Dans le pays d’Ossaniul, une grande partie de la population peine à survivre. Aussi, lorsque se présente Cael Extat, intendant de la riche famille des Aldercrest, à l’auberge du village où vit le jeune Moth, chacun vient lui proposer d’acheter, qui sa femme, qui ses parents, qui sa progéniture. Comme la mère de Moth, contrainte de vendre l’un de ses enfants pour espérer toucher de quoi nourrir les autres quelques temps durant. Intrigué par ses yeux noirs, caractéristiques rare, Cael Extat acquiert donc Moth comme esclave et l’emporte dans l’extraordinaire forteresse des Aldercrest : le Haut Palais.
Mike Carey et Peter Gross forment un duo chevronné du comics ayant plusieurs fois travaillé ensemble chez Vertigo. Ils ont ainsi assuré la publication de Lucifer, spin-off du Sandman de Neil Gaiman, au début des années 2000, avant de développer leur propre univers fantastique avec The Unwritten, entre 2009 et 2015. Les voilà donc à présent lancés dans un nouveau projet, adressé à un public plus jeune, mais recelant toujours un véritable dose de merveilleux.
Car si Le Haut Palais évoque, par son cadre médiéval et le milieu dépeint, le Moyen-Âge tardif précédant immédiatement notre Renaissance, nous nous situons bien dans un pays imaginaire. Avec un jeu de ressemblances et, surtout, de dissemblances avec nos repères culturels qui nourrit grandement l’intérêt du lecteur. Le quotidien des gens, très dur, apparaît ainsi assez proche de celui des populations d’alors, l’esclavage en plus. Mais il plane dans ce récit un étonnant mystère sur l’ensemble du pays, conquis à la suite d’un événement énigmatique.
C’est cette histoire-là qui forme le cœur de l’intrigue, celle des anciens habitants de cette contrée et de leur pratiques tout autant religieuses que magiques. Une histoire dans laquelle le Haut Palais occupe une place à part, forteresse n’ayant pas encore livré tous ses secrets et dont le jeune Moth va explorer des recoins ignorés. En dépit d’une certaine lenteur dans la mise en place des éléments présentés, le charme presque enchanteur de ce récit s’affirme de façon de plus en plus évidente au fil des pages.
Au point de nous faire cruellement languir de sa suite sitôt le volume refermé.
(par Aurélien Pigeat)
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