Actualité

« Le Collectionneur de Bandes Dessinées » se saborde en pleine gloire

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 13 octobre 2008                      Lien  
Après 31 ans d’existence et 114 numéros, l’équipe de rédaction qui tenait à bout de bras le magazine de référence de recherche historique sur la bande dessinée se saborde en pleine gloire avec en couverture le sourire narquois des Pieds Nickelés.
« Le Collectionneur de Bandes Dessinées » se saborde en pleine gloire
Michel Béra, directeur de publication, fondateur du titre en 1977.
Ph : D. Pasamonik (L’Agence BD)

« Tout a une fin » écrit Claude Guillot dans l’éditorial du dernier numéro qui rend hommage aux Pieds Nickelés à l’occasion de leur centenaire. Il énonce les raisons de cette « décision volontaire » de cessation de parution : «  Une certaine lassitude de quelques responsables de la revue, toujours sur la brèche au terme de trente et un ans d’absorbants travaux […] mais aussi […] les risques accrus de la basique précarité financière de l’entreprise. Bref, disons une mesure préventive ». En clair, la revue est à l’équilibre mais la tendance est au vieillissement des lecteurs, autant arrêter avant qu’elle ne perde de l’argent. « On l’arrête plutôt joyeusement » confirme Patrick Gaumer qui considère que cette décision, « envisagée depuis deux ans » se fait « au bon moment ».

Créé en mars 1977 par Michel Béra et Olivier Grimprel, aujourd’hui absents de l’équipe qui anime le journal, Le Collectionneur de bandes dessinées, était au départ un bulletin de liaison entre les collectionneurs destiné à prolonger l’argus des cotes de la bande dessinée, le BDM. Mais il était bien vite devenu un passionnant rendez-vous pour tous les chercheurs et les amateurs de l’histoire de la bande dessinée. Nous n’avions pas manqué de le célébrer notamment à l’occasion de leur numéro 100.

L’équipe du comité de rédaction du CBD : Jacques Bisceglia, Claude Guillot et Dominique Petitfaux. Seul manque Michel Denni.
Ph : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Des pans entiers de l’histoire du Neuvième art ont été éclairés par une équipe de passionnés érudits sous la houlette de Claude Guillot, Michel Denni, Jacques Bisceglia et Dominique Petitfaux soutenus par des pointures comme Patrick Gaumer, Michel Angot, Thierry Crépin, Jean-Pierre Mercier, Jacques Dutrey ou Maurice Patinax. Un travail salutaire pour notre patrimoine culturel qui a reçu le soutien du Centre National des Lettres.

On ne peut que déplorer cette triste nouvelle qui raréfie encore davantage la présence et la diversité de l’information sur la bande dessinée en librairie. Interrogé sur une éventuelle reprise du titre par une autre équipe, son directeur de la rédaction, Claude Guillot, ne l’exclut pas, « si l’association qui édite le journal en est d’accord  ». La dernière page du journal montre les Pieds Nickelés de Pellos en train de batifoler dans le fric. La vision de la réjouissance de ces escrocs anars, dans le contexte de la dégringolade actuelle de l’économie mondiale, ne manque pas de nous rappeler qu’en cent ans les mœurs financières n’ont pas vraiment changé fondamentalement. On espère que l’arrêt de cette passionnante revue n’est pas l’effet d’un « coup de blues » résultant d’une actualité déprimante. Une si belle entreprise ne peut-elle pas être reprise par une nouvelle équipe, plus jeune ? Ce serait souhaitable.

Si l’équipe de rédaction s’identifie volontiers aux Pieds Nickelés, elle est bien loin de profiter de son or, comme ses modèles. Ses collaborateurs étaient en effet tous bénévoles.
Dessin : Pellos.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

 
Participez à la discussion
7 Messages :
CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
A LIRE AUSSI  
Actualité  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD