Jack et Elizabeth, deux adolescents que tout oppose. Jack est indigent, tandis qu’Elizabeth fait partie de la haute bourgeoisie londonienne. Mais ils partagent le même trauma, la même douleur : ils ont vu le visage du croque-mitaine. Soyons précis : LES visages du croque-mitaine.
Les notables de la ville se réunissent régulièrement dans leur club privé pour discuter affaires, politique, foi chrétienne... Mais aussi pour prendre part à un banquet au cours duquel ils mangent des enfants. Rudement secoués par leur atroce découverte, Jack et Elizabeth ne comptent toutefois pas en rester là. Ils décident de s’unir pour éliminer ces monstres dévoreurs d’enfants. Mais le temps presse, ils n’auront pas le droit à l’erreur car les vies de leurs amis captifs en dépendent.
Après un premier tome réussi, Valérie Mangin et Steven Dupré concluent ce diptyque dérangeant avec la même maestria. Avec Le Club des Prédateurs, l’objectif des auteurs étaient de traiter de manière crue, la lutte des classes, comme l’explique la scénariste, dans l’entretien qu’elle avait accordé à notre collègue Charles-Louis Detournay :“...pour certains des autres dirigeants de cette haute classe sociale, les ouvriers sont même plus bas que des animaux. Le Club des Prédateurs exploite donc cette logique pernicieuse. Mais je base beaucoup de ces éléments sur les théories de l’époque, comme ce médecin qui étudie les bras d’un enfant, et voyant qu’ils sont comme ceux des singes, confirme que c’est un singe : « Ce sont des ivrognes, dégénérés : ce ne sont donc pas des humains comme nous », concluait-il dans son effroyable "rigueur scientifique" !”
De son côté, l’auteur flamand Steven Dupré donne du corps à cet univers victorien, qu’il rend sombre et oppressant grâce à son dessin et sa mise en scène.
Le Club des Prédateurs est une indéniable réussite tant narrative que graphique. Toutefois, le ton de ce récit sans philtre pourrait heurter les âmes les plus sensibles. Ces BD ne sont pas à mettre dans toutes les mains.
Voir en ligne : Découvrez "Le Club des Prédateurs" sur le site des éditions Casterman
(par Christian MISSIA DIO)
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