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Le Centre Belge de la Bande Dessinée fête ses 25 ans en devenant un musée

Par Charles-Louis Detournay le 3 octobre 2014                      Lien  

Après des années de recul et de réfections en profondeur, le CBBD peut s’enorgueillir d’avoir accompli sa propre révolution en douceur. Analysons le cheminement de ces dernières années, et les projets que le Centre célèbre pour cet anniversaire.

En réalisant une série de reportages auprès de personnages politiques de la scène belge il y a plus de cinq ans, nous avions mis à jour leur volonté de donner une meilleure vitrine à la bande dessinée à Bruxelles et en Belgique. Le Centre Belge de la BD ne remplissait pas vraiment, semblaient-ils dire, les fonctions que l’on attendait de lui. S’il ne se modernisait pas, entendait-on, il faudrait peut-être lui trouver un remplaçant... Coup dur pour le CBBD qui s’apprêtait à célébrer son vingtième anniversaire quelques mois plus tard !

Le Centre Belge de la Bande Dessinée fête ses 25 ans en devenant un musée
Charles Picqué, le Ministre-Président de Bruxelles Capitale en 2009, trouvait qu’en bande dessinée, les méchants étaient les plus intéressants.
Photo : (c) CL Detournay

Interrogé par nos soins lors de la visite royale du Centre à l’occasion de l’inauguration du Musée Marc Sleen, son directeur Jean Auquier, avait fermement refusé de répondre à ces allégations, préférant poser des actes forts qu’il nous promettait lors sa conférence de presse du vingtième anniversaire fin septembre 2009. C’est en effet à cette occasion qu’il nous présenta ses solutions pour moderniser le Centre, sans renier son passé. « Ces travaux de fond se dérouleront en quatre années, jusqu’à leur finalisation pour les 25 ans du Centre. », nous expliqua Jean Auquier. Le défi semblait de taille, mais l’homme était déterminé à l’affronter.

Un Centre relifté en profondeur

Il n’a pas fallu attendre cinq ans pour prendre la mesure des actions de Jean Auquier. Les nombreux évènements et expositions qui se sont déroulés depuis cinq ans ont continuellement prouvé aux visiteurs que le Centre voulait modifier en profondeur son cadre tout en multipliant les points-de-vues au travers de louables partenariats.

De plus, si le Centre faisait office de point central pour auteurs, amateurs et curieux de bande dessinée depuis un quart de siècle, on ne parlait pas encore de Musée pour l’évoquer. Ce sera désormais chose faite, car le Centre et le Musée cohabiteront selon le type d’activités qui y sera proposées. L’Association internationale des Musées a donc reconnu le CBBD comme l’un des leurs, car il « acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation. »

Le Musée prolonge d’ailleurs son ouverture aux visiteurs en proposant un premier cadre de visite via le Google Street View. Cette visite virtuelle ne pourra bien entendu pas intégrer les expositions temporaires, mais ce sera l’occasion de démontrer aux visiteurs intéressés le potentiels du Centre/Musée, avec l’espoir logique d’attirer encore plus de visiteurs, et de ré-ancrer sa position de pivot sur la scène belge et internationale de la bande dessinée.

De plus, le Centre dresse donc un bilan plus que positif pour ce vingt-cinquième anniversaire : une fréquentation en constante progression, de nouveaux espaces ouverts et la fin du lifting entamé près de cinq ans auparavant. Pour autant, le Centre Belge de la Bande Dessinée ne veut pas se reposer sur ses lauriers et annonce une série de nouveautés et de projets, dans la foulée du mouvement opéré auparavant.

