belges. Nous sommes en plein conflit et pourtant Toonder va fonder sur cette base un studio artisanal de dessins animés et de spots publicitaires, Toonder-Geesink Studios, devenu bientôt Toonder Studios. Cette activité recouvre secrètement une activité de résistance fabricant des faux documents, notamment de fausses cartes d’identité.

La Libération permet à notre artiste d’exprimer définitivement sa créativité. Sa série Tom Pouce et M. Bommel est maintenant diffusée dans l’Europe entière, y compris en France dans les quotidiens régionaux (Presse-Océan, La République du Centre-Ouest, Le Courrier Picard, ou dans les publications des éditions Mondiales et ceci pendant plusieurs décennies) et d’autres viennent s’ajouter à ce bestiaire : Le capitaine Cappi (1945, publié dans La Croix, Le Soir de Bruxelles ou dans Le Progrès), Panda (1946, publié notamment par Artima et dans 80 journaux étrangers), Le roi Hollewijn (1955, brièvement publiée dans La Croix et aux éditions Mondiales). Son studio tourne à plein qui emploiera au cumul près de 180 collaborateurs !

En 1965, il délaisse la direction de ses studios pour entreprendre de réaliser seul certaines de ses BD tandis qu’il s’installe en Irlande où il crée le studio de dessins animés Toonder Film Ltd avec son fils Eiso. Leur collaboration est à l’origine de plus de 3000 strips quotidiens publiés en Hollande et en Irlande.

Des vitrines composées d’objets personnels éclairent une production titanesqque, comparable à Disney et Tezuka. Ici, son héros Panda.

"Un maître des mots"

Reconnu par ses compatriotes pour ses qualités littéraires, Toonder a laissé, à l’instar d’un Goscinny, un bon nombre d’expressions dans le langage courant des Hollandais qui lui valent d’être référencé dans les dictionnaires de langue. Il devient en 1954 membre à part entière de la Société des Lettres néerlandaises.

Il décède aux Pays-Bas à Laren, le 27 juillet 2005, à l’âge de 93 ans.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Exposition jusqu’au 23 septembre 2012.

Centre Belge de la Bande Dessinée - Rue des Sables, 20 - 1000 Bruxelles - Tél. : + 32 (0)2 219 19 80 - Fax : + 32 (0)2 219 23 76 - visit@cbbd.be

Un site francophone est consacré à Maarten Toonder, d’après le nom de l’un de ses personnages : Pressibus

Un article sur Maarten Toonder publié sur ActuaBD.com

Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

 
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5 Messages :
  • A quand une réédition française digne de ce nom (sans pour autant être onéreuse et élitiste) ?

    J’ai toujours aimé ce dessin très élégant de Maarten Toonder. J’ai conservé un petit format de poche des années 70 dans lequel était publié Tom Pouce et Bommel (parmi d’autres). Le papier, quoique bon marché, était légèrement glacé et la reproduction était en noir et blanc (avec des grisés), mais quelle claque !

    C’était extraordinaire tant l’ambiance était expressive, un mix de tradition et de surréalisme qui m’enchantent encore.

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    • Répondu le 9 février 2012 à  19:19 :

      Encore un qui veut qu’un éditeur se ruine en publiant un somptueux ouvrage qui n’intéressera que 16 ou 17 passionnés. Mais, puisqu’on vous dit que c’est la crise !

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    • Répondu par Pic le 9 février 2012 à  19:41 :

      Absolument !
      Comme POGO de Walt Kelly.

      Je l’ai découvert en Hollande chez des amis de mes parents qui découpaient les strips du journal.. j’en ai lu des dizaines sans comprendre le texte, mais ce n’était pas grave.

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      • Répondu par Rosse le 9 février 2012 à  23:12 :

        On se croise régulièrement sur certains sujets décidément Pic. Moi j’ai trouvé des albums suédois -et encore, en brocante- Panda et Tom Puss (orthographe suédoise). Sûr, c’est serré question texte. Mais c’est du vrai conte de fées. Le dessin, je n’en parle même pas. C’est à tomber à la renverse.

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  • Voila une bonne idée de livre pour Thierry Groensteen de l’an 2 !

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