L’histoire du « Monsieur aux Couleurs » débute à la fin de l’été 1993. Trois gamins, Luca, Gianni et Paolo flânent avant la rentrée des classes. lls sont entre deux âges : un pied dans l’enfance, l’autre sur le chemin de l’adolescence. Ils sont plein de candeur, mais se piquent parfois de jouer les cadors. Et puis, surtout, leurs hormones commencent à être en ébullition. Les filles, ils n’en connaissent que des légendes urbaines. Alors, ils se reconstruisent leur vérité et furètent pour découvrir l’autre sexe. Dans leurs pérégrinations, ils tombent sur un magazine porno qui éveille leurs fantasmes. Pendant que les plus âgés draguent les filles mine de rien,le plus jeune des trois, le plus candide aussi, se lie d’amitié avec un libraire particulièrement attentionné. Une amitié sur le fil...
Avec « Le Monsieur aux Couleurs », Roberto La Forgia traite comme beaucoup des jeunes auteurs italiens de sa génération d’un certain désœuvrement qui touche le Sud de l’Italie. Mais plus que cette langueur, La Forgia s’arrête sur un sujet extrêmement sensible : celui d’une amitié entre un adulte et un enfant qui va déraper.
Sans rien montrer, sans rien faire de plus que de jouer sur l’ellipse, l’auteur crée un climat tendu, paradoxalement soutenu par son dessin synthétique en bichromie tout à fait bonhomme. Au moment-clé de son histoire, La Forgia utilise sur la couleur et le non-dit avec finesse pour renforcer ce climax dramaturgique. La bande dessinée est l’art de l’ellipse, voici un jeune auteur qui l’a très bien compris.
(par Morgan Di Salvia)
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