Les nouveautés du CBBD

(c) Daniel Fouss

Ouverte ce 3 octobre 2014 dans une partie de l’ancien Musée de l’Imaginaire, le CBBD propose une nouvelle exposition permanente consacrée à Peyo et à son œuvre. L’attention du visiteur du Musée/Centre de la BD est attirée dès son entrée par les cents portraits de Schtroumpfs présentés sur un panneau de 20 m², accroché juste au-dessus de l’exposition permanente consacrée à leur créateur. Elle fait d’ailleurs face à une autre grande illustration, celle du Château de Moulinsart, réalisant ainsi un équilibre au sein du monument de l’Art Nouveau qui abrite le CBBD. Cette exposition est une porte d’entrée ludique pour les plus jeunes, qui pourront découvrir un village schtroumpf en trois dimensions, ainsi que des documents expliquant le parcours de leur créateur et de ces drôles de créatures qui ont conquis le monde.

À son niveau, Pieter de Poortere est également mis à l’honneur. Tout d’abord par une gigantesque illustration qu’il a réalisée en hommage au Centre, et qui revient sur des éléments marquants du 20 rue des Sables. Mais son héros imperturbable Dickie a également pris possession de l’auditorium, rebaptisé en l’honneur de son créateur. C’est donc l’occasion pour le visiteur de faire connaissance avec les gags muets de ce héros joufflu, ou de son adaptation en dessins animés en trois dimensions.

Pieter De Poortere, Dessin hommage à l’occasion des 25 ans du Musée de la Bande Dessinée.

Bruxelles, ma bulle

Outre les modifications « permanentes » du Centre, cet anniversaire sera certainement marqué par la nouvelle exposition consacrée aux rencontres de Bruxelles et la bande dessinée, et qui salue donc les 25 ans de Bruxelles-Capitale et du CBBD. En consacrant cette exposition aux œuvres créées entre 1989 et 2014 et dont la trame a pour cadre un Bruxelles contemporain, on fait l’impasse sur Schuiten… ou sur la réussite graphique de Bruxelles Métropole.

Cela n’a pas empêché plus de 40 auteurs de proposer une sélection de planches originales (dont certaines sont encore inédites). On y retrouve de nombreux genres de la BD actuelle : de Sokal, Hulet, Dupré ou Servais à Vanistendael, Goldsmith, De Radiguès ou Marien. Cette exposition permet d’évoquer les ingrédients qui composent la personnalité unique de la Région de Bruxelles-Capitale tout en brossant un beau tour d’horizon de la création en bande dessinée.

En route vers le futur

Le Centre désire prolonger ses travaux de conservation d’œuvres, de centre de documentation, d’outil pédagogique et de rencontre professionnelle, tout en proposant toujours une dizaine d’expositions temporaires annuelles en plus des expositions permanentes. Mais son directeur Jean Auquier veut également se tourner vers l’international, et s’est ainsi qu’il annonce un partenariat inédit avec Caunes-Minervois, une localité au fort potentiel historique et située à 20 km de Carcassonne.

Le Musée de l’Imaginaire sera-t-il définitivement remisé au placard ?

Le CBBD, qui rappelle qu’il est le plus ancien et le plus grand Musée BD d’Europe, passe donc la sacro-sainte frontière franco-belge pour « travailler au développement d’un projet culturel de qualité » ! Les partenaires réfléchissent déjà à des expositions permanentes, et à une bibliothèque de bande dessinée au sein de l’ancienne abbaye de la localité. Stages, initiations et conférences-rencontres y trouveront donc un terreau favorable pour s’implanter.

Vingt-cinq après sa création, le CBBD semble n’avoir jamais tant fourmillé d’idées. Si on avait craint de le voir s’étouffer sous la poussière, que ses défenseurs se rassurent : il demeure bien vivant, au carrefour du public et du petit monde du neuvième art ! Les animations organisées ce week-end anniversaire devraient largement en témoigner !

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Le site du CBBD

Centre Belge de la Bande Dessinée - Musée Bruxelles

Rue des Sables 20

1000 Bruxelles

Tél. : + 32 (0)2 219 19 80

Fax : + 32 (0)2 219 23 76

visit@cbbd.be

Ouvert tous les jours (sauf lundi) de 10 à 18 heures.

Sauf exception (c) Daniel Fouss, toutes les photos sont (c) CL Detournay

 
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