Vienne sous occupation internationale, en 1948. Le célèbre écrivain anglais Graham Greene est en ville pour préparer un film d’espionnage, qui deviendra le mythique film de Carol Reed, Le Troisième Homme. En tous cas, c’est la raison officielle. Ses motivations semblent plus opaques : lui-même n’enquête-t-il pas sur des transferts d’informations entre les deux pays ? Un véritable film dans le film, avec comme personnages secondaires divers espions et Miss Montagu, militaire britannique attachée au service de Greene. Elle en sait beaucoup, et a le bras long. Elle aussi cherche à percer le mystère...
Sous les couleurs sombres de Miles Hyman, cette BD d’espionnage oscille entre deux eaux. D’un côté l’élégance du style, des dialogues, du dessin, de l’autre des ambiances feutrées qui confinent au soporifique. C’est que Hyman, maître des décors intérieurs et virtuose de l’architecture graphique (quels magnifiques arrière-plans aux détails subtils) est moins à l’aise dans l’action. Le texte, par ailleurs, manque d’air avec des dialogues touffus et une "voix off" un peu trop présente. Ce one-shot possède en tous cas un mérite incontestable : donner envie de découvrir l’œuvre de Greene, auquel Jean-Luc Fromental consacre un dossier complet, enrichi d’une bibliographie détaillée.
Stylistiquement marquant, mais un peu trop dans la contemplation de ses personnages, Le Coup de Prague semble s’inscrire dans une tradition littéraire que la BD pouvait promouvoir dans les années 1980. Avec une admiration notable pour les films noirs américains des années 1940 et 1950. Un léger trop-plein de références ?
(par David TAUGIS)
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