Simon Hureau aime les jeux de piste, les personnages décalés et fonceurs, prêts à beaucoup d’efforts pour atteindre un but. Surtout quand il peut faire le grand écart entre la réalité d’aujourd’hui et la dureté d’un passé récent, avec un solide fond historique.
Choisissant de mettre en avant le collectionneur Limul Goma (qui a droit à un surtitre labellisant une collection), l’auteur prend prétexte de plonger d’abord dans le monde des enchères pour remonter le fil.
Ces collectionneurs qui s’empoignent autour d’une simple paire de cornes de kouprey, d’où viennent-il ? Pourquoi ce trophée possède-t-il tant de valeur ? En rencontrant le vainqueur, le fameux Goma, Simon (tiens, tiens...) joue les candides pour le lecteur. En un long récit fougueux, le sémillant barbu nous emmène au Cambodge, en 1963. Quelques années avant la guerre civile, puis le règne éphémère et sanglant des Khmers rouges. Des millions de morts. Quel rapport avec la valeur du trophée de chasse ? Patience, laissez le fantasque Limul Goma raconter...
Avec ses faux-départs, ses récits-gigognes et son sympathique alter-ego, Simon Hureau choisit la tangente pour reparler du Cambodge, pays évoqué dans des œuvres précédentes : Palaces et Bureau des prolongations. Son attrait pour la région, ses peuples et ses paysages se ressent au cœur du récit, lorsque l’on comprend vers quel personnage abominable nous mène ces ruineuses cornes.
Le trait toujours arrondi, avec ses cases serrées et ses textes qui se bousculent presque dans les cases, Hureau parvient toujours à donner dynamisme et chaleur à ses témoins, qui chacun à tour de rôle dévoile la passion d’une vie, et la force des idéaux.
(par David TAUGIS)
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