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Le Dernier Lapon - Cosnava & Carbos - Editions Sarbacane

Par Lise LAMARCHE le 17 septembre 2018                      Lien  
Vol et meurtre au cœur de la Laponie, la police des rennes mène l'enquête. Un polar immersif entre tradition et modernité, au dessin original et captivant.

Au cœur de la Laponie, la petite ville de Kautokeino est en émoi. Un tambour de chaman, qui venait d’être restitué au pays par un explorateur français, a été dérobé. La population autochtone Sami est furieuse et la police locale est sommée par les autorités d’Oslo de retrouver le tambour au plus vite afin d’apaiser les indépendantistes. En parallèle, les officiers Klemet et Nina découvrent que Mattis, un éleveur de rennes Sami, a été assassiné. Contre l’avis de leur supérieur, ils sont persuadés que les deux affaires sont liées et décident de mener leur propre enquête.

Leur investigation met à jour les tensions entre les Lapons et les descendants des pionniers venus coloniser la région, les uns souffrant toujours de discrimination tandis que les seconds vivent comme une contrainte insupportable les mesures de protection du mode de vie autochtone. Le héros Klemet est un Sami qui travaille pour le gouvernement « blanc », à la police des rennes. Tiraillé entre les deux mondes, il se révèle le parfait médiateur pour naviguer de l’un à l’autre. L’intrigue lui fait remonter le temps, des traditions Sami aux expéditions ethnologiques des années 30.

Le Dernier Lapon - Cosnava & Carbos - Editions Sarbacane
La police des rennes

L’expropriation des Sami et l’exploitation des richesses du sol par les colons rappelle vivement la conquête de l’Ouest ou la quête de l’Eldorado, un triste scénario maintes fois répété se déroulant ici dans le cadre original de la Laponie. Sous couvert de l’enquête menée par Klemet et Nina, c’est la Laponie passée et présente que le lecteur découvre.

Javier Cosnava adapte en bande dessinée le roman policier d’Olivier Truc paru en 2012 aux éditions Métailié. Vivant en Scandinavie depuis plus de vingt ans, ce dernier connaît bien la Laponie qui constitue le cœur plus que le cadre de son roman.
Au-delà des éléments dépaysants comme la nuit polaire, la police des rennes et l’art traditionnel, les enjeux politiques et économiques locaux sont finement amenés. Dénonçant les abus des capitalistes sans foi ni loi, le récit montre aussi la fin d’un mode de vie traditionnel qui n’est plus soutenable dans la société moderne.

La Laponie ou 40 jours de nuit polaire

Le choix de la bichromie opéré par Toni Carbos est remarquablement efficace pour immerger le lecteur dans l’atmosphère polaire. Les magnifiques scènes de nature apportent une bouffée d’air bienvenue, tant les tensions entre personnages dans les intérieurs confinés finissent par peser. Les personnages sont représentés de manière un peu naïve, avec des caractéristiques physiques très marquées, qui paradoxalement ne suffisent pas toujours à bien identifier les personnages.

Quelques relectures sont parfois nécessaires pour bien comprendre l’intrigue courant sur plusieurs générations, mais l’ensemble forme un polar à l’intrigue bien ficelée et plus recherchée qu’il n’y paraît.

(par Lise LAMARCHE)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782377311071

Le Dernier Lapon, éditions Sarbacane.
19 x 26 cm, 160 pages, 24€.

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1 Message :
  • Le Dernier Lapon - Cosnava & Carbos - Editions Sarbacane
    18 septembre 2018 18:30, par Philippe Wurm

    Un excellent livre.
    Et votre critique en rend très bien compte.
    Je suis d’accord avec vous concernant la caractérisation des personnages. Surtout qu’un style "ligne claire" doit permettre de bien les différencier puisque c’est la fonction de la stylisation de créer des petites différences immédiatement identifiables.
    Mais on peut mettre ça sur la dimension exotique du récit. Lorsque nous sommes dans un pays étranger nous confondons facilement les visages.
    Cette petite remarque ne doit pas empêcher les lecteurs de plonger dans ce récit captivant et très instructif (On sent qu’Olivier Truc connait très bien la région et ce sentiment est très agréable pour le lecteur) dont le dessin est véritablement splendide. Je trouve le traitement graphique vraiment très pertinent et magnifiquement maîtrisé.
    On aimerait lire davantage de roman-graphiques de ce niveau.
    Des auteurs à suivre de très près.

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