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(Le Chien) Blanco : 4 volumes - Par Taniguchi - Casterman Sakka

Par Charles-Louis Detournay le 9 juillet 2010                      Lien  
Casterman réédite un des premiers Taniguchi traduits en français, introuvable depuis des années, tout en l'enrichissant de deux volumes supplémentaires. Une apologie de la nature dans toute sa splendeur.

Il y a quinze ans, Casterman lançait sa collection Manga dans un format presque identique à la version japonaise, mais curieusement avec un premier titre européen de Baru, Grand Prix d’Angoulême 2010. Au milieu de quelques auteurs français, tels Varenne, Crespin ou Beb Deum, ce fut surtout l’arrivée de titres emblématiques comme L’Habitant de l’Infini, Gon et le premier Taniguchi : L’Homme qui marche.

(Le Chien) Blanco : 4 volumes - Par Taniguchi - Casterman Sakka
Par rapport à la première édition (ci-dessus), les planches ont été remises dans leurs sens originel, auréolé d’un meilleur contraste et d’une nouvelle traduction.
Il faut passer outre certaines couvertures pas toujours engageantes, pour se plonger dans le récit

Le Chien Blanco fut la seconde série traduite en français du mangaka désormais incontournable en Europe. Ce chien blanc parmi les loups court sans éprouver de fatigue. Empli de compassion, mais n’hésitant pas à tuer, sa provenance est sujette à question : une légende inuit qui raconte que les esprits de toutes les proies abattues par les chasseurs se réincarnent tous les sept ans dans un être surpuissant à l’apparence d’un chien blanc, venu enlever la vie des hommes.

Produit de manipulations génétiques de la part de l’armée qui cherche à le capturer à tout prix ? Ces questions seront levées au cours du récit, mais pour Blanco, le plus important est de courir vers la personne qu’il aime, même s’il doit y perdre la vie.

Taniguchi réalisa ces deux volumes entre 1984 et 1986, traduit en 1996 dans cette collection Manga, devenue bientôt Sakka. L’auteur y explique l’origine du récit : "Ce titre est inspiré du nom d’un loup blanc, ’héros’ d’une histoire écrite par Shīton(Seton), Lobo le roi des loups.".

Avec le questionnement intérieur qu’on retrouve dans Quartier lointain,Un Ciel radieux ou Le Journal de mon père, le mangaka est aussi très intéressé par la nature, sa force et ses dangers : Le Sommet des Dieux, K, Seton, etc. Le Chien Blanco traduit ce sentiment de puissance de l’animal plongé dans de fantastiques décors naturels, alors que l’homme peine à le combattre. Une fois de plus, l’évocation sentimentale entre l’héroïne et ce chien surnaturel est sensible, même si ce n’est pas le but premier du récit.

Mais les anciennes couvertures ne valaient guère mieux !

Dix ans après cette première incursion dans le grand Nord, soit en 1995-96, alors que Casterman s’apprêtait justement à publier les deux premiers récits, Taniguchi ressentit le besoin de prolonger Blanco car "[...] je gardais au fond de moi plusieurs histoires [...] de chiens blancs". Ce sont justement les deux volumes complémentaires que Sakka propose au lecteur, centrés deux fils de Blanco suivant des chemins forts différents. Ces deux nouveautés sont accompagnées d’une heureuse réédition des deux premiers volumes, introuvables depuis des lunes. La série s’appelle désormais Blanco.

Sans faire partie des cinq incontournables de Taniguchi, les amateurs du mangaka retrouveront les caractéristiques de ses récits : honnêteté, puissance et finesse du trait, sensibilité de l’évocation derrière une apparente violence de la nature. Taniguchi n’a d’ailleurs pas échappé au virus naturaliste, car dix années après cette seconde immersion, il dessina la série Seton, à l’origine de Blanco, et qui arriva bien plus rapidement chez nous, par le hasard des traductions.

(par Charles-Louis Detournay)

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Casterman
 
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2 Messages :
  • Charles-Louis semble développer une aversion paranoïaque pour les couvertures en général. Raconte-nous tout Charles-Louis ; ton papa te frappait avec une couverture de bd ? Tu t’es piqué l’oeil avec un coin d’album ?

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    • Répondu par Charles-Louis Detournay le 10 juillet 2010 à  05:43 :

      Cher Dr Freud,

      Effectivement, enfant, mon père avait mis du marqueur rouge pour décorer la neige de la couverture de sa première édition de Tintin au Tibet. Y voyez-vous un rapport ?

      Blague en boîte, je pense que la couverture est un élément important de l’album, une image doit faire passer tout l’esprit du récit tout en accrochant le regard du lecteur potentiel. C’est aussi un moment fort pour le dessinateur.

      Je peux tout à fait concevoir que certains auteurs ne soient pas experts en ce domaine : ancien publicitaire, Vance a fait une bonne partie des couvertures de Luc Orient à la place de Paape. A partir du moment où cela ne lèse pas le dessinateur de l’album, je n’y vois pas de mal car le lecteur, l’éditeur et les auteurs y trouvent leur compte.

      Plus près de nous, les séries multi-dessinateurs se choisissent parfois un auteur extérieur pour les couvertures, avec des fortunes diverses (Guerineau pour Uchronie[s] vs Guarnido pour Voyageur).

      Deux points me ’chipotent’ pourtant : le poids grandissant des commerciaux et l’évocation de la couverture. Dans le cas qui nous occupe, je trouve que les couvertures que je présente donne une vision violente et très simpliste de l’œuvre (pour autant qu’on ne l’ait pas ouvert). A contrario, la couverture placée en médaillon respecte plus l’esprit de Taniguchi. Lorsqu’on présente un album, on ne peut placer que quelques images, le but étant de donner envie au lecteur d’ouvrir le livre en librairie si l’occasion lui est donnée. En présentant une couverture peu réussie selon moi, je désire faire passer un autre message que celui de la critiquer : "cher lecteur, ne t’arrête pas à la couverture, mais ouvre le livre, l’intérieur vaut la peine."

      Ce que je nomme ’le choix commercial’ est le besoin de réaliser une couverture qui doit se voir et se distinguer à plus de 5 mètres, quitte à ce qu’elle ne soit pas du tout originale, ni évocatrice de l’âme du livre. À ce titre, je citerais la récente intégrale des Désarmés, non pas qu’elle soit moche en soit, mais que j’estime dommage de sacrifier un tel espace de création pour ce zoom sur un dessin que je pense déjà existant. Autre exemple : la couv’ du dernier Lefranc qui présente une scène n’existant pas dans l’album.

      Voilà donc en résumé les raisons de mes commentaires sur les couvertures : dénoncer une présentation parfois trop commerciale alors qu’un réel travail artistique aurait sûrement été tout aussi vendeur, et regretter une image peu représentative de l’album. Mais bien entendu, tout cela demeure très subjectif.

      Je peux descendre du canapé ?

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