Comme nous vous le disions dans notre présentation de la série Le Marquis lors de la sortie du premier tome, celle-ci est une belle et noire peinture d’une société où la foi tient le peuple, où la torture est le moyen unique d’extirper la vérité, et où un homme de noir vêtu pourchasse des démons occupant le corps des habitants de la ville. Mais les choses sont loin d’être aussi simples...
Plusieurs personnages sont intelligemment ambigus : en dehors de Vol de Galle lui-même, chasseur de démons à la foi vacillante face à l’intransigeance du Ministère (l’Église de ce monde), on peut remarquer que Herzoge - le général chargé d’arrêter celui que le Ministère, incapable de faire la différence entre le Marquis et ses proies, considère comme un démon - s’approche dangereusement (pour lui) d’une conception du crime débarrassée des idées de péché et de damnation. Ces évolutions des personnages donnent toute sa saveur à la série, qui ne serait sans elles qu’une énième variation sur les relations entre hommes et démons.
Intermezzo est en fait l’occasion pour l’auteur de présenter des démons qui différent de ceux rencontrés dans le premier volume. Dans La Courtisane infernale, un démon s’en prend aux siens, et ses raisons montreront qu’il y a bien des degrés dans l’horreur et que même en Enfer, certains êtres de la Géhenne peuvent apporter un certain réconfort. Les Péchés d’un seul est une histoire bien différente, où le Marquis est confronté à un démon qui peut changer de corps-hôte, au prix du suicide de l’humain possédé.
Dans ces deux histoires, Davis fait preuve d’une imagination visuelle assez terrifiante, en particulier pour la Courtisane, mélange entre une créature tentaculaire calmaresque et des parties dépareillées de corps humain. Le très intéressant carnet de croquis inclus à la fin de l’album permet d’ailleurs de découvrir quelques-unes de ses recherches graphiques.
On le voit, avec Le Marquis, Davis a trouvé le véhicule parfait pour développer à la fois un univers graphique singulier et marquant, et des histoires bien moins manichéennes qu’il n’y paraît au premier abord. Espérons qu’il trouvera rapidement le temps de travailler sur le troisième tome de la série, qui n’est pas encore paru aux États-Unis.
(par François Peneaud)
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Grâce à Pierre Guiol, grand fan français de Davis, nous vous proposons une autre fournée de travaux de commandes de l’auteur, qui montrent sa versatilité et son talent : un Alien, Swamp Thing, Tetsuo (Akira), une illustration pour un jeu de rôle et enfin un Wolverine/Serval particulièrement gratiné.